« Les patients hésitent souvent à demander un second avis car ils ne veulent pas offenser leur thérapeute » remarque le Dr Denise Garcia du département de chirurgie de l’Université médicale de Caroline du Nord (MUSC). L’étude1 qu’elle vient de mener avec son équipe pourrait bien inciter les malades à avoir moins de scrupules.
Les chercheurs ont suivi 70 femmes atteintes d’un cancer du sein qui se sont présentées au centre anti-cancer du MUSC entre août 2015 et mars 2016 pour obtenir un second avis médical. Leur dossier a été étudié par un comité pluridisciplinaire rassemblant des oncologues chirurgiens, médicaux, radiothérapeutes ainsi que des radiologistes et des pathologistes.
De nouvelles tumeurs détectées chez 16 patientes
Et le résultat est « frappant » pour reprendre le terme utilisé dans la publication scientifique. Pour 25 patientes, des biopsies complémentaires ont été demandées. Les analyses ont permis de détecter de nouvelles tumeurs chez 16 d’entre elles : dans le même sein (pour 14% des cas), dans le sein collatéral (1%) ou dans les ganglions axillaires (7%). Par ailleurs, dans 20% des cas, le diagnostic pathologique rendu par le MUSC divergeait de l’avis initial concernant le grade de la tumeur, son caractère invasif ou encore sa taille. Tous résultats confondus, le premier avis était remis en cause dans 43 % des cas soit pour 30 patientes sur 70. L’étude ne dit toutefois pas si le changement de diagnostic a conduit à un changement dans la prise en charge des patients.
Les auteurs modèrent toutefois leurs résultats : c’est la première fois que des écarts si importants sont relevés. Dans les précédentes études, les divergences ne dépassaient pas 13% des cas. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la Caroline du Sud est un état pauvre et que le MUC est l’un des seuls établissements a avoir une réelle expertise dans le domaine de la cancérologie.
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Emilie Groyer
1. Garcia et al. Ann Surg Oncol (2018)