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Non, les vaccins à ARNm ne sont pas une nouveauté

{{ config.mag.article.published }} 16 janvier 2021

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Parce qu'on les pense sortis des laboratoires depuis seulement quelques mois, les vaccins à ARNm font peur. Ils sont pourtant étudiés depuis 20 ans et notamment en cancérologie.

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Avec l’arrivée des vaccins contre le Covid, un mot de 4 lettres est sur toutes les lèvres : ARNm. Cet acronyme de « acide ribonucléique messager » véhicule beaucoup d’espoir… mais aussi beaucoup de craintes. La nouveauté des vaccins qui reposent sur cette petite molécule fait peur. Ils sont pourtant loin d’être des inconnus. Notamment dans le domaine de l’oncologie.

C’est quoi l’ARNm ?

Pour bien comprendre, commençons par le commencement. L’ARNm est une molécule naturellement présente dans notre corps. En fait, le cytoplasme, le « liquide » dans lequel baigne le contenu de nos cellules, en est bourré.

A quoi sert-il ? Comme son nom l’indique, il sert de messager. L’ADN est un bien précieux : il renferme notre patrimoine génétique, le code pour produire les protéines qui constituent notre organisme. Il doit donc être protégé. C’est pour cette raison qu’il est enfermé dans le noyau de nos cellules. Or, « l’usine » de production des protéines se situent en dehors du noyau, dans le cytoplasme. Comment nos cellules peuvent produire des protéines alors que leur plan d’assemblage se trouve isolé dans son noyau ? Grâce à l’ARNm qui va jouer les intermédiaires.

Concrètement, l’ADN va être « transcrit » en ARNm dans le noyau. L’ARNm va ensuite en sortir pour rejoindre le cytoplasme. Il va alors être pris en charge par une machinerie qui va le « traduire » en protéine. Une fois qu’il a assuré son rôle de messager, l’ARNm est détruit.

EN IMAGE : Le Pr Lelièvre, médecin immunologiste au CHU Henri Mondor, a répondu à vos questions sur la vaccination des malades de cancer. Retrouvez son intervention sur notre chaîne YouTube :

 Une histoire qui débute il y a 20 ans

L’ARNm a éveillé l’intérêt des chercheurs spécialistes des maladies infectieuses dans les années 90. Jusqu’alors les vaccins consistaient à injecter dans l’organisme des protéines issues d’un virus pour provoquer une réaction immunitaire contre elles. Mais les protéines sont compliquées à produire. Contrairement à l’ARNm qui n’est qu’une succession de 4 petites molécules, les nucléotides, facilement synthétisable en laboratoire.

Pourquoi ne pas laisser nos cellules produire elles-mêmes ces protéines virales en leur fournissant simplement le plan de montage : l’ARNm ? L’approche était séduisante. Aucun vaccin à ARNm n’est toutefois arrivé jusqu’à l’étape de mise sur le marché : les épidémies contre lesquelles ces vaccins avaient jusqu’alors été testés s’étant arrêtées d’elles-même. Contrairement à la pandémie de Covid.

Des vaccins à ARNm contre le cancer

Mais les vaccins à ARNm n’ont pas uniquement suscité l’intérêt des infectiologues. Ils ont également inspiré les oncologues. Cette fois, non pas pour dans un but préventif, mais thérapeutique. On le sait, le cancer se développe car notre système immunitaire n’est pas capable de s’attaquer efficacement aux tumeurs. L’idée des chercheurs était donc de dresser nos défenses immunitaires, grâce à ces vaccins, contre des protéines exprimées spécifiquement par les tumeurs.

Si la vaccinothérapie – c’est ainsi qu’on nomme cette approche – n’a pas encore fait ses preuves en cancérologie, elle a toutefois montré son innocuité chez les malades de cancer. Elle pourrait même profiter de l’essor des vaccins anti-Covid et du développement des immunothérapies pour revenir sur le devant de la scène (à lire dans notre article : « La vaccinothérapie, késako ?« ).

La fake news d’une thérapie génique « cachée »

Malgré tout, la nouveauté – toute relative – de ces vaccins à ARNm fait peur. Et les fake news pullulent. Certains prétendent qu’il s’agirait en fait de thérapie génique déguisée. Si cette « information » est tenace, elle est totalement fausse.

Rappelons que la thérapie génique consiste à réparer un gène défectueux en le remplaçant par un gène fonctionnel. Cette réparation se fait donc au niveau de notre ADN. Or, comme nous l’avons rappelé, l’ARNm ne va que dans un sens : du noyau au cytoplasme. Il ne peut donc pas intégrer le noyau.

Mais imaginons que l’ARNm parvienne à pénétrer le coffre fort qu’est le noyau. Il faudrait encore qu’il s’intercale à l’ADN. Chose qu’il ne peut pas faire seul. Les 2 molécules, même si elles sont proches, n’ont pas la même structure : l’ADN est une double hélice, alors que l’ARN est un simple brin. Cela nécessiterait l’intervention d’une enzyme très particulière : la transcriptase inverse, qui n’est ni présente dans nos cellules, ni présente dans le vaccin. On la retrouve uniquement chez certaines familles de virus, appelés rétrovirus, comme le VIH.

Et quand bien même cet événement fortement improbable se produisait, cette intégration aurait lieu à l’échelle d’une seule cellule (il est en effet quasiment impossible que cet enchainement d’étapes plus incertaines les unes que les autres se produise dans l’ensemble des cellules de l’organisme). Elle n’entrainerait donc pas de changements majeurs et ne serait pas transmissible à notre descendance.

Bref, tout ceci est de l’ordre du fantasme.

LIRE AUSSI : Retrouvez tous nos articles sur la vaccination, l’impact de la pandémie sur les malades de cancer, les risques face au Covid-19, les pertes de chance… dans notre dossier complet Cancer et coronavirus.

Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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