On le sait, les traitements contre le cancer induisent de nombreux effets secondaires. Si la nausée, la perte de cheveux, la fatigue ou encore l’insomnie viennent naturellement à l’esprit, on pense moins aux troubles sexuels. Le sujet reste encore tabou. Pourtant, la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie peuvent provoquer une ménopause précoce qui s’accompagne non seulement de bouffées de chaleur mais aussi d’une sécheresse voire d’une atrophie vaginale. Les malades, parfois encore jeunes, doivent alors recourir à des ovules et autres crèmes lubrifiantes, non remboursés, si elles veulent continuer à avoir une vie sexuelle. Heureusement, une nouvelle technologie pourrait leur apporter une solution pérenne.
Un traitement aux effets persistants
Le laser MonaLisa Touch a été spécialement conçu par la société florentine Deka pour traiter ce problème. Introduit dans le vagin, ce laser CO2 fractionné provoque des microlésions dans sa paroi. En réaction, la production de collagène et d’acide hyaluronique est stimulée, régénérant ainsi les tissus. Trois ou quatre séances espacées de trois à cinq semaines sont nécessaires la première année. Ensuite, une séance par an suffit. Entre temps, plus besoin de gels lubrifiants ni d’ovules.
Preuve de l’espoir qu’il représente : l’institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR) s’est doté du laser depuis peu. Une cinquantaine de patientes sont déjà sur liste d’attente. Delphine Wehrer, gynécologue à l’IGR, explique ce plébiscite : “Le laser MonaLisa Touch est le seul traitement local qui semble ré-épaissir la paroi vaginale et rétablir de la lubrification vaginale naturelle. Par ailleurs, ce traitement aurait un effet persistant contrairement aux traitements locaux.”
Des études scientifiques pour prouver son efficacité
Évidemment, ce miracle a un prix : entre 250 et 300 euros la séance. “Nous voulons que le laser MonaLisa Touch soit considéré comme un soin de support et non comme un soin de confort. Il pourrait ainsi être remboursé par la sécurité sociale, explique le Docteur Michel Mouly, chirurgien gynécologue et oncologue à Paris, premier à avoir importé le MonaLisa Touch en France. J’ai actuellement une cohorte de 26 patientes atteintes de cancer du sein que je suis depuis 2013 et qui reviennent annuellement pour une séance de « rappel » avec un indice de contentement de 86%. »
Pour obtenir le précieux sésame, son efficacité doit être prouvée devant la Haute Autorité de Santé. Des études scientifiques ont déjà démontré son effet sur l’amélioration de la lubrification vaginale, des douleurs lors de la pénétration (dyspareunie) et des fonctions sexuelles1. Toutefois, elles ont été conduites sur des femmes naturellement ménopausées. Or, les femmes avec des antécédents de cancer ont des symptômes souvent plus sévères. Les résultats ne sont donc pas forcément extrapolables. C’est pourquoi deux études vont être menées spécifiquement sur cette population. La première vient de démarrer à l’IGR. L’essai devrait se poursuivre pendant 6 mois afin notamment d’évaluer la persistance de l’effet du Mona Lisa Touch sur des critères objectifs : pH du vagin, frottis… En parallèle, une étude est organisée par le Ministère des solidarités et de la santé Français et l’Institut National du Cancer. Elle sera menée pendant deux ans sur 500 femmes et mobilisera trois centres : le Centre Médical Henri Mondor à Créteil, l’hôpital Universitaire Carémeau à Nîmes et les Centres régionaux de lutte contre le cancer (CRLC). Elle comparera l’efficacité du MonaLisa Touch à celle d’un placebo, de l’acide hyaluronique, d’un lubrifiant et d’autres lasers.
Si les résultats sont probants, les femmes atteintes d’un cancer auront enfin une solution efficace, durable et remboursée pour leurs troubles sexuels.
CARTE DES CENTRES ACCRÉDITÉS MONALISA TOUCH
Emilie Groyer
1. Salvatore et al. Climacteric. 2015 ; Behnia-Willison et al. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2017