Qu’elle soit naturelle ou induite par les traitements contre le cancer, la ménopause provoque une chute des oestrogènes responsable de nombreux troubles, notamment sexuels. Sans ces hormones essentielles, la muqueuse vaginale s’amincit, voire s’atrophie, elle perd en élasticité et en souplesse, s’appauvrit en vaisseaux sanguins et s’assèche. Résultats : le contact avec les sous-vêtements peut devenir inconfortable et les rapports sexuels, douloureux voire impossibles. La carence en oestrogènes provoque également une perturbation de la flore vaginale et favorise le développement de bactéries pathogènes (ce sont elles qui sont notamment responsables des mauvaises odeurs) : mycoses, vaginoses… Les experts ont un acronyme pour regrouper ces joyeusetés : les SGUM, pour Syndromes génito-urinaires.
Un cortège de maux qui peuvent considérablement altérer la qualité de vie. « À tel point parfois que c’en est un motif de demande d’arrêt des traitements », constate Françoise Soffray, gynécologue et chirurgienne à l’hôpital privé Saint-Martin, à Pessac. « Parler de son bien-être vaginal à son médecin est essentiel, insiste le Dr Marie-Hélène Colson, directeur d’enseignement du DIU de sexologie à la faculté de médecine de Marseille. Or, selon une récente enquête, 4 femmes sur 10 n’en parlent jamais1. Le sentiment de détresse ressenti peut les rendre dépressives. La plupart d’entre elles préfèrent se taire et souffrir en silence alors qu’il y a des solutions. Il est temps de dire stop au tabou ! »
Moralité : lisez ou relisez Les Monologues du vagin et prenez rendez-vous chez votre gynécologue. Selon l’intensité du syndrome, la nature de votre cancer et de vos traitements, voici les options qui peuvent vous être proposées, des plus douces aux plus « high-tech », garanties sans hormone.
Hydrater la muqueuse vaginale
Les crèmes hydratantes (sans hormone)
Dès les premières sensations de gênes, pensez à appliquer de la crème hydratante sur votre vagin. Eh oui, comme sur votre peau, vous pouvez appliquer des crèmes hydratantes sur votre muqueuse vaginale.
Quelle crème choisir : bien évidemment, n’utilisez pas votre crème hydratante habituelle. Optez pour une crème conçue pour l’hydratation intime. Elles sont en général riches en acide hyaluronique, un composé naturellement présent dans le vagin qui a la propriété de se gorger d’eau comme une éponge.
Notre conseil : n’hésitez pas à en tester plusieurs. Ce n’est pas parce qu’une crème s’avère inefficace que ce sera le cas de toutes les autres.
En pratique : déposez une petite noisette sur le bout de votre doigt et massez délicatement l’entrée et l’intérieur du vagin. Sachez que certaines crèmes sont vendues avec une pipette ou sous forme d’ovule pour faciliter l’application.
Combien ça coûte : autour d’une dizaine d’euros.
Le hic : l’effet est temporaire, il faudra donc appliquer ces crèmes régulièrement, plusieurs fois par semaine voire, tous les jours si le besoin s’en fait sentir. L’autre point noir c’est que la plupart de ces crèmes ne sont pas remboursées.
Bon à savoir : les crèmes cicatrisantes Effidia et Ialuset, prescrites pour soulager les radiodermites, peuvent aussi être appliquées en intra-vaginal. Et la bonne nouvelle, c’est qu’elles sont remboursées !
L’injection d’acide hyaluronique
Quand l’application topique d’acide hyaluronique ne suffit pas et que l’entrée du vagin devient douloureuse, il est possible de recourir à des injections, comme on le ferait pour combler une ride.
En pratique : sous anesthésie locale, l’acide hyaluronique est injecté au niveau de l’entrée du vagin à l’aide d’une fine aiguille. Cette procédure peut être réalisée par un gynécologue, un plasticien ou un dermatologue et dure une vingtaine de minutes.
Combien ça coûte : comptez entre 200 et 400€ par injection.
Le hic : l’acide hyaluronique se résorbe avec le temps. Il faudra donc prévoir de renouveler l’injection environ tous les 8 à 12 mois. L’autre mauvaise nouvelle c’est que ces injections ne sont pas remboursées.
