On dit alors que cette mutation est «héréditaire» et on parle de prédisposition génétique au cancer. Mais comme le cancer est une maladie multifactorielle, cette mutation seule n’induit pas la maladie dans tous les cas. Simplement, une étape du processus tumoral étant franchie d’entrée, le risque de cancer pour cette personne est plus élevé que celui de la population générale.
Le rôle de l’oncogénétique est d’identifier ces prédispositions. Dans le cas des cancers-colorectaux, ces cancers héréditaires représentent (selon l’INVS) un peu moins de 5 % des pathologies et surviennent principalement avant 40 ans, plus particulièrement au niveau du colon droit.
Le Syndrome de Lynch
Deux formes familiales, liées à des mutations génétiques spécifiques, sont identifiées: la polypose recto-colique familiale, maladie associée à la mutation d’un gène appelé APC responsable de l’apparition de centaines de polypes à l’âge adulte.
Le syndrome de Lynch, ou cancer héréditaire du côlon sans polypose, caractérisé par des anomalies de gènes protecteurs vis-à-vis des cancers (famille des gènes MMR) dont la fonction est de corriger des mutations conduisant au développement d’un cancer.
Le syndrome de Lynch est une forme héréditaire responsable d’environ 3% de l’ensemble des cancers colorectaux. Il s’agit d’une prédisposition liée à une altération génétique constitutionnelle d’un gène impliqué dans le système d’identification et de réparation des mésappariements de l’ADN: le système MMR (pour MisMatch Repair). Quatre gènes sont essentiellement touchés: MLH1 et MSH2, responsables d’au moins deux tiers des cas, et MSH6 et PMS2 plus rarement impliqués.
Faute d’orthographe…
Avoir un gène muté, c’est comme avoir une faute d’orthographe dans le livre de notre génome, notre patrimoine génétique. Cette faute change le sens du mot, et donc la fonction du gène qui ne peut plus être normale, d’où le développement possible d’une maladie liée à la mutation génique. Une personne porteuse d’une mutation prédisposant au cancer dans toutes ses cellules a habituellement 50 % de risque de la transmettre à ses enfants.
Néanmoins, même s’il hérite de la mutation, l’enfant ne développera pas obligatoirement un cancer. C’est le risque qui se transmet, et non le cancer. Tout dépend de la pénétrance, c’est-à-dire de la probabilité que cette mutation s’exprime, donc que les autres facteurs de risque, liés au mode de vie de la personne, lui permettent de s’exprimer
Les spécificités du risque héréditaire
On peut suspecter un risque héréditaire quand trois personnes ou plus d’une branche familiale ont développé un cancer, quand la maladie survient dans des conditions inhabituelles, comme le diagnostic d’un cancer à un âge anormalement jeune (par exemple 30 ans pour un cancer du côlon), ou encore quand une personne a eu plusieurs cancers dans sa vie.
Une mutation de tel ou tel gène peut induire plusieurs types de cancer, dans différents endroits de notre corps, mais pas dans n’importe quel organe. Pour un gène muté, il y a un spectre bien spécifique de cancers à risques.
On peut, par exemple, à cause des mutations du gène MMR être prédisposé à développer à la fois un cancer du côlon et de l’endomètre, mais également des ovaires, de l’estomac et de l’intestin.
Avec le soutien institutionnel d’Amgen