On regrette souvent l’inertie des autorités de santé à prendre des décisions qui pourraient améliorer la santé des patients. Cette fois, peut-être auraient-elles mieux fait d’attendre un peu avant de rendre leurs conclusions… Lundi, la HAS rendait son rapport sur les signatures génomiques et concluait qu’aucune des 4 signatures génomiques disponibles ne permettait d’aider les oncologues à décider si une chimiothérapie adjuvante serait bénéfique ou non à des patientes avec un cancer du sein de stade précoce. L’un des arguments avancés par les experts du rapport était que « dans le contexte français », les signatures génomiques n’avaient aucune valeur ajoutée par rapport aux critères clinico-pathologiques (âge de la patiente, taille et agressivité de la tumeur…) utilisés traditionnellement pour prendre ce type de décision.
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Aujourd’hui, les résultats de PONDx contredisent cet argument. Cette étude a analysé les données de 882 patientes avec un cancer du sein précoce, prises en charge dans 53 centres français entre octobre 2015 et juillet 2016, en condition de « vie réelle ». Les décisions d’avoir recours à une chimiothérapie adjuvante basées uniquement sur les critères clinico-pathologiques ont été comparées à celle prise en tenant compte des résultats du test OncotypeDX.
Une réduction de 36 % des prescriptions de chimiothérapies adjuvantes
« Les résultats montrent que 61% de ces patientes auxquelles une chimiothérapie avait été recommandée avant la réalisation du test ont pu éviter ce traitement grâce au résultat du test Oncotype DX®, de même que 13% d’entre elles qui avaient une indication initiale d’hormonothérapie seule ont nécessité l’ajout d’une chimiothérapie suite au test » explique Genomics Health, premier fournisseur mondial de tests de diagnostic basés sur la génomique et commanditaire de l’étude, dans son communiqué. En d’autre terme, le recours à la signature génomique OncotypeDX réduit de 36 % les prescriptions de chimiothérapie.
Contrairement à ce qu’avançait la HAS dans son rapport, la signature génomique OncotypeDX a donc bien une utilité clinique « dans le contexte français » puisqu’elle conduit à une modification de la décision thérapeutique.
Par ailleurs, on peut noter que le test Oncotype DX réduit de 29 % la prescription de chimiothérapie chez les femmes atteintes d’un cancer de grade 3 : une population que la HAS avait écarté d’emblée de son rapport, considérant que pour ces femmes, le bénéfice de la chimiothérapie ne faisait aucun doute.
Emilie Groyer