J’arrive un peu essoufflée et énervée au centre Zen and Sounds : mon métro a eu un “problème technique” et je suis un peu en retard. Je m’excuse auprès de Lydéric qui m’accueille avec un grand sourire et me rassure immédiatement : la séance n’a pas encore commencé. Il m’invite d’une voix douce à poser mes affaires dans de petits casiers fermés à clés et à laisser mon téléphone au vestiaire : il ne faudrait pas qu’une sonnerie intempestive vienne gêner le Gong Bath. Littéralement : “bain de gongs”. Cette technique de méditation, qui nous vient tout droit d’Asie, m’est totalement étrangère. Je suis un peu dubitative mais je suis curieuse alors j’essaie de garder l’esprit ouvert.
La salle de méditation est chaleureuse et sent bon l’encens. Sur le parquet, de confortables matelas, agrémentés de coussins de différentes tailles et d’une couverture, invitent à la détente. Je m’assois sur l’un d’eux. Sept autres personnes sont déjà installées. Que des femmes. “C’est assez inhabituel” me précise Lydéric avant de s’installer face à nous. “Qui vient pour la première fois ce soir ?” demande Lydéric. Quatre mains se lèvent… dont la mienne.
Des vibrations apaisantes
Le sonothérapeute est entouré de dizaines de bols himalayens et d’autres instruments exotiques : zagdrum, koto, koshi… Dans son dos, 13 gongs sont suspendus. Ces disques bosselés sont impressionnants. Le diamètre du plus grand dépasse le mètre. “Il s’agit de gongs symphoniques et de gongs planétaires, précise Lydéric. La fréquence de leur vibration est accordée sur la fréquence des planètes. Cette transposition a été calculée par un mathématicien suisse, Hans Cousto, en prenant compte notamment de la vitesse de rotation des astres.” Moi qui croyais expérimenter une pratique new age, je suis étonnée par cette approche « scientifique ». “Des études ont montré que ces vibrations amènent le cerveau à produire des ondes delta et thêta comme c’est le cas lorsqu’on entre en méditation ou en hypnose. Nous conduisons d’ailleurs nous même une étude sur les bienfaits du Gong Bath. Ne vous étonnez donc pas si vous entendez des petits bips à la fin de la séance : ce sont les cardiofréquencemètres que nous avons installés sur les personnes qui se prêtent à l’étude.” Zen and Sounds collabore depuis quelques mois avec le CHU de Clermont-Ferrand pour évaluer les effets du Gong Bath sur le stress en mesurant la fréquence cardiaque de pratiquants, novices ou avancés, et en leur soumettant des questionnaires sur leur bien-être. Soixante personnes y participent. Les chercheurs espèrent publier leur résultats en octobre. Me voilà rassurée : je ne suis pas tombée sur une secte vibratoire !
Comme dans « Gravity »
Finie la théorie. Place maintenant à la pratique. Je m’allonge sur le matelas. Je cale un coussin sous mes genoux, un autre sous ma nuque. Je me glisse sous la couverture (Lydéric nous a prévenues que nous risquions de nous refroidir pendant la séance) et je place un masque sur mes yeux pour ne pas être dérangée par la luminosité de la pièce. Le fait de bloquer ma vue me permet également de concentrer mon attention sur mon ouïe.
Les premiers sons qui me parviennent me sont familiers : cela ressemble aux tintements des carillons que l’on suspend sur les terrasses pour leur apporter un côté “zen”. Ils laissent rapidement place à des sonorités plus graves. J’ai la sensation de la tête qui tourne mais dans l’ensemble de mon corps. Étrange mais pas désagréable. Puis cette impression laisse place à une certaine lourdeur. Comme si je m’enfonçais un peu plus dans le matelas. Après quelques minutes, mon esprit commence à vagabonder : je pense à ce que je vais faire à manger ce soir, à mon déménagement qui approche et aux cartons que je n’ai pas encore terminés. J’essaie de ramener mes pensées à l’instant présent et de me concentrer sur ce que j’entends. Me voilà transportée dans la bande originale d’un film de science fiction. Gravity. Je flotte dans l’espace. Les sons m’arrivent étouffés. Ni totalement harmonieux, ni totalement dissonants. L’instant suivant, je plonge dans l’océan et il me semble entendre le chant des baleines. Quand je ressors la tête de l’eau, je suis accueillie par une averse. Malgré moi, j’essaie d’identifier l’instrument qui émet ces sons apaisants. Ne serait-ce pas un bâton de pluie ? Et me voilà à nouveau embarquée par le côté analytique de mon cerveau qui ne veut pas se mettre en veille.
Des résonances plus célestes me ramènent doucement sur terre. Je découvre avec étonnement qu’une heure et demi s’est écoulée : j’avais perdu toute notion du temps. Je m’étire et enlève doucement mon masque : la lumière de la pièce m’éblouit. Je me sens détendue et reposée. Je baille à gorge déployée. J’ai la gorge sèche. Lydéric nous invite à passer côté cuisine pour nous réhydrater. Le moment est convivial. Mais rapidement la réalité me rattrape. Il va falloir que j’affronte une expérience bien moins agréable : le métro parisien. Et si je rentrais à pied ?
Emilie Groyer
INFO +
Zen and Sounds, 88 boulevard de Charonne, Paris 20ème.
Tarifs du Gong Bath : 28€ la séance, 240€ les 10
Pour nos lectrices, Zen and Sounds offre -20% sur les Gong Bath avec le code : rose2019
Le centre part régulièrement en tournée avec ses 12 gongs en France (Rouen, Orléans), en Belgique, en Suisse et en Allemagne. Il propose également des massages sonores, des cours de yoga et de chant thérapeutique ainsi que des ateliers.