À chaque approche de nouveaux examens, j’angoisse. Faire du sport, sentir mon corps, mes muscles en mouvement, m’aident à faire passer ces peurs. Et à mieux dormir. J’ai réellement commencé le sport il y a 12 ans, après mon premier cancer du sein. La maladie avait déclenché chez moi un besoin physique, avec comme arrière-pensée de garder la récidive à distance. Un besoin, vite transformé en plaisir, comblé par la course à pied et le handball.
« Dans le rugby touch’, tout contact est écarté »
Avec l’annonce d’une récidive métastatique, il y a un an et demi, j’ai de nouveau laissé l’activité physique de côté pendant 4 mois… jusqu’à ce que je découvre le rugby santé grâce au MHR Solidaire (une section du club Montpellier Rugby Hérault, ndlr). Si j’assistais régulièrement aux tournois de rugby de mon fils, jamais je n’aurais pensé être sur le même terrain un jour. La section m’a permis de reprendre sereinement, en confiance, en parallèle de mon projet thérapeutique. Au-delà du bien-être mental, le rugby m’aide à supporter les douleurs articulaires consécutives aux traitements. Si le retour sur les stades a été difficile, car je suis repartie de loin et de très bas physiquement, ma patience a été récompensée à partir du moment où j’ai recommencé à éprouver du plaisir dans l’effort. J’ai retrouvé dans le rugby les valeurs et l’esprit collectif qui me plaisaient tant lorsque je jouais au handball.
Loin de l’image brutale que l’on se fait du rugby, sa version touch’, où les contacts sont écartés, est accessible à tous. Les séances se décomposent, de manière ludique, en deux parties : exercices techniques, puis tournois. Outre le côté sportif, qui défoule et permet de retrouver confiance en son corps, en ses capacités, il y a une dimension collective qui fait du bien.
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« Avec la maladie, on a tendance à se renfermer »
Sans le groupe, il n’y a pas d’équipe, pas de match. Et notre groupe existe et se construit au-delà des pelouses et des entraînements. Nous nous retrouvons pour aller au restaurant, organisons des goûters, assistons à des matchs. Lorsque la fatigue et les traitements sont trop pesants pour jouer, nous participons quand même aux entraînements, sur le bord du terrain, en encourageant l’équipe. Tout se fait dans la bienveillance, sans avoir besoin de cacher qui l’on est, ce que l’on ressent. Au rugby, on se donne physiquement, on échange avec des gens inspirants et forts. Chaque semaine, j’attends avec impatience ce rendez-vous du lundi. Une fois par an, le club nous inscrit à un tournoi de rugby santé. Il nous arrive aussi d’être invitées sur le terrain du club Montpellier Hérault Rugby pendant les mi-temps des matchs du Top 14. Ces moments forts nous font vibrer, nous unissent. Avec la maladie, on a tendance à se renfermer, à se cacher, à vouloir être invisible. Et là, sur le terrain des joueurs professionnels, face aux tribunes, nous sommes mises en avant. Je n’aurais jamais osé faire cela sans le groupe. C’est la preuve que l’on peut être malade et vivre de belles émotions.
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Retrouvez cet article dans Rose magazine n°26.