« C’est le site que j’aurais aimé avoir pendant mes séances de chimio ». Ce n’est désormais plus une simple idée pour Emilie, qui a lancé sa plateforme de revente d’accessoires de chimiothérapie en mars dernier. Une idée née pendant les traitements de son cancer du sein, diagnostiqué en février 2019.
Sur la forme, “Miochi” s’inspire directement de Vinted, le célèbre marché en ligne de vêtements d’occasion, dont Emilie est fan. Sa spécificité ? Il s’adresse aux femmes atteintes de cancer. On y retrouve ainsi des perruques, des franges, des foulards ou encore des livres et des produits cosmétiques. Le tout dans un univers rose et violet, avec un logo rappelant une héroïne de dessins animés japonais. « Je suis une enfant des années 90, j’ai grandi avec le club Dorothée et l’univers “kawai” [mignon en japonais, NDLR]. D’ailleurs Miochi, chimio en verlan, c’est aussi un clin d’œil à cette époque », raconte Emilie en riant.
Avoir le choix
Quelques utilisatrices sont inscrites sur la plateforme et ont déjà posté leurs articles. Le gros avantage, c’est le prix. « Tout est au moins à 50% du prix d’achat d’origine », confirme Emilie. Mais si les perruques et les prothèses capillaires coûtent cher, elles sont remboursées en intégralité ou en partie. Ainsi, une perruque de classe 1 peut être remboursée à hauteur de 350 euros selon les chiffres de l’Institut national du cancer (Inca). Pourquoi alors vouloir acheter une perruque d’occasion ? « Pour avoir plus de choix », répond tout simplement Emilie. « Cela peut être utile par exemple si votre perruque ne vous convient finalement pas, qu’elle n’est pas très confortable ou que vous préférez une autre couleur. Personnellement, je ne me vois pas la jeter, je préfère qu’elle serve à quelqu’un », argumente-elle.
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« Je voulais rester “girly” malgré la maladie »
À la chasse aux réductions
Pendant ses traitements de chimiothérapie et d’hormonothérapie, Emilie perd petit à petit ses cheveux. Elle décide alors de trouver des accessoires comme des turbans ou des franges. « Je ne voulais pas me laisser aller, je voulais rester “girly” malgré la maladie et moi quand je ne vais pas bien, j’achète des trucs », reconnaît-elle. Mais face aux prix des produits spécialisés, elle se tourne vers les occasions sur les différentes plateformes déjà existantes comme Le Bon Coin, Ebay ou Vinted. L’idée lui vient alors de rassembler tous ces produits, sur une seule et même plateforme. En parallèle, Emilie en discute sur le réseau social Facebook, dans un groupe de paroles de femmes atteintes de cancer. « Beaucoup d’entre elles m’ont mentionné qu’elles attendaient un site comme Miochi », explique-t-elle.
Un projet qui prend vie
En avril 2020, Emilie participe à un appel à projet lancé par l’association lyonnaise Dégom’Crab : « C’était pour le salon des K fighteuses, un événement qui réunit des initiatives d’hommes et de femmes qui ont vécu le cancer. Mon projet n’a pas été retenu, mais la fondatrice de l’association, Séverine Martin, m’a indiqué que j’avais eu un bon placement parmi les projets et beaucoup de retours positifs ». Motivée par ces encouragements, elle décide de trouver un informaticien pour concevoir son site web. Mais les devis sont beaucoup trop élevés pour cette mère de 3 enfants. C’est en lisant la presse locale qu’Emilie trouve une solution. « Un article mettait en avant l’initiative d’un jeune, qui avait développé un site de revente d’équipement sportif. Je me suis tout de suite dit que la solution était là », décrit-elle. Ce dernier lui transmet les coordonnées de Maxime, un étudiant en informatique de 21 ans. « Il a tout de suite accepté. Je suis persuadé que le projet est né parce que je l’ai rencontré. J’en serais peut être encore à l’étape zéro aujourd’hui sans lui ».
Même si peu de produits sont disponibles pour le moment, Emilie continue d’exercer son métier d’assistante sociale et ne compte pas se dédier entièrement à Miochi. A terme, elle souhaite avoir la capacité de reverser à la recherche pour le cancer, les 10% de commission qu’elle récupère actuellement. « C’est plus une sorte d’exutoire. Ça me change tellement de mon travail habituel. Et puis le but, c’est que tout le monde puisse acheter. J’aime l’idée que mon expérience du cancer se transforme en quelque chose de positif ».