Jean-Baptiste Méric : Il y a plusieurs raisons à cela. La première est liée à l’histoire naturelle de la maladie. Il faut comprendre que tous les cancers ne se développent pas à la même vitesse. Pour mettre en place un dépistage organisé, il faut que la maladie se développe lentement, avec des étapes précancéreuses connues. C’est le cas par exemple avec le cancer du côlon : on sait qu’on va d’abord avoir des polypes, que ces polypes vont devenir anormaux, et enfin qu’ils se transformeront en cellules cancéreuses. Cette séquence prend une dizaine d’années, ce qui laisse le temps d’intervenir.
Il faut également que ces étapes précancéreuses soient identifiables par des marqueurs. Dans le cancer du côlon, pour garder cet exemple, on va être capable de détecter précocement la présence de polypes parce qu’ils vont saigner dans un tiers des cas et qu’on va retrouver ce sang dans les selles.
Quand on a un cancer qui passe du stade microscopique à un stade avancé dans un temps court, ou pour lequel nous ne disposons pas de marqueurs fiables pour le détecter précocement, le dépistage organisé est impossible.
La deuxième raison, c’est que la détection de ces marqueurs doit reposer sur un test simple, non invasif, sans risque, fiable et maîtrisé par tous les médecins. C’est ce qui est en train de se passer avec le cancer du poumon. Mais parfois cela ne suffit pas. Il faut également que le test soit acceptable pour la population. On voit bien aujourd’hui que c’est l’un des principaux écueils notamment dans le dépistage du cancer du côlon : les Français n’y adhèrent pas car le fait de recueillir leurs selles les rebute.
Mais le principal objectif du dépistage organisé en termes de santé publique reste de réduire la mortalité. Il n’est pas utile de mettre en place un dépistage organisé pour les cancers de bon pronostic.
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