Déterminé
Jeune, pourtant, Krishna Clough ne s’intéresse qu’au baseball, qu’il pratique en équipe de France. Mais quand, en troisième, on lui annonce un redoublement, il est piqué au vif et se met à cravacher. Il n’arrêtera plus. À 36 ans, chirurgien oncologue, il devient chef de service à l’Institut Curie, dont il a le culot de démissionner en 2004 pour fonder l’Institut du sein. L’an dernier, à 56 ans, il a été le premier non-Américain nommé directeur du cours de chirurgie oncoplastique à la Société américaine de chirurgie. Une sorte de consécration.
À vif
Plutôt du genre à l’ouvrir face à ce qu’il trouve injuste. C’est le cas en 2009, quand il écrit sur Mediapart une « Lettre ouverte à tous ceux qui ont été, sont ou seront opérés » pour défendre le chirurgien de Johnny Hallyday, accusé d’erreur médicale.
Esthète
Le Dr Clough, horrifié par les salles d’attente des centres anticancéreux, a rempli son institut de tableaux et de sculptures. Il a aussi épousé une femme qui organise des salons d’art contemporain dans le monde entier.
Puncheur
C’est vrai au bloc opératoire comme sur le ring, où il pratique régulièrement la boxe.
Lucide
Ses chevilles auraient pu enfler sous l’effet de ses nombreuses récompenses…n’étaient ses parents, qui méprisent les honneurs et l’argent. Quand, à 40 ans, il montre à sa mère les 10 paires de chaussures exposées dans sa chambre en signe de réussite, elle lui lance : « C’est obscène. » Retour sur terre immédiat.
Marin
L’eau seule calme cet hyperactif. Quand il quitte l’Institut Curie, il embarque sur un voilier pour traverser l’Atlantique et réfléchir à ce qu’il va faire après. Depuis 2 ans, il a aussi décidé de vivre sur une péniche, d’où il plonge la main dans la Seine tous les matins
Prévenant
Ses yeux sont à l’affût chaque fois qu’il traverse la salle d’attente. L’occasion pour lui d’observer ses patientes, d’estimer leur attitude, leur nervosité, et de les recevoir en ayant pris un temps d’avance. « Très souvent, elles ont peur. Mon obsession, c’est qu’elles repartent avec le sourire. »
Investi
Le plasticien est scandalisé lorsque, jeune interne, il entend ses patrons déclarer à leurs patientes : « Votre sein est rétracté, déformé mais on vous a sauvé la vie, c’est déjà bien. » Krishna Clough a trouvé sa vocation : soigner et reconstruire en même temps, en associant les techniques de chirurgie cancérologique et plastique.
Malicieux
Un caractère hérité d’un père fantasque. Fils d’un immigrant irlandais et d’une mère française originaire d’Algérie, Krishna grandit entre l’atelier foutraque de son père artiste et le cabinet impeccable de sa mère dentiste. Des parents idéalistes et bohèmes qui lui inculquent l’idée que tout est possible. Y compris de faire croire à un officier d’état civil récalcitrant que Krishna est le nom d’un grand roi d’Irlande. En réalité, c’est celui d’un penseur hindouiste – Krishnamurti – dont ils ne ratent pas une conférence.
Infatigable
Rarement en position horizontale, Krishna Clough dort 5 heures par nuit, déteste la campagne et avoue se sentir « en descente de drogue » les 3 premiers jours de vacances.
Laetitia Moller
Photographe : Pierre-Emmanuel Rastoin