Question de Sophie : Comment savoir si mes prothèses font partie des implants interdits par l’ANSM ?
Les prothèses interdites par l’ANSM depuis le 4 avril sont : les prothèses Biocell d’Allergan, les prothèses d’autres marques ayant une rugosité équivalente et toutes les prothèses recouvertes de polyuréthane.
Ne sont pas concernées : les prothèses présentant une texture et une rugosité plus faible que les Biocell d’Allergan, c’est-à-dire les implants lisses, microtexturés et certains macrotexturées.
Chaque patiente a reçu une carte de porteuse de prothèse avec les références et la marque des prothèses. Les prothèses interdites par l’ANSM depuis le 4 avril 2019 sont listées dans les tableaux ci-dessous :
Question de Bernadette : On m’a posé une prothèse Allergan en 2015 et je ressens fort son frottement à chaque mouvement. C’est désagréable. Dois-je la faire enlever ?
Si depuis le début de votre reconstruction vous êtes gênée, il s’agit plutôt d’un problème autre qui doit être vu avec votre chirurgien. Je rappelle que les trois indications classiques de changement de prothèses sont rupture, gêne ou douleur et résultat inesthétique.
Question d’Amandine : Ma chirurgienne m’a posé une prothèse texturée Allergan il y a deux semaines dans le cadre de ma reconstruction post cancer du sein…. Dois je réellement m’inquiéter ?! Dois-je la faire changer pour une lisse ?
Le 24 novembre 2018, lors du congrès national annuel de chirurgie plastique, il a été recommandé d’arrêter l’utilisation des prothèses macrotexturées en esthétique jusqu’à ce que les études en cours rendent leurs conclusions. Pour la reconstruction mammaire, comme les prothèses lisses n’étaient pas prises en charge avant mars 2018, l’immense majorité des prothèses posées sont des texturées (micro ou des macro).
Il faut rappeler qu’en France, 900 000 prothèses mammaires ont été implantées chez 500 000 et seuls 59 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) ont été déclarés [Cas déclarés et confirmés par les experts du réseau Lymphopath, NDLR]. Au niveau mondial, c’est 1 cas sur 10 000. Il faut donc rester raisonnable. Cela ne justifie pas un retrait des prothèses macrotecturées. Mais il faut bien sûr absolument informer les patientes des signes. Le LAGC a des symptômes « bruyants » : épanchement brutal ou douleur d’installation rapide. Dans 75% des cas, une explantation simple avec ablation de la capsule permet de stopper ce phénomène.
Les signes qui doivent alerter
– les signes d’un LAGC : la survenue brutale d’une augmentation du volume du sein, d’une inflammation ou d’une douleur. Ces signes peuvent survenir à distance de la pose de la prothèse, parfois 10 ans après.
– les autres signes qui doivent conduire à consulter, non liés à un LAGC : un affaissement du volume du sein qui laisse craindre une rupture, une rougeur qui présume d’une inflammation, une anomalie de mobilité qui évoque une coque et se fait progressivement.
Écrit en collaboration avec les Dr Claire Fénoll et Dr Harold Chatel pour le service chirurgie plastique de l’hôpital Saint Joseph
Actualisé le 4 avril 2019