Sophie Lantheaume : Tout d’abord, Camille, sachez que ce qui vous arrive n’est pas inhabituel. L’annonce d’un cancer et ses traitements n’impactent pas seulement la personne malade, ils ont également des conséquences sur son entourage, particulièrement son partenaire. Quelle que soit la zone concernée, le cancer touche de plein fouet le couple, physiquement et psychologiquement. Le partenaire peut se sentir impuissant face à la maladie, à la douleur, aux effets secondaires… Isolé voire même abandonné parce que la personne malade est « absorbée » par le milieu médical, les soins… Il peut ressentir un certain épuisement généré par l’accompagnement et par les efforts qu’il fait pour « tenir ». Parfois, l’angoisse liée à la mort est telle que le conjoint est incapable de penser à autre chose. Il ne sait pas toujours comment réagir et culpabilise de ne pas agir comme il le souhaiterait. Pour certains, ce sentiment d’impuissance est tel qu’il conduit à la fuite. Dans ces situations, chacun fait, non pas ce qu’il veut, mais ce qu’il peut.
Toutes ces émotions n’épargnent évidemment pas la vie intime et sexuelle et peuvent entraîner une perte de désir, d’envie, de manière temporaire. C’est un sujet qui peut être difficile à aborder, même quand on est ensemble depuis longtemps.
« Sollicitez le toucher sous toutes ses formes : effleurage, caresse, massage… »
Camille, il serait intéressant de vous questionner sur votre attachement l’un à l’autre. Vous sentez-vous en sécurité dans la relation ? Quels sont vos besoins et ceux de votre partenaire ? Quels sont ceux qui sont entendus, compris et sont ceux qui ne le sont pas ? Repensez également à votre relation avant le diagnostic de cancer. Quelles difficultés étaient déjà présentes avant la maladie ? De quelle manière avez-vous traversé les crises de couple précédemment ? Sur quelles ressources pourriez-vous vous appuyer pour affronter les turbulences générées par la maladie sur le couple ? Enfin, demandez-vous ce que cette maladie a changé dans votre lien, sur vos attentes respectives.
Se tourner vers un professionnel formé à l’onco-sexologie est également une solution pour échanger autour de ces problématiques intimes et sexuelles liées à la maladie. La présence d’une tierce personne aide à trouver les mots quand ceux-ci sont difficiles à formuler afin de ne pas laisser la situation s’enkyster. Le professionnel peut par exemple proposer quelques outils pour tenter de « reconnecter » les partenaires. Le Sensate focus par exemple est une technique de thérapie sexuelle qui consiste à recentrer les partenaires sur leurs propres perceptions sensorielles et sensuelles en mettant de côté, dans un premier temps, toutes les parties génitales. Différents sens sont ainsi sollicités. Par exemple, le toucher, sous toutes ses formes : effleurage, caresse, massage, pétrissage… L’objectif est avant tout de réinstaurer une intimité entre les partenaires, sans pression aucune.
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