Les origines indiennes de son grand-père maternel ont inspiré son prénom: Indira. Il signifie « beauté », en sanskrit. Avec ses faux airs de Rihanna, la native de Basse-Terre, en Guadeloupe, semblait donc prédestinée à décrocher la couronne de Miss France. C’est chose faite depuis décembre dernier ! Dans la famille, les concours de beauté font partie de l’histoire familiale. Sa mère, Béatrice, avait déjà porté l’écharpe de Dauphine de Miss Guadeloupe, en 1998, et participé au concours de Miss Caraïbes. Admirative du parcours de sa maman, Indira a attendu d’être majeure pour se lancer, elle aussi, dans l’aventure des concours de beauté. À 18 ans révolus, elle était au rendez-vous pour décrocher les titres de Miss Basse-Terre en janvier 2022, puis de Miss Guadeloupe au mois de juil- let, avant d’être élue Miss France 2023 en décembre. Au-delà de sa plastique et de sa pugnacité, ce sont sa personnalité solaire et sa spontanéité qui ont séduit le jury réuni à Châteauroux. Et, surtout, son grand cœur. La belle Caribéenne a déclaré vouloir consacrer son mandat à soutenir les femmes atteintes de cancer, en hommage à sa grand-mère maternelle, Eliane, alias Lili, décédée de la maladie en janvier 2022. Elle nous raconte.
Le 30 janvier 2023, un mois après avoir été couronnée Miss France, vous avez effectué votre premier déplacement à l’institut Curie, à Paris. Comment s’est passée cette visite ?
Indira Ampiot : Je tenais à ce que ce soit le premier lieu où me rendre, car c’est un endroit important pour moi : ma grand-mère avait fait le chemin depuis Basse-Terre, en Guadeloupe, pour y effectuer ses examens. J’ai visité le musée et le centre de recherches, où j’ai discuté avec les scientifiques de leurs avancées. Je me suis aussi entretenue avec les soignants. L’idée était de partager un maximum sur les réseaux [son compte Instagram compte déjà 425 000 followers ; celui de l’institut Curie, plus de 17 000, ndlr], via une communication spécifique sur l’autopalpation, pour encourager la prévention et le dépistage.
Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez pris conscience de ce que le cancer représentait, au-delà du mot lui-même ?
Oui, le jour où nous avons appris que ma grand-mère maternelle, Lili, était atteinte au sein. J’avais 8 ans, elle avait 63 ans. C’est là que j’ai compris que l’on pouvait en mourir. Elle a guéri de ce premier cancer, mais on lui a découvert ensuite une autre tumeur, au poumon, que l’on avait ratée aux examens. Elle s’est battue comme une lionne pendant les treize dernières années de sa vie. Pendant les derniers mois, je me suis préparée chez elle pour le concours de Miss Basse-Terre. Je suis heureuse qu’elle ait pu me voir revenir à ses côtés avec la couronne et l’écharpe. Elle en a été très fière. Elle est décédée dix jours plus tard. Je garde sa force et son courage en moi, cela me porte ! D’ailleurs, j’ai senti sa présence près de moi durant toute l’aventure Miss France.
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Vous souhaitez aider les femmes en traitement à retrouver leur confiance. Qu’est-ce qui vous touche le plus chez elles, la perte de la féminité ?
Oui. Quand on est malade, prendre soin de soi, de sa féminité, c’est hyper important. Ma grand-mère était une très belle femme, aux longs cheveux. Les perdre pendant la chimio a été très compliqué pour elle. Elle s’est mise à porter des bonnets. On lui en avait d’ailleurs acheté de toutes les couleurs, assortis à ses tenues. Je me souviens aussi du geste de solidarité magnifique de ma mère envers sa maman: elle s’est rasé la tête ! C’est important d’accompagner les malades, et tous les gestes comptent. Quand nous emmenions Lili en chimio, ma mère et moi, on la maquillait. Elle choisissait son fard à paupières, son rouge à lèvres. Elle continuait à se faire les ongles… Se sentir belle, cela permet d’aller au-delà, de se projeter, de garder confiance et espoir.
Comment êtes-vous devenue marraine de l’association Amazones Guadeloupe ?
Au moment du concours de Miss Basse-Terre, j’avais communiqué au comité mon envie de sensibiliser un maximum de personnes dans la région à la lutte contre le cancer. Et je m’étais déjà rapprochée de l’association des Amazones, qui était connue du comité. Ce sont elles qui m’ont proposé de devenir leur marraine. Elles organisent des ateliers de soins de support, des soins esthétiques, elles sont surtout en train de construire un lieu de vie pour les adhérentes et leurs proches : le Nid.
Qu’avez-vous appris de cette expérience ?
Que la détection est notre première arme ! Environ 90 % des cancers dépistés à temps sont guéris. Avant de côtoyer les Amazones, je ne connaissais pas la technique de l’autopalpation. Je l’ai apprise grâce à elles. L’association a d’ailleurs un programme d’information sur le sujet: Touche tes titis. Transmettre son savoir, c’est déjà un début de lutte contre la maladie. Par exemple, l’oncologue de ma grand-mère lui avait préconisé de boire des jus de fruits frais. Elle s’en préparait tous les jours. Consommer plus de fruits et légumes, pleins de vitamines et de minéraux, quand on est malade, ça peut aider, mais tout le monde n’en est pas conscient. Ce genre de conseil peut se transmettre au sein des associations, dans des lieux consacrés aux patients et à leurs proches, où ils se sentent aussi moins seuls, et soutenus.
Vous voilà pour un an Miss France… Et après ?
Je comptais intégrer une école de communication à Paris, pour étudier l’identité visuelle et publicitaire, donc c’est génial que mon élection m’ait permis de m’installer dans la capitale ! Cette année, je vais partir à la découverte de la France et en explorer toutes les régions… J’ai déjà l’impression de faire un grand stage de communication en tant que Miss [rires] ! Cette position privilégiée me permet aussi de mettre en lumière ma lutte contre le cancer et de continuer à porter un message de prévention. Il faut rappeler que cela n’arrive pas qu’aux autres et qu’il faut rester vigilant ! C’est une maladie qui se soigne de mieux en mieux, mais qui se développe aussi de plus en plus… Et, ce qui me paraît vital, c’est d’encourager la création de nouveaux lieux d’accueil et d’information pour les patients et leurs familles.
BIO EXPRESS
19 septembre 2004 : Naissance à Basse-Terre, en Guadeloupe.
8 janvier 2022 : Élue Miss Basse-Terre. Le 18 janvier, sa grand-mère maternelle, Eliane, décède d’un cancer.
27 juillet 2022 : Bachelière avec mention à 17 ans, elle est élue Miss Guadeloupe.
17 décembre 2022 Elle devient Miss France 2023.