Né de manière confidentielle dans les années 1930, furtivement réapparu dans les années 1970, le vélo à assistance électrique (VAE) ne séduit le grand public que depuis les années 2000. Aujourd’hui, aucune rue, aucune route, aucun sentier n’y échappe. En France, en 2017, ses ventes ont augmenté de 90 %. Pourtant, son prix encore élevé, de l’ordre de 2 500 euros en moyenne, le rend accessible surtout aux plus de 35 ans aisés. Mais le marché est en pleine mutation : « Chaque année, de nouvelles marques s’installent et les performances des moteurs, de même que la puissance des batteries ne cessent de s’améliorer », observe Thierry Pedro, vendeur de cycles à Annecy. Des avancées technologiques qui permettent de parcourir, en moyenne, entre 50 et 100 km, suivant l’allure, en totale autonomie. L’occasion d’attirer un nouveau public.
Annick Laurent peut en témoigner. À la tête de l’association Le cœur Vanessa, elle organise habituellement des sorties féminines à vélo non électrique (une partie des profits de ces événements est reversée à l’association À chacun son Everest*). L’an dernier, son rallye Annecy - Saint-Tropez a réuni vingt-trois femmes pendant cinq jours, avec des étapes quotidiennes d’une centaine de kilomètres. Mais, pour la première fois, deux participantes en chimiothérapie se sont jointes à l’aventure à vélos électriques. Annick Laurent, 70 ans et elle-même en rémission d’un cancer du sein, faisait également partie du voyage : « Grâce au vélo électrique, nos malades ont suivi le rythme comme les autres. Même si elles avaient un petit coup de mou, elles continuaient d’avancer. Pour les personnes malades, c’est un super-moyen de reprendre le sport facilement, sans s’abîmer. » Et comme, en plus, l’activité se pratique facilement à plusieurs, elle offre aussi une belle occasion de retrouver une vie sociale après les moments d’isolement dus à la maladie et aux traitements.
Pour vous aider à remettre le pied à l’étrier, voici quelques idées d’itinéraires plus ou moins longs. Avant de partir, pensez à répertorier les lieux où vous pourrez recharger vos deux-roues en chemin, et à lister les prestataires regroupés sous la marque Accueil vélo qui vous hébergeront. Si vous préférez louer, sachez que de nombreux professionnels mettent des vélos à disposition sur votre lieu de départ et les reprennent à l’arrivée.
De l’Atlantique à la Méditerranée – Le canal des deux mers
Ce voyage de 800 km commence sur les plages de Royan, à l’embouchure de la Gironde, le plus vaste estuaire d’Europe. De là, les cyclistes traversent des paysages où alternent îles sauvages, ports, citadelles, églises romanes et domaines viticoles jusqu’à Bordeaux. Petit à petit, les vignes évoquant la Toscane laissent place à de jolies villes comme Agen, Moissac, Toulouse la rose… Le canal de Garonne se perd ensuite dans celui du Midi, bordé par endroits de platanes et ponctué d’écluses et de monuments inscrits au patrimoine de l’Unesco. Le parcours s’achève à Sète, au pied du mont Saint-Clair.
Notre coup de cœur : de Royan à Blaye
Petits ports, villages classés, carrelets (cabanes typiques), vignobles et citadelles : l’estuaire de la Gironde déploie ses trésors sur un peu plus de 100 km.
> canaldes2mersavelo.com
L’Alsace, carrefour de l’Europe – Trois EuroVelo-routes au choix
Voilà bientôt dix ans que l’Alsace a parié sur le développement du cyclotourisme. Un choix payant puisqu’elle accueille désormais plus de 2 millions d’amateurs chaque année. Il faut dire que les 2 500 km de véloroutes et de voies vertes offrent un maillage idéal, du nord au sud de la région, des Vosges au Rhin. L’Alsace est aussi le carrefour européen de tous les cyclotouristes qui sillonnent le continent, puisque trois EuroVelo-routes la traversent. Pédaler en Alsace, c’est l’assurance de rencontrer d’autres cyclistes. Mais aussi l’occasion de découvrir des circuits variés le long de vignes et de canaux, à travers des forêts ou des villes au riche patrimoine architectural, historique et culturel.
Notre coup de cœur : Strasbourg
Troisième ville cyclable d’Europe avec près de 500 km de pistes, la capitale alsacienne offre une balade mi-citadine, mi-bucolique qui traverse le Rhin par le jardin des Deux-Rives, frontalier avec l’Allemagne.
> alsaceavelo.fr
La Méditerranée – Des Pyrénées aux Alpes
Du Perthus à Menton, longer la partie française de la Méditerranée, c’est pédaler 850 km, des Pyrénées jusqu’aux Alpes. Jusqu’à Narbonne, le tracé emprunte une voie aménagée entre mer, étangs et lagune avant de rejoindre le canal du Midi. En Camargue, ensuite, les cyclistes pédalent entre rizières et salines avant de filer vers la Provence, le site archéologique de Saint-Rémy-de-Provence, les vignes et, pour finir, la mer…
Notre coup de cœur : la VeloRoute du Calavon
Proches de la voie verte, les villages perchés du Luberon, parmi lesquels Ménerbes et Roussillon, sont inscrits sur la liste des Plus Beaux villages de France.
> lamediterraneeavelo.com
De la Bretagne au Pays basque – La Vélodyssée fantastique
Avec 1 200 km spécialement aménagés, trois régions et neuf départements traversés, la Vélodyssée est la plus longue véloroute française. L’océan Atlantique toujours en toile de fond, c’est une bonne partie de la France qui se dévoile au fil des tours de pédales, depuis Roscoff, en Bretagne, jusqu’à Hendaye, dans le Pays basque. Le long de cette côte sauvage se succèdent petits paradis et sites incontournables comme le marais poitevin, le bassin d’Arcachon, la dune du Pilat, les forêts landaises et les villes de La Rochelle, Royan, Bayonne ou Biarritz.
Notre coup de cœur : de Soulac à Arcachon
De la forêt de pins au bassin d’Arcachon en passant par l’estuaire de la Gironde, vous traverserez trois univers. Vous pouvez aussi raccourcir l’itinéraire en profitant d’une traversée en bateau du cap Ferret à Arcachon !
> lavelodyssee.com
La traversée des Pays de la Loire – Le long du fleuve
Souvent présentée comme le seul grand fleuve sauvage d’Europe, la Loire et ses rives offrent de magnifiques lumières et des espaces naturels préservés. Tout y est réuni pour vivre une expérience apaisante au fil de l’eau, parenthèses culturelles et trêves gourmandes comprises. Une véloroute de près de 900 km a été aménagée sur les berges du fleuve, de Cuffy (à 15 km de Nevers) jusqu’ à Saint-Nazaire, sur l’estuaire. Au fil du trajet : îles boisées, villes de caractère, villages de charme, quatre cents caves viticoles et châteaux de style médiéval, gothique ou Renaissance, bien sûr.
Notre coup de cœur : les châteaux de la Loire
L’itinéraire Blois-Tours (95 km) permet de voir un grand nombre de châteaux sans quitter sa bicyclette (château royal de Blois, domaine de Chaumont-sur-Loire, château royal d’Amboise, château du Clos-Lucé).
> loireavelo.fr
* Qui accueille des femmes en rémission d’un cancer du sein à Chamonix pour leur faire découvrir marche en montagne et escalade en salle.
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 16, p. 132)