Comme le souligne ce dernier, on parvient à « remettre sur pied totalement en quelques années » les personnes atteintes de cancer. Mais dans quelles conditions ?
Les chiffres parlent d’eux même : près de 2/3 d’entre elles souffrent de séquelles jusqu’à 5 ans après le diagnostic, générant mécaniquement des dépenses de santé dont elles ne sont donc certainement pas responsables.
Rappelons par ailleurs que le cancer précarise : une personne sur 5 en emploi au moment du diagnostic ne l’est plus 5 ans après et plus du quart d’entre elles voient leurs revenus baisser avec un risque accru de fragilité chez les femmes, en particulier celles qui vivent seules avec des enfants à charge et/ou travaillant à temps partiel.
Or, malheureusement, le périmètre actuel du régime d’ALD est loin de couvrir l’ensemble des dépenses auxquelles doivent faire face les malades. Parmi la longue liste à la Prévert des restes à charge, citons les dépassements d’honoraires, les médicaments et autres dispositifs médicaux non remboursés. Les femmes atteintes de cancers dits hormono-dépendants doivent par exemple débourser de leur poche entre 50 et 100 euros par mois à vie pour traiter leur sécheresse vaginale alors même que les hommes atteints de cancer de la prostate bénéficient de traitements pris en charge pour soulager leurs troubles de l’érection. Une fois encore, les femmes sont les premières pénalisées.
Plutôt que de s’attaquer au portefeuille des patients en appliquant une logique comptable court-termiste, il nous paraîtrait bien plus pertinent de réfléchir de façon systémique et à long terme en prenant en compte les coûts évités, bien plus conséquents, générés par certaines dépenses tant pour les comptes sociaux qu’au niveau plus macro-économique.
Parmi les pistes, citons premièrement, les soins de support non médicamenteux dont les bénéfices sont prouvés. Ainsi, pour remédier aux très fréquentes pertes de mémoire et autres difficultés de concentration qui entraînent prolongations d’arrêts de travail et troubles psychiques, les ateliers de remédiation cognitive sont insuffisamment proposés et encore moins pris en charge. Combien de consultations et prescriptions médicales mais aussi de coûts supportés pour les employeurs pour remplacer leurs salariés absents pourraient ainsi être évités ?
Autre exemple : la photobiomodulation, technique reconnue pour prévenir et traiter les mucites chimio-induites qui n’est proposée que dans quelques rares centres de soins alors même qu’elle permettrait de réduire les prescriptions de bains de bouches peu efficaces – pourtant remboursées à 100% – les risques de dénutrition voire de suspension des traitements et donc d’allongement inutile des durées de prise en charge au titre de l’ALD.
Idem pour les signatures génomiques toujours pas remboursées alors même qu’elles permettraient d’exonérer certains patients de traitements lourds sources de toxicités et séquelles.
Pour réaliser des économies, le Gouvernement se trompe à la fois de cible et de méthode. Mettons-nous autour de la table, soignants, associations de patients et Gouvernement, afin de dessiner une feuille de route qui réponde aux besoins des patients et préserve les comptes sociaux.
INFO + : Retrouvez ici la lettre signée par 25 associations de malades chroniques : Aider-à-aider, ANDAR, #ApresJ20 Covid Long France, Association Française des Hémophiles (AFH), Association France Spondyloarthrites (AFS), Cancer Contribution, Cerhom, Collectif 1310, Collectif Triplettes Roses, Corasso, Diabète et méchant, ELLyE, Étincelle, Europa Donna France,Fédération CAIRE, JurisSanté, La Niaque, Life Is Rose, Mélanome France, OSE, Patients en réseau, Renaloo, RoseUp, Vivre comme avant, Vivre sans Thyroïde.