Je suis fan de cinéma américain en général, et de la série des Alien en particulier. Dans cette saga, le héros qui sauve le monde, est une héroïne. Quand le premier volet est sorti en 1979, c’était un pari audacieux !
Dans le débardeur du lieutenant Ellen Ripley, j’ai toujours trouvé Sigourney Weaver super belle et féminine. Et encore plus dans Alien 3, où elle apparait le crâne rasé. J’ai repensé à elle en 2014 quand la chimio a commencé à faire tomber mes cheveux. Mon oncologue avait beau me dire que ce n’était pas grave, que ça repoussait, j’ai très mal vécu ce moment. C’est peut-être celui que j’avais le plus redouté et il est arrivé très vite : dix jours après ma toute première cure, mes premiers cheveux m’abandonnaient déjà. Et chaque jour, c’était pire ! Et subitement, une connexion s’est faite dans ma tête : je me suis rappelée Ripley dans Alien 3 qui se rase le crâne pour mieux affronter « la bête ». Pour être franche, j’avais souvent rêvé de le faire plus jeune. Il a fallu que j’aie 38 ans, et cet intrus dans mon sein, pour oser !
En rentrant de chez le coiffeur, j’ai quand même eu du mal à me voir avec la boule à zéro.
Pour dédramatiser la situation, mon conjoint de l’époque, m’a proposé de me projeter dans la peau de Ripley. Amateur de photos, il a eu l’idée de recréer certains plans mythiques du film. Et nous voilà devant la télé à dérouler séquence par séquence le DVD, puis à chercher dans nos armoires des accessoires se rapprochant de ce que Ripley porte : un débardeur, un blouson. Le grenier a servi de premier décor puis la salle de bain. On a fait chauffer de l’eau pour que le miroir soit couvert de buée comme dans une scène culte du film où Ripley fait face à son reflet et, au-delà, à une effrayante situation qu’elle ne peut pas fuir. Je trouve le résultat assez impressionnant.
« Je me suis projetée dans la scène où Ripley se rase la tête pour mieux affronter “la bête” »
Sur les images, je porte des plaques militaires. En réalité, c’est un bijou que mon conjoint m’avait offert après le diagnostic de mon adénocarcinome canalaire infiltrant de grade 1. Y sont gravées deux dates : celle de ma naissance et celle du 25 mars 2014, date de l’annonce de ma maladie. Je considère qu’elle est aussi celle de ma renaissance, car comme le disait Confucius : « On a deux vies, la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une ».
Le mode « guerrière » venait d’être enclenché, et je partais au combat contre une créature qui n’était pas la bienvenue !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet