En janvier 2020, lorsque j’ai appris que je récidivais de mon cancer du sein, et qu’il était devenu métastatique, je suis partie à Biarritz, histoire de souffler le temps d’un weekend avant de retourner au combat. Sur la plage, j’ai pris une poignée de sable, je me souviens qu’il était un peu dur, et froid, mais je l’ai serrée très fort. Le même geste qu’a Scarlett O’Hara dans le film lorsque, en pleine de guerre de Sécession, elle retourne chez elle.
J’ai un rapport très affectif à ce classique en technicolor. Je l’ai regardé je ne sais combien de fois à Noël avec ma mère. Et j’ai toujours adoré cette scène où Scarlett retrouve sa terre, sa maison familiale qu’elle trouve pillée, dévastée. Petit bout de femme exténuée, en haillons, elle a alors tout perdu. Son dénuement, je le ressens si fort, je l’ai connu moi aussi dans mon corps au moment de la chimiothérapie.
« Quand je me réveille assaillie par mes peurs, je pense à la phrase fétiche de Scarlett : “j’y réfléchirai demain”. »
Malgré tout, Scarlett est là, debout, déterminée, irrésolue sous un ciel crépusculaire. Le monde s’écroule autour d’elle mais pas elle.
Elle, elle a décidé de survivre. Moi aussi.
J’ai 48 ans, je suis maintenant sous thérapie ciblée et sous hormonothérapie. Pour l’instant ça va, le traitement marche, et moi aussi j’avance, mais je sais qu’un jour il n’y aura plus de solution. Je vais mourir plus jeune que ce que j’avais pu espérer. Je l’accepte mais je veux durer, je dois durer. Le plus longtemps possible. Il y a des matins difficiles où je me réveille assaillie par mes peurs, je pense alors à Scarlett et à sa phrase fétiche qu’elle prononce chaque fois qu’un événement la désarme et qui résonne en moi comme un espoir : « j’y réfléchirai demain ».
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet