Ce film je l’ai vu, revu, et surtout pendant ma chimio. Voir cet homme perdu à des années lumières de la Terre, et qui arrive à revenir alors que cela semblait impossible, me donnait à chaque fois la force de ne pas baisser les bras. Pendant mes traitements, j’ai décidé de continuer mon travail de secouriste, c’était mon fil rouge, ma ligne de vie, alors que, en parallèle, je me sentais en orbite, très loin, et seule. Toute seule. Non pas parce que je n’ai pas de famille ou des amis, mais personne ne peut lutter à votre place quand vous êtes malade.
Et puis ce cancer, je l’ai vécu dans la colère et dans la haine. Il y a eu une erreur de diagnostic au départ qui a compliqué les choses quand on s’est finalement rendu compte que j’avais cinq tumeurs et que mes deux seins étaient touchés. J’ai assimilé cette planète Mars, si hostile, à mon cancer. Et je me suis retrouvée dans le personnage de Matt Damon qui ne contrôle plus rien. Comme lui, je n’avais plus qu’une idée : survivre. C’est tout le sujet du film.
« Une parcelle de moi, une ch’ti de Masny, France, est restée sur Mars »
J’ai été tellement choquée et fascinée par cette histoire que lorsque j’ai appris qu’on pouvait candidater pour avoir son nom gravé sur une plaque qui serait envoyée sur Mars, j’ai postulé. J’ai rempli le formulaire sur le site de la NASA et quelques mois après j’ai reçu ma carte d’embarquement ! Moi qui ai peur en avion ! Mais ça me semblait tellement logique de faire cette démarche ! Le 30 juillet 2020, à 13h50 (heure de Paris), une partie de moi, en l’occurrence mon prénom, nom, date de naissance et mon pays d’origine, a décollé de Cap Canaveral en Floride. Aujourd’hui, une parcelle de Corinne, 59 ans, ch’ti de Masny, France, est restée sur Mars, à bord du rover Perseverance. La boucle est bouclée.
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet