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Strasbourg, une ville engagée contre les perturbateurs endocriniens

{{ config.mag.article.published }} 25 juillet 2019

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Parmi les signataires de la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocrinien », la ville de Strasbourg fait figure de proue. Nous avons interrogé sur les engagements de la ville le docteur Alexandre Feltz, adjoint à la mairie de Strasbourg en charge de la santé publique et environnementale et délégué à la lutte contre les perturbateurs endocriniens.

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Pouvez-vous nous parler de cette charte d’engagement « Villes & Territoires : sans perturbateurs endocriniens » ?

Cette charte a été proposée par l’association Réseau Environnement Santé, qui travaille sur les perturbateurs endocriniens depuis longtemps. Cette charte n’est pas contraignante, évidemment, mais propose aux villes, départements ou régions, de signer quatre points d’engagement. Le premier, c’est d’interdire les produits phytosanitaires et biocides sur le territoire : les herbicides, fongicides, acaricides utilisés pour la gestion des espaces verts par exemple. Le deuxième : réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens en agissant sur le contenant et le contenu, notamment dans la restauration collective. Le troisième point porte sur l’information de la population, des professionnels de santé, de la petite enfance… Et enfin le dernier et quatrième point engage sur la mise en place de critères d’éco-conditionnalité dans les achats publics réalisés par les collectivités territoriales. (Lire aussi notre interview : « L’INCa sous-estime la part des perturbateurs endocriniens » )

Comment agissez-vous à Strasbourg pour réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens ?

Nous sommes déjà, comme la plupart des villes maintenant, une ville sans produits phytosanitaires pour entretenir nos espaces verts. Ensuite, nous agissons sur l’alimentation de deux façons. D’abord le contenu : la meilleure solution reste de favoriser l’alimentation bio. Puis en termes de contenants, tout aussi dangereux. Les emballages en plastique, surtout chauffés, libèrent des perturbateurs endocriniens. Ils sont très utilisés dans la restauration collective, y compris scolaire. Cela peut sembler fou, alors que les plus sensibles aux perturbateurs endocriniens sont les jeunes enfants et les femmes enceintes ! À Strasbourg, nous avons été interpellé par un collectif de parents d’élèves et de citoyens, « Cantines sans plastique ». Nous les avons soutenus dans cette démarche de changement et nous sommes passés du plastique à l’inox dans nos cantines. C’est un investissement de 10 millions d’euros : il faut changer les process, les cuisines, la manière de s’approvisionner mais c’est un investissement important et d’avenir ! L’idéal serait qu’une telle mesure soit adoptée dans toutes les cantines et, à terme, dans tous les lieux de restauration, quels qu’ils soient !

Et concernant l’information des populations à risques ?

La ville de Strasbourg détient les compétences de la protection maternelle et infantile sur son territoire. Depuis quelques semaines, nous avons donc mis en place des ateliers d’informations à destination des femmes enceintes, pour leur donner la possibilité de changer leurs comportements vis-à-vis des perturbateurs endocriniens. Par petits groupes de 10 à 15, les futures mamans rencontrent un éco-conseiller avec une formation scientifique et environnementale. Il leur explique comment réduire leur exposition aux perturbateurs endocriniens. Cela passe déjà par l’alimentation ; favoriser les produits bios, sans emballages plastiques. Mais aussi par l’habitation : certains matériaux en PVC, certaines peintures peuvent contenir des substances nocives. Si elles doivent rénover ou décorer la chambre de leurs enfants, il vaut mieux utiliser des matériaux labellisés bio. C’est aussi un apprentissage des bons gestes : aérer son intérieur, bien passer l’aspirateur pour éliminer les toxines… Au sein des ateliers, les futurs parents apprennent aussi à utiliser des produits ménagers plus naturels, car malheureusement quand ça sent bon, ça sent le perturbateur endocrinien. Alors pour le ménage c’est simple : du vinaigre blanc et du bicarbonate de soude : en plus c’est moins cher ! Les encens, les parfums d’intérieur… Tout cela est à bannir ! Enfin les ateliers abordent aussi les cosmétiques : vernis, produits à appliquer sur les lèvres, soins capillaires… Il faut privilégier les labels bio, certifiés sans perturbateurs. Ces ateliers vont concerner environ 250 femmes, dans tous les quartiers de la ville.

Un des leviers porte sur les critères d’éco-conditionnalité dans les marchés publics, comment la ville avance sur ce point particulier et politique ?

Les collectivités territoriales, comme vous le savez, passent des marchés publics. Et ces derniers doivent être compatibles avec la charte. Concrètement, si la ville commande des bouteilles d’eau pour un événement par exemple, elle ne commandera pas des bouteilles en plastique mais en verre. Cela met du temps, il y a beaucoup de règles et un aspect financer non négligeable mais on avance dans ce sens là.

Quels sont les projets de Strasbourg à venir pour respecter tous les engagements de la charte ?

Plusieurs actions sont prévues pour continuer dans cette veine. Déjà, nous allons étendre les ateliers pour les femmes enceintes aux parents de jeunes enfants, en gardant le même format. Et nous attaquons ensuite un plus gros chantier. Dans chaque lieu sur le territoire où nous accueillons des jeunes enfants et des femmes enceintes, nous souhaitons poser un diagnostic sur les matériaux, les peintures, les jouets utilisés afin de savoir s’ils dégagent des perturbateurs endocriniens. Grâce à cette évaluation, nous pourrions ensuite réfléchir à des lieux qui soient les moins contaminants possible, dans l’ensemble de la ville. Enfin, pour agir sur l’alimentation, nous allons travailler avec les agriculteurs périurbains ou encore les jardins familiaux partagés qui cultivent des fruits et légumes sur le territoire. Nous voulons les accompagner et les informer sur l’utilisation de produits agricoles plus sains par exemple, mais aussi tester leur production par exemple pour savoir si les aliments sont contaminés.

Finalement, est-ce que ce ne sont pas des engagements de bon sens ?

Bien sûr, mais ce ne sont pas des engagements consensuels ! Ce n’est pas toujours évident. Au sein de la mairie, nous avons encore quelques désaccords. Sur les terrains de football en plastique par exemple. Les revêtements utilisés pour remplacer le gazon sont des granulats, composés de pneus de camions recyclés. On laisse quand même nos enfants jouer au football sur ces surfaces !

Selon vous, cela va-t-il suffisamment loin ?

Cette charte est déjà un engagement symbolique. Et une façon de faire pression aussi : une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens existe depuis 2014, mais elle est très frileuse. Je pense que l’interdiction de ces substances est inexorable. L’industrie plastique résiste car il y a des gains énormes derrière tout ça mais je ne comprends pas comment les politiques peuvent accepter que l’industrie la plus rentable soit celle qui nous intoxique le plus ? Il faudrait légiférer vers une nouvelle logique : pour chaque molécule inventée, il devrait être obligatoire de tester son impact sur la santé et l’environnement. Je le vois au quotidien dans mon cabinet médical : le nombre d’hommes stériles est impressionnant. Je commence à voir cliniquement, ce que je dis politiquement depuis des années. Et en même temps, comment a-t-on pu imaginer que chauffer des aliments dans des barquettes en plastique, donc faites de pétrole, n’allait pas avoir de conséquences ? Le boulot est énorme, à tous les niveaux, mais il est important.

Propos recueillis par Mathilde Durand


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La rédaction de Rose magazine

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