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Vous avez subi une mastectomie et vous souhaiteriez retrouver un volume mammaire ? Avant de vous lancer dans une reconstruction, il est important de poser quelques bases.
Tout d’abord, aucune reconstruction ne se fait en un seul temps. Quelle que soit la technique choisie, au moins deux interventions sont à prévoir, réalisées chacune à trois mois d’intervalle : reconstruction du galbe, symétrisation de l’autre sein, retouches sur le sein reconstruit et, enfin, reconstruction du mamelon et de l’aréole.
Toutes les procédures comportent des risques de complications inhérents à la chirurgie et à l’anesthésie. Ils peuvent être augmentés par le tabac : en ralentissant la circulation sanguine, celui-ci augmente en effet le risque de nécrose des tissus opérés. C’est pourquoi il est conseillé d’arrêter de fumer au moins un mois avant l’opération. Certaines pathologies, comme le diabète ou l’obésité, compliquent également les interventions. Enfin, la radiothérapie, en fragilisant la peau, risque d’altérer le rendu de la reconstruction. C’est pourquoi il est conseillé d’attendre entre 9 et 12 mois après la fin de ce traitement avant d’envisager une reconstruction.
Après l’opération, vos mouvements pourraient être entravés. Réaliser des séances de kiné et d’activité physique adaptée, avant et après la reconstruction, peut vous aider à mieux récupérer.
Dernier point : un sein reconstruit n’a plus, ou quasiment plus, de sensibilité.
À LIRE AUSSI : Jocelyne Rolland, kinésithérapeute spécialiste du cancer du sein, créatrice des méthodes AviRose et Rose Pilates, donne toutes les clés pour une remise en forme réussie après un opération du sein dans notre article Cancer du sein et opération : le vrai du faux
Il existe 4 principales techniques de reconstruction. Chacune présente des avantages et des inconvénients. À vous de choisir (en accord avec votre chirurgien) celle qui est la plus adaptée à votre corps, votre vie et vos envies !
La reconstruction par prothèse mammaire ou expandeur
C’est quoi une reconstruction par prothèse ?
Le chirurgien glisse sous la peau du sein ou sous le muscle pectoral une prothèse en silicone, remplie soit de sérum physiologique soit de gel de silicone.
C’est pour qui la reconstruction par prothèse ?
Toutes les femmes, quelle que soit le volume de leur sein. Toutefois, à partir du bonnet D, la procédure peut être compliquée (voir plus bas).
BON À SAVOIR : L’entreprise Lattice Medical, spin-off du CHU de Lille, développe une prothèse capable de se résorber naturellement quelques mois après son implantation. On vous en dit plus dans notre article.
Combien de temps dure une reconstruction par prothèse ?
L’intervention dure entre 1 et 2 heures et est réalisée sous anesthésie générale. Vous resterez ensuite hospitalisée pendant 2 à 5 jours.
Quelle est la durée de l’arrêt de travail après une reconstruction par prothèse 1 ?
Entre deux à quatre semaines.
Pour qui n’est-elle pas la meilleure option ?
Les femmes dont la peau a été fragilisée par les traitements, notamment par la radiothérapie et chirurgie, car elle risque de ne pas supporter la distension provoquée par la prothèse.
Certaines équipes recourent alors à des expandeurs. Il s’agit de poches que l’on remplit progressivement de sérum physiologique pour distendre doucement la peau. Lorsque le volume désiré est obtenu, l’expandeur est remplacé par une prothèse définitive. Durant la phase d’expansion des tissus, la sensation de tension peut être inconfortable.
Le lipomodelage peut également aider à préparer la peau (voir plus bas).
Quel est le rendu d’une reconstruction par prothèse ?
Le sein reconstruit par prothèse est ferme, situé haut et d’aspect juvénile. Il est en revanche peu mobile.
Quelles sont les complications possibles d’une reconstruction par prothèse ?
La pose d’un implant peut provoquer des hématomes et, dans de rares cas, une infection nécessitant son retrait.
Une « coque » peut aussi se former autour de la prothèse : le sein devient “rigide” et change de forme. Il faut alors réopérer pour retirer la coque et changer l’implant. Plus la prothèse est volumineuse, plus le risque de coque est élevé. La radiothérapie augmente aussi la probabilité de survenue de cette complication.
Certaines prothèses peuvent enfin se percer ou se dégonfler, là encore il faut réintervenir.
Quels sont les inconvénients d’une reconstruction par prothèse ?
À moins que vous n’en changiez, la prothèse n’évoluera pas avec votre corpulence. Que vous preniez ou perdiez du poids, la taille de votre prothèse restera inchangée. Une dissymétrie risque donc de s’installer avec le temps.
À noter : contrairement aux idées reçues, il n’est pas forcément nécessaire de remplacer une prothèse tous les 10 ans. Tout dépend de l’état de la prothèse, si vous la tolérez bien et si elle est en adéquation avec l’évolution de votre corps. Il est toutefois conseillé de consulter un chirurgien tous les 8 à 10 ans pour vérifier que tout va bien.
