Deux heures au soleil. C’est le temps qu’il a fallu au sein de Capucine, 47 ans, pour être brûlé au 3ème degré. Au banc des accusés, un maillot de bain sombre et une prothèse en gel de silicone, chauffés par le soleil. « Je n’ai rien vu venir, rien senti », raconte cette maman de 2 enfants, qui risque de devoir se faire réopérer rapidement si sa brûlure ne cicatrise pas.
Deux énormes cloques sur le sein reconstruit
Pourtant, son premier jour de vacances au Cap Ferret, en Gironde, avait bien commencé : « installée dans un transat en maillot de bain une pièce noir, je discutais tranquillement avec une amie dans son patio. Mais un peu plus tard, face au miroir, j’ai remarqué deux énormes cloques sur mon sein reconstruit ». Capucine n’a rien senti, car la peau était encore insensibilisée par la mastectomie. Malheureusement, une fois percées, ces cloques n’ont pas réussi à cicatriser
Un « effet loupe » rare mais pas inédit
« C’est un incident rare mais très préoccupant », admet le Dr Isabelle Sarfati. La chirurgienne plastique à l’Institut du sein à Paris a recensé 28 cas de brûlures dans un article co-écrit avec le Dr Michaël Atlan de l’hôpital Tenon à Paris et le Dr Emmanuel Delay du Centre Léon Bérard à Lyon. « Même si des études sur des mécanismes sous-jacents possibles seront nécessaires, on sait déjà que contrairement aux couleurs claires qui réfléchissent la lumière, les couleurs sombres absorbent les infrarouges du soleil et stockent la chaleur : c’est l’effet loupe. Une faible épaisseur cutanée graisseuse est prise en sandwich entre 2 sources de chaleur et cuit. Par précaution, toutes les femmes ayant subi une reconstruction mammaire par prothèse doivent être informées de ce risque potentiel ! Elles doivent protéger leur sein à risque en toutes circonstances d’exposition thermique importante, et surtout éviter l’utilisation de maillots de bain de couleur foncée ».
« Une faible épaisseur cutanée graisseuse est prise en sandwich entre deux sources de chaleur et cuit. »
Une recommandation qui ne figure pas dans la majorité des consentements chirurgicaux. Pas plus que l’existence d’autres dangers potentiels : « Dans notre étude, 71% des brûlures étaient causées par l’exposition au soleil (18 cas sur 20 à travers des vêtements sombres) mais on relève également une blessure thermique par contact direct, avec une bouillotte, appuyée contre une barre métallique exposée au soleil, ou avec la lampe de poche du téléphone portable allumée », précise le Dr Sarfati.
Le risque d’une « reprise chirurgicale »
Prudence donc, lorsque vous êtes en présence d’une source de chaleur susceptible d’augmenter la température de la prothèse et de compromettre la reconstruction. Car en cas de brûlure grave ne parvenant pas à cicatriser, une reprise chirurgicale sera nécessaire :« il faudra exciser la brûlure, changer d’implant et faire une reconstruction par lambeau de grand dorsal ou par DIEP », précise la spécialiste, qui souhaite sensibiliser ses confrères à la prévention de ces brûlures. « Il faudrait faire évoluer rapidement les informations fournies aux patientes dans les fiches de consentement pour les interventions de reconstruction mammaire ». En attendant, restez à l’ombre !