Depuis quelques années, les vernis semi-permanents ont le vent en poupe. Plus résistants que les vernis classiques, les semi-permanents nécessitent de placer ses mains sous des lampes à ultra-violets (UV) pour qu’ils durcissent. Cette exposition est-elle sans danger ? C’est ce qu’ont voulu vérifier des chercheurs de San Diego (États-Unis) dont l’étude vient d’être publiée dans la prestigieuse revue Nature. Le Pr Caroline Robert, chef du service de dermatologie à Gustave Roussy, a accepté de la commenter pour nous.
Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi consistait cette étude et ce qu’elle a montré ?
Pr Caroline Robert : Il s’agit d’une étude in vitro menée sur des cultures cellulaires de fibroblastes et de kératinocytes, des cellules qui s’approchent de celles de la peau et de la matrice des ongles. Elles ont été soumises à un rayonnement UVA, qui correspond au type d’UV émis par les lampes utilisées pour les vernis semi-permanents. L’exposition durait 20 minutes soit de manière ponctuelle, deux fois le même jour, soit de façon répétée, une fois par jour pendant trois jours.
Les chercheurs ont ainsi montré que ces UV provoquent la production d’espèces réactives de l’oxygène responsables de mutations sur l’ADN. Cette mutagenèse est dose-dépendante c’est-à-dire, que plus l’exposition est longue, plus il y a de mutations. Par ailleurs, les mutations observées correspondaient à celles retrouvées dans les mélanomes.
En d’autres termes, l’exposition répétée à ces lampes à UV peut provoquer des cancers au niveau des mains ?
Il est difficile d’extrapoler ces résultats à l’Homme car cette étude a été réalisée sur des cellules en laboratoire. Mais on sait que les UVA sont capables de pénétrer profondément dans le derme et ils ont déjà été incriminés dans les cancers provoqués par les cabines de bronzage. On a donc un faisceau d’éléments pour penser qu’il existe effectivement un lien entre ces lampes et des cancers de la peau au niveau des mains.
Mais contrairement aux cabines de bronzage où on avait observé une épidémie de petits mélanomes, l’étude publiée dans Nature ne fait référence qu’à deux cas de cancers au niveau de la main chez des femmes qui utilisaient des lampes à UV pour sécher leur vernis. On n’est donc pas encore en mesure d’évaluer le niveau de risque.
Que conseillez-vous aux femmes qui utilisent du vernis semi-permanent ?
Déjà, que les ongles naturels, ce n’est pas mal non plus (rires) ! J’en profite également pour rappeler que les manucures sont traumatisantes pour les ongles car on va repousser les cuticules. Or, ces petites peaux sont une protection naturelle contre les infections. Si toutefois, vous voulez continuer à utiliser du vernis semi-permanent, je peux conseiller d’appliquer une crème solaire anti-UVA pour limiter les risques.
Propos recueillis par Emilie Groyer