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Virgilia Hess : « Pendant la chimio, mon bébé et moi formions un duo »

{{ config.mag.article.published }} 26 avril 2023

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Photo Sandy @110grams

La jeune maman revient pour nous sur sa grossesse chamboulée par le cancer. Un heureux événement qui s'est teinté de sentiments contradictoires, entre angoisse et courage.

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Virgilia Hess est une femme occupée. Elle doit prendre soin de sa petite Léna-Rose, 1 mois et demi. Et de sa santé, aussi. La présentatrice météo de BFMTV a été diagnostiquée d’un cancer du sein à son 5ème mois de grossesse. Un événement rare, qui ne se produit que dans un cas sur 1000. La jeune femme de 33 ans a tout de même pris le temps de nous accorder un entretien, entre 2 chimiothérapies et 2 biberons.

La première question que j’ai envie de vous poser c’est : comment va la jeune maman ?

Virgilia Hess : Je suis fatiguée mais ça va bien. Il y a quelques jours j’ai fait une mammographie de contrôle. C’était une première pour moi. Le jour de l’examen, j’étais tellement stressée que j’ai fait un malaise vagal. Depuis, j’étais en apnée, j’attendais que le couperet tombe. Je m’étais préparée à l’éventualité que la chimiothérapie ne fonctionne pas. Finalement les résultats sont rassurants : la tumeur est coriace, elle est toujours là, mais elle a bien diminué.

On a détecté votre tumeur alors que vous étiez enceinte de 5 mois et demi. Avez-vous eu peur de devoir renoncer à cette grossesse ?

Non parce que les médecins m’ont tout de suite rassurée. On m’a expliqué que, comme j’en étais au 2ème trimestre, je pourrai être traitée tout en allant au terme de la grossesse. Je ne sais pas comment je l’aurais vécu si on m’avait diagnostiquée plus tôt et que j’avais eu à faire un choix. Peut-être aurais-je refusé la chimiothérapie pour garder mon bébé. Mais c’est difficile de vraiment savoir comment j’aurais réagi. J’ai un cancer de grade 3, qui se propage très vite. Peut-être que je n’aurais pas eu le choix. Je n’ose pas l’imaginer…

Vous avez reçu 2 cures de chimiothérapie en étant enceinte. Vous avez eu peur pour votre bébé ?

Oui. Même si les médecins m’ont dit que la chimiothérapie n’aurait pas d’impact sur elle, une partie de moi avait du mal à le concevoir. Après tout, on nous dit en permanence de ne pas fumer, de faire attention à ce qu’on mange,… Comment un traitement qui avait sur moi de tels effets secondaires alors que je pesais 69 kg pouvait être inoffensif pour mon bébé qui n’en faisait que 2 ?

Mais j’ai fait confiance aux médecins. Ça aurait été bête de jouer la tête brulée, de prendre le risque que mon cancer s’aggrave et qu’on doive dire un jour à ma fille : « Ta maman n’est plus là parce qu’elle n’a pas écouté les médecins ».

Entre les examens, l’attente des résultats, les traitements, vous n’avez pas pu vivre votre grossesse sereinement. Avez-vous culpabilisé vis-à-vis de votre enfant à venir ?

Même avant d’être diagnostiquée, quand je m’énervais en voiture par exemple, on me faisait culpabiliser : « T’énerve pas, ça va faire un bébé stressé ! ». On vous dit de rester zen pendant la grossesse, que les fétus sont des éponges émotionnelles, qu’il faut les préserver. Là, ce n’était pas possible.

En plus du stress, je suis passée par des sentiments de tristesse, de colère, d’incompréhension, d’injustice… J’essayais de me changer les idées, je suis partie en bord de mer, prendre l’air marin, faire des balades… Mais c’est compliqué de penser à autre chose. Du coup, je me suis dit : « Ah bah, super, qu’est-ce que ça va donner ! »

« La maladie aurait pu prendre le pas sur ma grossesse. »

Et finalement, comment va Léna-Rose ?

Elle va très bien. Ce n’est pas du tout un bébé stressé, elle est très tranquille. Elle ne pleure que lorsqu’elle veut qu’on lui change sa couche, quand elle a faim ou qu’elle veut un câlin ! Elle est vraiment mignonne.

Ça confirme ce que m’avait dit une femme qui avait également était diagnostiquée d’un cancer du sein pendant sa grossesse et que j’ai rencontrée via les réseaux sociaux : Justine. Elle m’avait beaucoup rassurée pendant ma grossesse par rapport à ça. À elle aussi on avait fait les mêmes réflexions : « Calme toi, ton bébé va tout ressentir ». Je pense qu’en fait c’est pire de retenir ses émotions. Moi, je ne l’ai pas fait et il n’y a aucun soucis avec Léna-Rose.

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Photo : Corinne Mariaud

LIRE AUSSI : Retrouvez le témoignage de Justine et d’autres femmes qui ont mené une grossesse tout en luttant contre un cancer dans notre série « Maman miracle« .

 

Sur Instagram, vous avez évoqué le contraste entre cette grossesse, synonyme de vie et ce cancer, qu’on associe souvent à la mort. Comment avez-vous vécu cette ambivalence de sentiments ?

