La vaccination anti-Covid pourrait être moins efficace chez les personnes immunodéprimées, c’est-à-dire dont les défenses immunitaires sont amoindries. C’est notamment le cas de certains malades de cancer dont les traitements détruisent les globules blancs. Pour protéger indirectement ces personnes vulnérables face au Covid-19, le gouvernement a opté pour le principe du cocooning : vacciner leurs proches pour éviter qu’ils ne leur transmettent le virus.
Un effet des vaccins sur la transmission du virus
Cet élargissement de la vaccination est justifiée par des études récentes montrant que la vaccination ne procurerait pas seulement une protection aux personnes vaccinées, mais éviterait également qu’elles ne transmettent le virus aux personnes qui les entourent.
Selon la Haute Autorité de Santé, dans des recommandations publiées le 30 avril 2021, « des premières données très encourageantes suggèrent, pour certains vaccins, un effet sur la réduction du risque d’infection symptomatique ou asymptomatique et donc un effet sur la transmission du SARS-CoV-1 chez les personnes vaccinées« .
« Pour certains vaccins« . Car le niveau d’efficacité varie d’un vaccin à l’autre. Alors que les vaccins à ARNm de Pfizer/BioNTech et de Moderna ont une efficacité « de l’ordre de 80 à 90% sur les formes asymptomatiques à SARS-CoV-2 chez les personnes plutôt jeunes et sans comorbidités », le vaccin de Janssen « aurait une efficacité (…) de l’ordre de 70% » précise le rapport. Quant au vaccin Astrazeneca, « les données sont plus difficiles à interpréter » concède la HAS.
Toutefois, selon une étude en vie réelle menée en Ecosse sur les professionnels de santé vaccinés, « l’utilisation des vaccins Pfizer/BioNTech et Astrazeneca semble être associée à un réduction des infections dans l’entourage des soignants vaccinés d’environ 50 % » peut-on lire dans l’argumentaire de la HAS.
Vacciner en priorité l’entourage et les aidants de personnes immunodéprimées
À compter du 26 avril 2021, l’entourage de personnes immunodéprimées pourra donc se faire vacciner, à savoir :
- les personnes vivant sous le même toit qu’une personne immunodéprimée ;
- les personnes contribuant à sa prise en charge (personnels de santé, aides à domicile, auxiliaires de vie, …) ;
- les personnes susceptibles d’en assurer la garde (assistante maternelle, famille, garde-malade, …).
Concernant les proches de moins de 16 ans (fratrie, enfant), la HAS précise qu’il faudra attendre que les autorisations de mise sur le marché permettent la vaccination de ce public jeune. Pour le moment, les vaccins anti-Covid n’ont en effet pas été testés chez les moins de 16 ans.
Quant au choix du vaccin, la HAS recommande les vaccins à ARNm (Pfizer/BIONTech ou Moderna) ou Janssen puisque leur impact sur la transmission du virus semble plus important (voir plus haut).
Une vaccination réservée aux proches de personnes « sévèrement immunodéprimées »
Mais qu’entend-on au juste par « personne immunodéprimée » ? Selon la HAS, il s’agit de personnes :
- transplantées d’organes solides ou de cellules souches hématopoïétiques ;
- sous chimiothérapie lymphopéniante [toutes les chimiothérapies n’entrainent en effet pas de chute des défenses immunitaires, NDLR] ;
- recevant un traitement par anti-CD20 [rituximab, NDLR] ;
- dialysées chroniques.
Cette liste n’est toutefois pas exhaustive. Les autorisations seront dispensées au cas par cas. Les personnes ne relevant pas de cette liste pourront donc également être concernées si un médecin considère qu’elles sont à risque.
Une déclaration sur l’honneur suffit
En pratique, nul besoin de justificatif pour prétendre à la vaccination : une simple déclaration sur l’honneur suffira. « Rien n’empêche un médecin, par exemple si une consultation pré-vaccinale est nécessaire, de demander une preuve en cas de doute, sans que la démarche ne soit systématique, précise toutefois la DGS. De même, pour simplifier et fluidifier le parcours du patient, il est préférable de se munir d’un justificatif (ordonnance, prescription, etc.) lorsque le patient peut s’en procurer un facilement mais cela n’est pas une obligation. »
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Emilie Groyer