De l’autohypnose ? On en fait bien souvent sans le savoir ! Quand un roman nous absorbe au point de nous faire perdre la notion du temps et qu’on en ressort avec la sensation d’avoir été transporté ailleurs. Ou quand, perdu dans ses pensées, on trace son chemin puis on s’étonne d’être arrivé à destination en un rien de temps.
Ce phénomène de transe hypnotique nous place dans un état de conscience modifié qui ouvre une porte vers notre inconscient. Une situation que l’on peut mettre à profit pour changer notre perception des choses. En particulier face à des situations susceptibles de générer de l’appréhension. Ce qui ne manque pas quand on affronte un cancer… Nouveaux examens, traitements inconnus, opérations, effets secondaires potentiels, etc., sont susceptibles de provoquer des émotions négatives. L’hypnose, obtenue avec un thérapeute ou en autonomie, aide à les réguler, à les apaiser.
Ainsi sa pratique est reconnue comme un soin de support à part entière par l’Afsos (Association francophone des soins oncologiques de support) dans le cadre de la prise en charge des douleurs (on parle alors d’hypnoanalgésie). Plus globalement, ce soin complémentaire des traitements permet de désamorcer les épisodes d’angoisse, de stress, d’améliorer son sommeil, d’éviter l’éventuelle déprime ou encore la perte de confiance en soi. Bref, de moins subir et de reprendre la main sur le cours des événements. Processus dynamique, l’autohypnose se révèle être un outil très pratique puisqu’on peut l’activer quand on veut, où on veut, et qu’elle est gratuite! Ce n’est toutefois pas une solution à tout. Pour un gros traumatisme, un deuil par exemple, mieux vaut consulter un praticien formé.
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Comment s’initier à l’autohypnose ?
Vous pouvez apprendre auprès d’un praticien à déclencher un état hypnotique. Mais vous pouvez aussi faire un test chez vous, au calme, en vous connectant à l’application Psychonaute1. Créée par les hypnothérapeutes Kevin Finel2, président de l’Académie de recherche et de connaissances en hypnose ericksonienne (Arche), et Bruno Surace, directeur pédagogique de l’Arche, elle propose des séances audio et vidéo d’initiation à l’autohypnose, ainsi que des « capsules » (courtes vidéos) aux thématiques ciblées (par exemple : retrouver le sommeil). « Avec une séance audio, semi-guidée, on vit une première expérience dont on profite pleine- ment, tout en explorant en douceur son autonomie », assure Kevin Finel.
Créez votre séance d’autohypnose
Pour qu’elle soit efficace, il y a toujours quatre étapes à respecter3. D’abord, fixez-vous un objectif. Par exemple : dépasser l’angoisse d’une chimio ou d’une opération à venir, la peur d’une mauvaise nouvelle… Ensuite, déconnectez-vous (environ trois minutes) : installez-vous confortablement, puis fixez un objet, ou fermez les yeux, et concentrez-vous sur un son (le tic-tac d’une horloge) ou sur le rythme de votre respiration. Dès que votre attention sera focalisée sur vos sensations, votre cerveau s’arrêtera de mouliner.
« Plus on s’exerce, plus il devient facile d’entrer dans sa bulle«
La phase de travail (cinq à six minutes) peut commencer. Observez où et comment se manifeste votre peur, votre stress dans votre corps. Faites un « body scan »: une boule dans la gorge? Imaginez qu’elle est en chocolat et que, tout doucement, elle fond… jusqu’à disparaître. Vous ressentez plutôt (ou aussi) un nœud dans le ventre, qui vous tord… Visualisez une pelote, un fil qui en dépasse et commencez à le tirer pour la défaire complètement. Vous ressentez un soulagement ? C’est que vous avez tout simplement remis du mouvement là où tout était figé.
C’est le moment de la phase de sortie ou de réveil (une minute) : doucement, en prenant le temps, reprenez contact avec ce qui vous entoure, percevez à nouveau les bruits environnants, portez votre attention sur les points de contact de votre corps contre votre fauteuil. Enfin, ouvrez les yeux ! Vous êtes détendue…
La clé de l’autohypnose : la régularité
Peur de perdre le contrôle, de ne pas vous réveiller, d’aller dans un monde inconnu ou tout simplement de ne pas y arriver toute seule ? « Il faut se sentir curieux et heureux de se lancer dans cette expérience pour qu’elle fonctionne ! Car on a tout à y gagner ! » encourage Annie Sapède, qui conseille aussi de pratiquer régulièrement. « Plus vous vous exercerez, plus il vous sera facile de vous calmer et d’entrer dans votre bulle. Dix minutes par jour suffisent. Et, lors de la phase de sortie, pensez à ajouter une petite suggestion positive. Par exemple : “Chaque jour je me sens de plus en plus confiante.” Cela renforce les bénéfices de la visualisation. »
Retrouvez cet article dans Rose magazine n°26.
1. Sur Google Play et App Store, formule « bien-être » dès 84 euros comprenant trois heures d’initiation à l’autohypnose. Une semaine d’essai gratuite.
2. Kevin Finel est aussi l’auteur d’Explorez les capacités de votre cerveau avec l’autohypnose, Leduc, 288 p., 18 euros
3. Merci à Annie Sapède pour ses conseils, auteure de Mon cahier d’autohypnose, Éditions Mosaïque-Santé, 64 p., 9 euros.
Retrouvez cet article dans Rose magazine n°26