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Lipofilling
Également inspiré de la médecine esthétique, le lipofilling, c’est-à-dire l’injection de graisse, peut soulager la sécheresse vaginale.
En pratique : de la graisse, prélevée chez la patiente, est réinjectée au niveau de la vulve.
Le plus : contrairement à l’acide hyaluronique, la graisse se maintient dans le temps.
Le hic : cette procédure est réalisée sous anesthésie générale.
Combien ça coûte : difficile à dire car cette procédure est encore peu répandue. Quand elle est réalisée en même temps qu’une reconstruction mammaire, elle est toutefois souvent prise en charge.
Tonifier son vagin
La radiofréquence
Vous avez des petites incontinences urinaires ou vous avez l’impression que votre vagin est plus “large” qu’avant ? Cela provient peut-être d’une laxité de votre vagin. En chauffant la paroi vaginale en profondeur, la radiofréquence va resserrer les fibres de collagène existantes et stimuler la synthèse de nouvelles, redonnant ainsi au paroi du vagin un certain tonus.
En pratique : une sonde est introduite dans le vagin, avec des mouvements de va et vient, pendant 20 à 30 minutes. La procédure s’accompagne d’une sensation de chaleur mais n’est pas désagréable.
Il faut compter environ 2 séances, espacées de 15 jours à 1 mois, mais parfois une seule suffit. Leur effet est observé en général au bout de quelques mois et dure au minimum 1 an.
Ce geste est réalisé par un médecin après un examen gynécologique pour confirmer l’indication.
Combien ça coûte : selon l’appareil utilisé, la séance coûte entre 500 et 1500 €.
Le hic : ce n’est pas remboursé.
La rééducation du périnée
Le périnée, cet ensemble de muscles qui constitue notre plancher pelvien et traversé par le vagin, joue un rôle essentiel dans le confort et le plaisir sexuel. Il faut donc veiller à ce qu’il soit bien tonique.
En pratique : il suffit de maintenir son périnée contracté pendant une dizaine de secondes, comme on le ferait si on voulait se retenir d’uriner. Vous n’êtes pas sûre de faire l’exercice correctement ? N’hésitez pas à vous tourner vers un kiné ou une sage femme. Vous pouvez aussi acheter dans le commerce une sonde dite de biofeedback : associée à une application mobile, elle permet de visualiser la contraction de son périnée en temps réel. Si vous êtes plutôt sportive, optez pour des activités physiques qui sollicitent les muscles profonds, comme le yoga ou le pilates.
Combien ça coûte : le tarif de base pour une de rééducation du périnée chez un professionnel de santé est d’environ 20 € par séance. Il faut en général entre 5 et 10 séances. Le prix des sondes de biofeedback est aux alentours de 100 euros.
Régénérer la muqueuse vaginale
Le laser CO2 fractionné
Forcer la muqueuse à se régénérer : c’est le principe du laser CO2 fractionné. Importé en France par le Dr Mouly, ce laser provoque des microlésions superficielles sur la paroi vaginale qui, en réponse à cette agression, va se remettre à produire du collagène et de l’acide hyaluronique, 2 molécules essentielles pour sa souplesse et son élasticité.
En pratique : une sonde, délivrant un faisceau laser à 360 degrés, est introduite dans le vagin et retirée graduellement pour traiter toute sa longueur.
La procédure est indolore et ne dure que quelques minutes. Trois ou 4 séances, espacées de 3 à 5 semaines, sont nécessaires la première année. Ensuite, une séance par an suffit.
Elle est proposée par certains gynécologues ou centres de lutte contre le cancer équipés d’un appareil.
Combien ça coûte : entre 250 et 300 euros par séance.
Le hic : Cet acte n’est pas remboursé.
La photobiomodulation
La photobiomodulation (PBM) repose sur la propriété de certaines longueurs d’onde de la lumière, notamment rouges et infrarouges, de réactiver les fonctions naturelles de nos cellules. Parce que son action est globale, la PBM permet donc de lutter contre l’ensemble des SGUM : sécheresse vaginale, infections, perte d’élasticité…
En pratique : comme pour le laser, une sonde émettant de la lumière rouge est introduite dans le vagin pendant environ 20 minutes. Bien que la source de lumière soit froide (il s’agit le plus souvent de LED), la procédure peut provoquer une sensation de chaleur mais reste indolore.
