Comment cela arrive ?
Presque tous les tissus de notre organisme peuvent être affectés par ce dérèglement dont les causes, les évolutions et les conséquences sont très diverses. On parle « des » cancers et non « du » cancer car il en existe plus d’une centaine, tous différents selon l’organe qui les abrite, le type de cellules impliquées, le degré d’évolution de la maladie et le profil de la personne qui en est atteinte.
L’histoire de chaque cancer est différente. Il peut évoluer sur de nombreuses années et, à un moment donné, se développer rapidement. Pour commencer, la multiplication de la cellule à l’origine du cancer donne naissance à un amas de cellules qui comprime ses voisines, jusqu’à les détruire. Tant qu’elles restent confinées dans le tissu où elles sont nées, le cancer est dit in situ. Si de nouvelles mutations leur permettent d’envahir le tissu environnant, on parle de cancer infiltrant.
Quand les cellules cancéreuses se glissent dans la circulation sanguine ou lymphatique, elles peuvent se disséminer dans d’autres parties de l’organisme, parfois très loin de la tumeur d’origine. On parle alors de métastases.
Où la maladie trouve-t-elle son origine ?
La maladie est due à plusieurs facteurs. C’est un « accident » causé par des anomalies qui naissent sous l’influence de facteurs cancérigènes, comme par exemple une irradiation, le soleil, les hormones, des substances chimiques présentes dans les aliments, dans l’air et la cigarette… Dans 5 à 8 % des cas, une prédisposition génétique altère la mécanique normale des cellules et les empêche de fonctionner harmonieusement (c’est notamment le cas du cancer du sein et des gènes BCRA1 et BCRA2).
Comment parvient-on au diagnostic ?
Ce n’est jamais facile car de nombreux signes peuvent annoncer un cancer et, à l’inverse, il peut être totalement silencieux, sans aucun symptôme. Il est donc conseillé de consulter dès qu’une anomalie apparaît (boule dans un sein, grain de beauté qui change d’aspect, troubles digestifs, urinaires…). Le médecin dispose d’examens divers : analyses de sang ou d’urines pour rechercher des substances liées à la présence d’une tumeur, mammographie (radiographie des seins), échographie (examen par faisceau d’ultrasons), scanner (examen par émission d’un faisceau de rayons X), IRM (imagerie par résonance magnétique), endoscopie (pour explorer les cavités du corps à l’aide d’une sonde)… La seule certitude de diagnostic est la mise en évidence de cellules cancéreuses au microscope après prélèvement sur la lésion.
Comment détermine-t-on la gravité du cancer ?
Une fois le diagnostic posé, un système de gradation médicale permet d’évaluer le stade de la maladie en fonction de la taille de la tumeur, de l’extension ou pas aux ganglions et de la présence ou non de métastases. Actuellement, on étudie de plus en plus le comportement biologique de la tumeur, sa « carte d’identité », en regardant notamment si l’on est en présence de récepteurs (œstrogènes, progestérone, HER2 pour le cancer du sein) ou de néovaisseaux, ce qui permettra un traitement personnalisé.
Est-ce que le cancer « s’attrape » ?
Non, les cancers ne « s’attrapent » pas, à l’exception de celui du col de l’utérus, causé par la transmission du virus HPV, et de certains cancers du foie, causés par les virus B et C de l’hépatite, ou de l’estomac, causés par une bactérie.
Le stress peut-il provoquer un cancer ?
Non. Jusqu’à présent, les études scientifiques n’ont pas retrouvé de lien entre stress et survenue d’un cancer. En revanche, le stress n’améliore pas la combativité pour lutter contre la maladie ou gérer au mieux les traitements.
A quoi sont dues les rechutes ?
Parfois, les traitements ne parviennent pas à tuer la dernière cellule cancéreuse, restée « en sommeil » et qui va se réveiller. C’est totalement imprévisible. Une fois le traitement terminé, il faut se tenir à une surveillance très rigoureuse (examens cliniques, radios…) afin de dépister d’éventuelles rechutes : d’abord tous les trois mois, puis une fois par an, puis tous les deux ans…
Peut-on guérir d’un cancer ?
Le mot de guérison est employé avec prudence, on lui préfère la notion un peu barbare de « taux de survie relative à cinq ans ». Les statisticiens estiment en effet qu’un patient ayant eu un cancer a des chances élevées d’être « guéri » lorsque, cinq ans après le diagnostic, il retrouve la même espérance de vie que l’ensemble de la population d’âge et de sexe équivalents n’ayant pas eu de cancer. Mais prononcer le terme « guérison », pour certains cancers de bon pronostic, reste important car cela permet à la patiente de se reconstruire.
Dr Orlane Clouet, oncologue à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, à Poissy