Quelles cicatrices après une reconstruction par prothèse ?
Dans le cadre d’une reconstruction immédiate, elle sera sous le sein, ou bien sur le sein si l’aréole et le mamelon doivent être retirés. Pour une reconstruction secondaire, le chirurgien utilisera la cicatrice de l’ablation.
À LIRE AUSSI : Tout se dit et s’entend à propos de la reconstruction : on peut choisir sa technique, on retrouve son sein d’avant, la reconstruction à plat est impossible en France, ça coûte cher… Que croire ? On fait le point dans notre article Reconstruction mammaire : le vrai du faux.
La reconstruction par lambeau dorsal
C’est quoi une reconstruction par lambeau dorsal ?
Il s’agit d’une technique qui utilise vos propres tissus (lambeau) pour reconstruire le volume du sein : ceux de muscle grand dorsal.
Le chirurgien fait pivoter ce muscle sous la peau de l’aisselle. Le muscle peut être prélevé dans sa totalité ou en partie (on parle de lambeau dorsal partiel ou mini-dorsal ou MSLD2), selon la morphologie de la patiente et le volume à reconstruire.
Le chirurgien le positionne ensuite à la place du sein retiré et le modèle afin de reconstituer le volume du sein. Cette procédure conserve la vascularisation du muscle, c’est pourquoi on parle de lambeau pédiculé.
Une bande de peau peut aussi être prélevée dans le dos afin de remplacer celle qui a été enlevée au niveau de la poitrine lors de la mastectomie.
À LIRE AUSSI : Pour en savoir plus sur le lipomodelage, lisez notre article Lipomodelage et reconstruction : retrouver une poitrine naturelle.
C’est pour qui la reconstruction par lambeau dorsal ?
Toutes les femmes, quelle que soit la taille de leur sein.
Combien de temps dure une reconstruction par lambeau dorsal ?
L’opération dure entre 2 et 3 heures et est réalisée sous anesthésie générale. Vous resterez ensuite hospitalisée pendant 2 à 5 jours.
Quelle est la durée de l’arrêt de travail après une reconstruction par lambeau dorsal1 ?
Environ 4 semaines. Et comptez au minimum trois mois pour reprendre le sport.
Pour qui n’est-elle pas la meilleure option ?
Initialement, cette technique était déconseillée aux femmes qui, de par leur activité professionnelle ou sportive, sollicitaient fortement leur dos (port de charges lourdes, pratique de l’escalade, du tennis…). L’évolution de la technique et la possibilité de ne prélever qu’une partie du muscle ont assoupli ces restrictions. Discutez-en avec votre chirurgien.
Quel est le rendu d’une reconstruction par lambeau dorsal ?
Le sein est souple et présente un galbe naturel. Par ailleurs, le sein reconstruit vieillira avec vous et suivra vos modifications morphologiques : son volume augmentera si vous prenez du poids, et inversement.
Quelles sont les complications possibles d’une reconstruction par lambeau dorsal ?
Environ 5% des femmes témoignent d’inconforts chroniques (sensation d’étau) lorsqu’elles lèvent les bras ou effectuent des mouvements amples. La kiné et l’APA peuvent aider à soulager cette gêne.
Dans une minorité de cas, une poche de liquide (sérome) peut également se former au niveau de la zone opérée. Un ponction permet de la résorber.
Quelles cicatrices après une reconstruction par lambeau dorsal ?
En plus de celle(s) au niveau du sein reconstruit, vous aurez une cicatrice au niveau du dos. Sa longueur dépend de la taille du lambeau prélevé et de votre morphologie. Le plus souvent, elle est cachée sous le bras, le long du soutien gorge.
BON À SAVOIR : La reconstruction mammaire n’est pas forcément une reconstruction en volume : elle peut aussi se faire à plat. Lisez les témoignages de femmes qui ont fait ce choix dans notre série « J’ai choisi la reconstruction à plat »
La reconstruction par lambeau abdominal (DIEP)
C’est quoi une reconstruction par lambeau abdominal ?
Comme la technique par lambeau dorsal, la technique du DIEP utilise vos propres tissus. Cette fois, il s’agit de la peau et de la graisse de votre ventre. Mais contrairement au lambeau dorsal qui conserve la vascularisation, le lambeau abdominal est totalement détaché (on parle de lambeau “libre”). La technique du DIEP comprend donc une étape de microchirurgie pendant laquelle les vaisseaux du lambeau sont raccordés à ceux de la poitrine pour assurer son apport en sang.
C’est pour qui la reconstruction par lambeau abdominal ?
Les femmes qui présentent un excès de peau ou de graisse au niveau du ventre (entre le nombril et le pubis) et chez qui une plastie abdominale est indiquée.
Combien de temps dure une reconstruction par lambeau abdominal ?
L’intervention dure entre 3 et 5 heures et est réalisée sous anesthésie générale. Vous resterez ensuite hospitalisée pendant 2 à 5 jours.
