Avant la maladie
Dominique (à gauche) a 50 ans quand elle apprend son cancer du sein, en septembre 2005. Parisienne, récemment divorcée et maman de trois enfants alors adultes, elle donne des cours de cartonnage (réalisation de petits objets de déco en carton) dans plusieurs associations.
Valérie, de son côté (à droite), a 39 ans fin 2007 quand on lui découvre un cancer, également du sein. DG d’une entreprise d’édition prospère, elle habite l’Oise, est mariée, a deux jeunes enfants et mène une vie de superwoman.
Le cancer, et après
Pour toutes les deux, la descente aux enfers commence. Valérie est licenciée après huit mois d’arrêt maladie. « J’ai alors perdu toute confiance en moi. Jusque-là, je n’avais jamais eu à rechercher d’emploi, jamais mordu la poussière. Mon licenciement ajouté à ma maladie, ç’a été la double peine. » Elle est persuadée qu’elle ne retrouvera jamais de poste de directrice générale salariée… Dominique a caché son cancer à ses employeurs. « J’étais sûre d’être licenciée si je parlais. J’ai donc demandé à être opérée pendant les vacances. Ensuite, j’ai refusé la chimio et fait ma radiothérapie entre midi et deux. J’ai ressenti une très grande solitude. »
Chacune de son côté, les deux femmes décident de devenir leur propre employeur. En plus de ses cours, Dominique se lance dans la rédaction de livres spécialisés, d’un magazine trimestriel et crée un site sur lequel elle vend des fiches techniques d’objets à réaliser. Une entreprise finit par voir le jour : L’art du cartonnage. Dans l’Oise, Valérie crée Intermède cancer, une société de vente à domicile de produits et accessoires pour pallier les effets secondaires des traitements (prothèses capillaires et mammaires, crèmes de soin, turbans, vernis)… Présent en Île-de-France, dans l’Oise, l’Eure et l’Eure-et-Loir, Intermède cancer a déjà accompagné 300 patientes en s’appuyant sur 3 conseillères. ViaInternet, L’art du cartonnage fidélise 4 800 fans (également au Brésil et au Japon) et Dominique a écrit 13 livres en moins de dix ans. La créativité lui a sauvé la vie, dit-elle. Alors elle peut aider les autres. Quant à Valérie, elle dit d’Intermède cancer qu’il est « le projet de coeur et de sens » de sa nouvelle vie professionnelle.
Un jour, un jury
Comme l’année dernière, le prix Rose de l’entrepreneuse a été décerné par un jury d’exception : Isabelle Ealet (directrice associée de Goldman Sachs), Anne Lauvergeon (présidente d’A2i et de la commission Innovation 2030), Anne Méaux (directrice d’Image 7), Françoise Holder (administrateur du holding Groupe Holder), Laurence Parisot (viceprésidente de l’Ifop), Michèle Duval (secrétaire générale du Cnec – Conseil national des entreprises de coiffure), Catherine Cerisey (blogueuse), Cécile Pasquinelli (lauréate du Prix de l’entrepreneuse 2012). Parmi les 10 dossiers présélectionnés par Rose, les jurées ont retenu l’esprit d’entreprise de Valérie, la rigueur de son dossier et la pertinence de son projet pour les malades. Mais elles ont également voulu saluer la créativité de Dominique, son énergie et son originalité. Deux lauréates, donc, se partagent les 5000 € offerts par Mutex (union des cinq principales mutuelles interprofessionnelles adhérentes à la Mutualité française).
Un prix, pour quoi faire ?
Dominique voudrait utiliser la somme reçue pour faire traduire ses fiches techniques en brésilien et en japonais ou pour relooker son site Internet. Elle crée par ailleurs une boîte à maquillage ou à bijoux spéciale Octobre rose.
Valérie espère profiter de la notoriété de Rose pour se faire connaître auprès des patientes et pour recruter des conseillères anciennes malades.
Des nouvelles de la lauréate 2012…
Les créations de Cécile Pasquinelli et de sa marque Garance – une ligne de maillots de bain et une de homewear – sont distribuées aux Galeries Lafayette Paris à l’occasion d’Octobre rose 2013 et la marque est désormais référencée sur le site galerieslafayette.com. C’est pas la gloire, ça ?