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« Trois tintements de cloche pour sonner la fin de mes traitements »

{{ config.mag.article.published }} 15 juillet 2020

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Edith a 71 ans quand on lui détecte un cancer du sein. Après 2 opérations et de la radiothérapie, elle s'inspire d'une tradition de marins pour marquer la fin de ses traitements : faire tinter 3 fois une cloche. Elle nous raconte.

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« Que la cloche sonne, que trois fois résonne le tintement doux et léger de mon traitement terminé. Cette course prend fin ; je poursuis mon chemin. » Cette tradition de sonner une cloche en fin de traitement du cancer a débuté en 1996 au Texas. Le contre-amiral Irve Le Moyne, atteint d’un cancer a célébré la fin de son traitement en s’appuyant sur les traditions marines. Un son pour symboliser la restauration de l’harmonie, un autre pour l’énergie interne et un dernier pour l’équilibre. Un geste rempli de compassion et d’espoir pour montrer qu’on a franchi une étape importante de sa vie.

Ce rituel a marqué la fin des traitements pour mon cancer du sein. Diagnostiqué 5 mois plus tôt.

J’ai un cancer… Le formuler, le répéter, c’est le faire exister

Juin 2019. Pour ne pas oublier et pour « m’en débarrasser » avant de partir à Pessac garder mes petits-fils, c’est sans appréhension, en routine, que je me rends au centre d’imagerie médicale pour la mammographie dépistage systématique du cancer du sein. Surprise : la manipulatrice m’annonce que le radiologue désire me voir. « La calcification d’il y a 2 ans a augmenté. Il serait prudent de pratiquer une biopsie. Dans la plupart des cas c’est bénin, mais ce serait dommage de passer à côté. S’il était nécessaire d’intervenir, il est préférable d’aller au plus vite, pour éviter l’ablation du sein. »

Je suis bien étonnée : j’ai 71 ans, il n’y a pas d’antécédents familiaux et je me sens en pleine forme. Rendez-vous pour la biopsie début juillet. Pas douloureux, plutôt désagréable. « Votre sein va passer par plusieurs couleurs comme tout hématome. Résultats par votre médecin dans une dizaine de jours. » Le personnel, les intervenants sont très attentionnés. C’est sécurisant.

Quelques jours après l’intervention, je pars avec mon mari garder nos petits-fils à Pessac. Lundi 9 h, le téléphone sonne : c’est mon médecin et ami :

– « J’ai reçu les résultats… Je n’y pensais plus puisqu’ils ne devaient arriver qu’en milieu de semaine. Silence embarrassé. Je me dis qu’il y a un problème. Tu as un cancer…

– Un cancer ! Alors, qu’est-ce-que je dois faire ?

– Je t’adresse à Villejuif, à l’Institut Gustave Roussy. Je te donne le numéro de téléphone pour que tu prennes rendez-vous.

– Attends, je cherche de quoi noter. »

«Je suis pacifiste. Je préfère me soigner que me battre »

Mes mains tremblent…. Stupeur et tremblement ! L’annonce est vraiment un choc quand on ne s’y attend pas. J’avertis mon mari, puis appelle pour fixer les rendez-vous avec l’anesthésiste et le chirurgien. Toute la journée, une phrase tourne dans ma tête : « J’ai un cancer… » Le formuler, le répéter pour m’en convaincre, c’est le faire exister. Mes proches me disent « Tu vas te battre ! » Je suis plutôt pacifique, je préfère ME SOIGNER pour en guérir, ce qui est différent. On a de la chance de vivre en France avec la sécurité sociale qui prend tous les frais en charge, un souci de moins afin de garder l’énergie pour guérir !

Arrêter de se demander pourquoi et lâcher prise

19 juillet : IGR, Villejuif. On se croirait dans un hôtel et pas dans un hôpital : le personnel est accueillant, attentif, à l’écoute. La chirurgienne m’explique qu’elle va enlever ce « carcinome canalaire in situ » pas méchant. Elle enchaîne en précisant que l’ablation de cette tumeur de 3,2 centimètres se fera en ambulatoire, qu’ensuite une quinze séances de radiothérapie éviteront la récidive. Donc, un peu de patience et à la Toussaint, on n’en parle plus !

Lors de l’intervention le 13 août, la chirurgienne m’apprend qu’elle a dû ouvrir sur 6 centimètres au lieu de 3. Puis fin août, à la visite post-opératoire, le choc : « Votre cancer est infiltrant, il faut que je vous réopère pour l’ablation du ganglion sentinelle, vous aurez bien entendu de la radiothérapie et un traitement médicamenteux pendant 5 ans ». Cette fois, j’ai du mal à encaisser. J’ai une vie saine, pas de tabac, alcool modérément, je bouge mon corps… Pourquoi est-ce arrivé ? La maladie apprend à lâcher prise, à ne plus vouloir maîtriser, à patienter. Accepter, faire confiance…

« C’est une maladie qui n’est pas forcément mortelle, heureusement ! »

Deuxième intervention en octobre, puis radiothérapie sans problème particulier à l’hôpital de Marne-la-Vallée, plus proche de mon domicile. Chaleur de la rencontre avec d’autres patientes, partage de ce qu’on vit : on va à l’essentiel, sans barrière. La tentation est de vouloir s’informer : internet (avec le meilleur et le moins bon), échanger avec d’autres malades… Chaque cas est particulier. Si tout s’est bien passé pour moi, c’est que je n’ai pas eu à subir de chimio et que je n’étais pas seule.

Je veux dire aux autres qu’elles ne doivent pas systématiquement se mettre en tête la fatigue, les effets secondaires… Restez positives, ouvertes aux autres, continuez à avoir des projets de vie. Surtout, faites confiance aux médecins. C’est une maladie qui occupe beaucoup de temps mais qui n’est pas forcément mortelle, heureusement !

Edith


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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