Quelle est la durée de l’arrêt de travail après une reconstruction par lambeau abdominal1 ?
Entre 6 et 10 semaines.
Pour qui n’est-elle pas la meilleure option ?
Cette technique n’est pas adaptée aux femmes minces. Parce qu’elle implique une microchirurgie vasculaire, la reconstruction par lambeau abdominale n’est pas non plus la meilleure option pour les femmes avec une fragilité des vaisseaux liée au tabac, au diabète ou à un antécédent cardio-vasculaire (infartus, AVC, …).
Quel est le rendu d’une reconstruction par lambeau abdominal ?
Comme pour le lambeau dorsal, l’aspect du sein est naturel. Par ailleurs, le sein reconstruit vieillira avec vous et suivra vos modifications morphologiques : son volume augmentera si vous prenez du poids, et inversement.
Quelles sont les complications possibles d’une reconstruction par lambeau abdominal ?
Le DIEP est une technique très délicate impliquant de la microchirurgie. Si l’anastomose, c’est-à-dire la mise en continuité des vaisseaux du lambeau et de la poitrine, se bouche ou est mal réalisée, le lambeau peut nécroser. Il sera alors nécessaire de réopérer pour rétablir la circulation sanguine. Cette technique n’est donc pas proposée dans tous les hôpitaux.
Quelles cicatrices après une reconstruction par lambeau abdominal ?
Il y en a 2. Une première cicatrice, autour du nombril. Une seconde, horizontale, sur toute la largeur du bas ventre, comme une cicatrice de césarienne.
BON À SAVOIR : Sur sa plateforme d’aide à la décision « Reconstruction mammaire : de la réflexion à la décision », la HAS propose une carte interactive des établissements pratiquant la reconstruction mammaire. Un filtre permet de les sélectionner en fonction des techniques de reconstruction qu’ils réalisent. Vous pouvez également y consulter leur évaluation par l’autorité de santé.
Par ailleurs, la société de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (SoFCPRE) propose des fiches d’information sur chaque des techniques.
Le lipomodelage ou lipofilling
C’est quoi une reconstruction par lipomodelage ?
Là encore, on se sert de vos propres cellules pour reconstruire le volume du sein. En l’occurence, la graisse que l’on aura prélevée par liposuccion au niveau du ventre, de la culotte de cheval, des poignets d’amour, de l’intérieur de la cuisse ou des genoux.
C’est pour qui la reconstruction par lipomodelage ?
Toutes les femmes qui ont suffisamment de graisses pour reconstruire le volume du sein.
Combien de temps dure une reconstruction par lipomodelage ?
L’intervention dure moins d’une heure et est réalisée sous anesthésie générale, en ambulatoire (vous rentrez chez vous après). Il faut attendre 3 à 4 mois avant de voir si la graisse a “pris”. En moyenne, 30% du volume injecté est perdu à la fin de ce délai. La reconstruction par lipomodelage nécessite donc plusieurs interventions. Quatre en moyenne. Davantage si le volume à reconstruire est important.
Pour qui n’est-elle pas la meilleure option ?
Les femmes minces qui risquent de ne pas avoir suffisamment de graisse à prélever. Elle n’est pas non plus idéale si vous avez des seins volumineux car la reconstruction nécessitera plusieurs interventions sous anesthésie générale et le rendu final sera long à obtenir.
Quel est le rendu d’une reconstruction par lipomodelage ?
Le sein reconstruit est souple mais peut paraître un peu plat. Par ailleurs, le sein reconstruit vieillira avec vous et suivra vos modifications morphologiques : son volume augmentera si vous prenez du poids, et inversement.
À LIRE AUSSI : Pour en savoir plus sur le lipomodelage, lisez notre article Lipomodelage et reconstruction : retrouver une poitrine naturelle.
Quelles sont les complications possibles d’une reconstruction par lipomodelage ?
La liposuccion peut provoquer des ecchymoses et des sensations de « courbatures », pendant 7 à 10 jours.
Quelles cicatrices après une reconstruction par lipomodelage ?
La canule, un tube de 4 mm de diamètre, utilisée pour prélever la graisse peut laisser des traces. Certaines femmes minces, peuvent sentir un creux sous leur peau, là où la canule est passée.
BON À SAVOIR : Ces différentes techniques ne sont pas exclusives les unes des autres. La prothèse peut par exemple être combinée à un lambeau dorsal pour obtenir un volume plus important. On a également recours au lipomodelage pour compléter une reconstruction (quelle que soit la technique) qui manque de volume, harmoniser les deux seins ou encore pour préparer une peau fragilisée par la radiothérapie.
Merci au Dr Soffray, chirurgien sénologue à l’hôpital Saint-Martin (Bordeaux), et au Dr Frobert, chirurgien plasticien au Centre Léon Bérard (Lyon).
Sylvie Laidet et Emilie Groyer
1. Source APHP
2. Muscle Sparing Latissimus Dorsi