Il faut compter au minimum 6 séances, à raison de 2 séances par semaine, pour obtenir un résultat. La plupart des femmes observent une amélioration au bout de 3 séances mais certaines la ressentent seulement quelques mois après la fin des séances.
Cette procédure peut être réalisée par un gynécologue ou un urologue.
Si la pénétration est impossible, le praticien pourra vous proposer dans un premier temps de disposer des panneaux lumineux à l’entrée de votre vagin le temps que celui-ci regagne en souplesse.
Combien ça coûte : difficile à dire car cette procédure est encore peu répandue.
Le hic : Cet acte n’est pas remboursé.
À LIRE AUSSI : Tout savoir sur la photobiomodulation
Enrichir sa flore vaginale
Comme la peau ou l’intestin, le vagin dispose d’un microbiote naturel (les bacilles de Doderlein) qui, en produisant de l’acide lactique, maintient un pH acide (inférieur à 7), empêchant ainsi le développement de microorganismes pathogènes. Des brûlures ou des démangeaisons peuvent être le signe d’une flore perturbée.
En pratique : faites une cure de probiotiques ou de microbiotes spécialement conçus pour la flore vaginale. Ils existent sous forme d’ovules ou de crèmes et sont vendus sans ordonnance. En l’absence d’infection (notamment de mycoses), pensez également à vous laver avec des produits pour la toilette intime dont le pH est adapté à la flore vaginale.
Le hic : les probiotiques ne s’implantent pas durablement au niveau du vagin. Il est donc nécessaire de refaire des cures régulièrement. L’autre bémol, c’est qu’ils ne sont pas remboursés. Leur prix oscille entre 15 et 25 euros la cure.
Bon à savoir : un microbiote intestinal déséquilibré peut avoir un impact sur votre flore vaginale. Pensez aussi à en prendre soin.
À VOIR AUSSI : Visionnez ou revissionnez notre webinaire sur les troubles sexuels liés au cancer avec le Dr Aliette Dezellus, gynécologue médicale à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest.
Stimuler mécaniquement son vagin
Idéalement, il est conseillé de conserver une activité sexuelle régulière, avec pénétration, pour stimuler naturellement l’élasticité et la lubrification du vagin. Une recommandation pas toujours facile à suivre quand on est fatiguée par les traitements ou que son image corporelle est dégradée par la maladie. Pour vous réapproprier, à votre rythme et en solo, vos sensations intimes, n’hésitez pas à vous munir de quelques “outils”.
Les dilatateurs vaginaux
En pratique : il s’agit de tubes en plastique que l’on introduit pendant quelques minutes dans son vagin en faisant de légères rotations. Il en existe de différentes tailles. L’idée est de commencer par la plus petite puis de passer progressivement aux tailles supérieures.
Le plus : prescrits par un médecin, ils sont pris en charge par l’assurance maladie.
Le hic : ils sont à éviter en cas d’infection vaginale. Et puis, avouons-le, ces dispositifs médicaux ne sont pas très sexy.
Les sextoys
En pratique : il existe aujourd’hui de nombreux modèles alors suivez vos envies. Préférez tout de même les vibromasseurs aux stimulateurs clitoridiens externes qui n’agissent pas sur l’intérieur du vagin.
Le plus : les matériaux utilisés peuvent être plus agréables que ceux des dilatateurs vaginaux. Leurs formes ludiques et leurs couleurs acidulées les rendent aussi plus attrayants et permettent de sortir du côté médical.
Le hic : certains modèles peuvent être assez onéreux (plus d’une centaine d’euros) et ils ne sont pas remboursés. Comme les dilatateurs, ils sont aussi à éviter en cas d’infection vaginale.
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Merci aux Dr Dezellus, Mares, et Mazer pour leur aide dans l’écriture de cet article
1. Enquête miroir auprès de 100 gynécologues libéraux et 504 femmes âgées de 45 à 65 ans, réalisée par OpinionWay pour Pfizer, avril 2016.