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Perturbateurs endocriniens : ils sont partout !

{{ config.mag.article.published }} 3 septembre 2019

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Alors que les ministres de la Santé et de l’Écologie signaient ce matin la 2e stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, Santé Publique France publiait un rapport démontrant que nous sommes tous imprégnés par des molécules soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens.

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Bisphénols, phtalates, retardateurs de flammes bromés, composés perfluorés, éther de glycol… Ces polluants de « notre quotidien » présents dans le plastique des emballages alimentaires, notre canapé ou encore nos crèmes de jour se trouvent aussi dans notre corps. Pour la première fois, Santé Publique France a évalué l’imprégnation des Français à ces 6 familles de substances, dont certaines sont soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens, autrement dit des molécules capables de déréguler le fonctionnement hormonal.

Cette évaluation inédite, publiée ce mardi 3 septembre, démontre l’omniprésence de ces polluants environnementaux dans nos organismes. En effet, ils ont été retrouvés dans le sang, l’urine ou les cheveux de tous les participants à l’enquête (1104 enfants et 2503 adultes). Ces travaux révèlent, par exemple, une contamination par le Bisphénol A – un perturbateur endocrinien interdit dans les biberons et les tickets de caisse – et certains de ses substituts (BPS et BPF), soupçonnés eux aussi d’être des perturbateurs endocriniens. Les enfants en sont davantage imprégnés que les adultes. Il en est de même, pour les phtalates ou encore les parabènes, d’autres perturbateurs endocriniens.

Pour expliquer ces différences de niveaux d’imprégnation entre petits et grands, Santé Publique France souligne que les enfants sont plus exposés aux poussières domestiques et mettent leurs jouets à la bouche. L’exposition à ces substances à travers l’alimentation mais aussi l’application de produits de soins (crèmes, lait pour le corps) sont aussi mises en avant. En revanche, l’agence n’a pas évalué l’impact sanitaire de ces niveaux d’imprégnation. Aucun lien avec des troubles de la reproduction, des pathologies du métabolisme (obésité et diabète) ou encore des cancers n’a été étudié dans le cadre de cette enquête.

Établir des valeurs de référence

Ces résultats, similaires à ceux observés dans d’autres pays européens ou d’Amérique du Nord, doivent permettre « d’établir des valeurs de référence d’imprégnation dans la population générale », et ainsi suivre l’évolution de ces taux au fils des ans. Une étape importante et indispensable dans l’étude des perturbateurs endocriniens, et l’élaboration des politiques publiques.

Et pourtant, ni la ministre de la Santé ni la ministre de l’Ecologie ont évoqué ces résultats inédits ce matin lors de la signature de la 2e stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens. Un oubli que n’ont pas manqué de relever les journalistes présents à la conférence de presse. Interrogées sur ces rapports, les ministres semblaient prises de court avant d’affirmer qu’il ne fallait pas s’inquiéter. « J’ai toujours su en tant que médecin que notre corps était imprégné par des contaminants. Chaque individu a dans le sang les traces de son environnement. Mais jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions pas encore de vision exhaustive de l’imprégnation des Français vis-à-vis de nombreux contaminants. Cette étude permet enfin de connaître la réalité, mais elle ne doit pas effrayer les Français », a répondu Agnès Buzyn, la ministre de la Santé.

Une liste des perturbateurs endocriniens

De son côté, Elisabeth Borne a estimé que ces résultats permettaient d’informer les Français « qui pourront en tout état de causes éviter ces substances ». La ministre a également mis en avant une mesure phare de la 2e stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens. « Dès l’an prochain, l’Anses1 publiera une liste des perturbateurs endocriniens en les classant en 3 catégories : avérés, présumés ou suspectés. C’est la première fois qu’une telle démarche sera réalisée. Cette liste permettra aux industriels d’anticiper les substitutions par d’autres molécules et permettra d’informer la population afin de réduire l’exposition à ces substances », a-t-elle indiqué, invitant les Français à visiter le site internet Agirpourbébé.fr. Conçu par Santé publique France, ce site a vocation à aider les jeunes parents à limiter l’exposition de leurs enfants aux produits toxiques.

Toutefois, cette liste ne sera pas utilisée pour développer un score de toxicité, à l’instar du NutriScore apposé sur les produits alimentaires, afin de distinguer les produits les plus vertueux ou ceux présentant le plus de risque pour la santé et l’environnement.

 

  1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation

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Anne-Laure Lebrun

Spécialiste des sujets de santé et d’éthique (PMA, fin de vie…), elle contribue régulièrement au Figaro, à Que choisir santé (éditions UFC-Que choisir), Santé Magazine… Elle collabore à Rose Magazine depuis 2019. « Ce que j’apprécie chez Rose, c’est le lien de proximité avec les lectrices. Elles nous disent que nos articles leur sont utiles, et ça c’est précieux. »

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