En octobre 2020, après deux ans d’errance diagnostic, j’apprends que j’ai un cancer du sein et qu’il est métastatique. Je subis d’abord une mastectomie puis, début janvier 2021, je démarre un protocole associant une thérapie ciblée à une hormonothérapie que je dois prendre à la fois par comprimés et par injection. Dans les trois mois qui s’écoulent entre l’annonce et le début de ce traitement, je perds 13kg, et j’ai tout le temps froid. Tellement froid que certains jours je prends jusqu’à 4 douches chaudes pour tenter de me réchauffer. On me prévient qu’avec l’hormonothérapie costaude que je vais prendre, je serai ménopausée artificiellement – un peu hard à encaisser à 35 ans – et que j’aurais des bouffées de chaleur sans doute plus brutales que lors d’une ménopause naturelle. Et c’est ce qui est arrivé. La frileuse que j’ai toujours été est prise de coups de chaud insensés, violents, et qui peuvent m’arriver n’importe où, n’importe quand. Dans la journée, c’est embarrassant. Je transpire, je dégouline. Moi qui étais plutôt « pyjama pilou » et chaussettes pour dormir, je passe maintenant mes nuits sans couette et la fenêtre ouverte.
C’est plus pratique qu’un ventilo !
Comme j’avais été prévenue de cet effet plus qu’indésirable, j’avais anticipé en faisant l’acquisition d’un éventail avant de démarrer le traitement. Puis, rapidement, d’un deuxième. Puis trois, puis quatre ! Un petit stock constitué par peur de me créer des bouffées de chaleur d’énervement à l’idée de ne pas en avoir un sous la main en cas de besoin !
Il y en a un qui ne quitte jamais mon sac à main, un sur ma table de nuit, un stratégiquement laissé dans la voiture, et un dernier à disposition dans le salon. Aujourd’hui, j’en possède une petite dizaine. Certains m’ont été offerts, sinon je les achète au coup de cœur, et j’essaie de les assortir avec ce que je porte.
Si on m’avait dit un jour que j’en utiliserais au quotidien, je ne l’aurais pas cru ! C’est un objet étranger à ma génération, qui a un petit côté désuet. Et pourtant ! C’est pratique, léger et plus facile à transporter qu’un ventilo ! Et puis je trouve que s’éventer est un geste féminin, élégant. Chic. Et ça fait tellement, tellement de bien. En faire l’expérience, c’est l’adopter !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet
Photo : Patrick Swirc
Retrouvez cet article sur Rose Magazine (Numéro 24, p.38)