C’était un peu la pagaille dans ma tête. J’enchainais les rendez-vous médicaux. Quand je voyais mes amis ou ma famille, on ne me parlait que du cancer. La maladie aurait pu prendre le pas sur ma grossesse. Alors j’ai toujours essayé de faire en sorte de ne pas oublié que j’avais un bébé dans le ventre. J’ai décoré sa chambre, j’ai acheté le nécessaire pour son arrivée. Et puis on avait des petits rituels avec mon conjoint : l’huile sur le ventre le soir, écouter les petits coups qu’elle donnait…

« C’est fou cette connexion qu’il y a entre une mère et son bébé. »

Est-ce que vous lui parliez quand elle était dans votre ventre ?

Beaucoup. Je la prévenais à chaque fois que je devais passer un examen ou que j’avais une chimio. Encore maintenant, quand je dois m’absenter, je lui explique tout : « Tu sais maman est malade, elle doit aller se faire se soigner. Aujourd’hui, elle ne sera pas là pour toi, tu vas rester avec papa ou mamie, mais c’est pour aller mieux et pouvoir m’occuper de toi. Je te retrouve tout à l’heure. » En revanche, je n’ai pas encore prononcé le mot cancer.

Vous avez l’impression qu’elle comprend  ?

Oui, j’en suis sure. J’ai d’ailleurs 2 exemples en tête.

Le premier c’était quand j’ai dû passer un PET-Scan. Ça faisait à peine 10 jours que j’avais eu le diagnostic, j’étais dans la machine et je me suis dit : « Mais qu’est-ce que je fous là ! ». Et à ce moment là, elle m’a donné des petits coups dans le ventre. L’air de dire « T’es pas toute seule ».

Virgilia Hess a été diagnostiquée d'un cancer du sein alors qu'elle était enceinte

Le second est lié à sa naissance. Léna-Rose devait normalement naître autour du 6 avril mais on avait programmé le déclenchement au 13 mars, une semaine avant ma 3ème chimio, pour me laisser le temps de reprendre des forces. J’arrêtais pas de dire à mon conjoint que ça m’énervait, qu’on allait la déloger alors qu’elle n’avait rien demandé à personne, qu’elle n’allait pas pouvoir choisir sa date de naissance. Je me disais aussi que ce serait génial si elle décidait de naitre le dimanche 12 mars, la veille du déclenchement. Finalement, elle m’a écoutée :  j’ai perdu les eaux le dimanche… mais le 5 mars, une semaine avant !

C’est fou cette connexion qu’il y a entre une mère et son bébé. Je suis persuadée que ce n’est pas un hasard : elle savait que c’était le meilleur jour pour elle et moi.

Vous étiez soulagée de continuer vos traitements sans Léna-Rose dans votre ventre ?

Oui et non. Quand je suis allée faire ma 3ème chimio, elle avait seulement 2 semaines. C’était la première fois que je la laissais. J’aurais préféré que ce soit pour aller me faire un petit resto avec mon conjoint (rires) ! Et même si j’étais contente d’y aller sans elle, ça m’a fait bizarre. On formait un duo. On se battait ensemble.

Mais c’est toujours une grande force de l’avoir à mes côtés. Un bébé, c’est l’innocence, c’est la vie. Ça porte, ça ne laisse pas le temps de ruminer.

À cause de la chimiothérapie, vous ne pouvez pas l’allaiter. Est-ce que ça a été difficile à accepter ?

Ça a été un deuil à faire. Un coup dur de plus à encaisser. Mais je me dis que peut-être je n’aurais pas eu assez de lait, ou que ça m’aurait fait trop mal. D’ailleurs, dans ma liste de naissance, j’avais mis des biberons. Au cas où. Je n’avais juste pas prévu l’hypothèse chimio.

Ce qui a été difficile aussi c’est de déléguer : quand je dois passer des examens, suivre mes traitements ou simplement parce que je suis fatiguée. Au papa, c’est naturel. J’ai un plus de mal quand je dois faire appel à ma mère. Je sais que j’ai de la chance de pouvoir compter sur elle mais j’aurais aimé qu’au début au moins, on ne soit que tous les 3 dans notre bulle.

Vous faites de la prévention sur les réseaux sociaux. Vous pensez déjà au moment où vous allez en parler à votre fille ?

Oui j’y pense déjà parce que j’ai dû passer un test génétique pour vérifier si j’étais porteuse d’un gène de prédisposition. J’appréhende un peu les résultats mais je me dis que, si comme moi elle a un jour un cancer, la médecine aura encore progressé. Il faut que je reste sereine. Je sais que je ferai de toute façon attention à ce qu’elle soit bien suivie. Je sais maintenant l’importance qu’il y a à se faire dépister tôt.

Quelle est la suite pour vous ?

Il me reste encore 4 séances de chimiothérapie. Ensuite, je devrai subir une tumorectomie et de la radiothérapie. Et puis, ce sera l’hormonothérapie pour 5 ans. Sauf si je prévois une autre grossesse. Dans ce cas, je pourrai la suspendre au bout de 2 ans. Mais si ça me fait courir le risque d’une récidive, je pense que je ne le ferai pas. (Pleurs de bébé). Je vous laisse il faut que j’aille la prendre dans mes bras…

Propos recueillis par Emilie Groyer
Photo Sandy @110grams


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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