Les premiers concernés par la modification dans leur équilibre alimentaire, sont évidemment les victimes de cancers ORL (langue, gorge, œsophage par exemple), surtout s’ils ont subi une ablation d’une partie de la langue ou de la thyroïde. Mais parfois aussi, la chimio provoque de telles irritations des muqueuses buccales que tout patient en traitement peut éprouver des difficultés à mâcher ou à déglutir.
Souvent, les troubles disparaissent après quelques semaines, ou quelques mois, et tout revient dans l’ordre à la fin des traitements, une fois la cicatrisation terminée ou après une période de rééducation à la mastication encadrée par un kinésithérapeute ou un ergothérapeute.
Mais en attendant, il faut bien prendre des forces, donc se nourrir. Alors autant mettre toutes les chances de son côté pour faire des repas des moments de plaisir. Nos pistes.
Bannir les petits morceaux de ses petits plats
Si la faible mobilité de votre langue ne vous permet pas de contrôler vos aliments pendant la mastication, vous risquez la fausse route. Pour l’éviter, supprimez les aliments à base de petits morceaux ou de gros grains comme les petits pois, les légumes secs, le maïs, le riz ou la semoule.
Gélifier ou épaissir ses boissons pour éviter une fausse route
Il est indispensable de bien s’hydrater. Mais lorsque le mécanisme de fermeture de la trachée ne se fait plus très bien, les liquides peuvent passer dans les poumons et provoquer, là encore, une fausse route. Privilégiez dans ce cas l’eau gélifiée.
Commercialisée en pharmacie ou sur internet, elle peut également être réalisée à la maison en mélangeant des feuilles de gélatine ramollie dans de l’eau tiède à du sirop, du jus de fruits ou un bouillon.
Les smoothies de jus de fruits ou de légumes sont également à privilégier. Pour cela, pensez à la banane et à l’avocat, deux fruits qui apportent de l’onctuosité à vos préparations et un apport énergique intéressant.
Des petits menus sains pour avoir une alimentation variée et équilibrée
Quand mastiquer ou déglutir devient compliqué, on a naturellement tendance à diminuer, voire éliminer, certains ingrédients. Or, l’organisme a besoin d’une alimentation variée et équilibrée pour couvrir ses besoins en énergie.
Sachez par exemple que les protéines favorisent la cicatrisation des tissus après une intervention chirurgicale, une radiothérapie ou une chimiothérapie, et aident à combattre les infections. Parfois même, vous devrez en augmenter la teneur dans votre alimentation.
Petite astuce: cassez un œuf dans vos potages et sauces, en prenant soin de l’ajouter hors du feu pour qu’il ne coagule pas.
Fractionner ses repas hachés menus
Perte d’appétit, altération des goûts, peur de souffrir, d’avoir des problèmes digestifs, ou tout simplement fatigue générale… Quand se nourrir devient un pensum, le risque est de manger moins, donc de perdre du poids.
Pensez alors à fractionner vos repas en six prises minimum par jour, aux heures qui vous sont le plus agréable. Et pour enrichir votre alimentation, ajoutez de la crème de gruyère fondue à vos préparations, ou encore du lait écrémé en poudre, de la crème fraîche, de la poudre hyperprotéique vendue en pharmacie…
Prendre son temps et bien mâcher les aliments
Prenez vos repas dans le calme, à heures régulières, en veillant à ce qu’ils durent au moins vingt minutes mais ne soient tout de même ni trop longs ni trop fatigants.
Faire preuve d’imagination pour cuisiner avec un mixeur
Manger mixé est une lourde contrainte, mais de nombreux plats peuvent s’adapter. Il suffit d’un bon blender, d’un chinois, et d’un peu d’imagination ! Exemple : remplacez les herbes fraîches par des huiles essentielles d’herbes aromatiques. L’huile essentielle de basilic remplace avantageusement le basilic frais et peut s’utiliser toute l’année. Une ou deux gouttes suffisent, à diluer d’abord avant de verser.
Suivre quelques conseils de préparation pour ses recettes mixées
Mixez la viande de bœuf crue pour obtenir un mélange plus lisse, pensez aux légumes surgelés en galets comme les carottes, le céleri, les brocolis, les épinards qui se réchauffent facilement, et évitez les légumes fibreux comme les blettes, les salsifis ou le céleri branche, qui laissent des fils et ne sont pas conseillés.
Et sinon, se faire livrer ses plats hachés menus !
Si vous n’avez ni l’envie ni le courage de cuisiner, contactez la société Saveurs et Vie qui propose des formules de repas livrés à domicile. Les diététiciennes sont à votre disposition par téléphone, pour établir avec vous un programme adapté à vos besoins, vos goûts et vos envies.
Anne-Lise Farkoa
A LIRE
« Le geste en cuisine et Trop bon », d’Éric Leautey, éd. Minerva,
« Saveurs partagées, la gastronomie adaptée aux troubles de la déglutition », de Pascal Sidobre et Christian Chevalier, éd. Solal, 2011
« Cuisiner avec les huiles essentielles », d’Emmanuel et Valérie Cupilard, éd. La Plage, 2006