J’ai appris que j’étais enceinte un mois après avoir subi une tumorectomie et alors que j’étais sur le point de faire ma première séance de rayons. Littéralement. La radiothérapeute était en train de me placer sous la machine lorsque je lui ai dit
que j’avais mal aux seins et qu’en plus je n’avais pas eu mes règles. « Le stress sans doute », ai-je ajouté. Immédiatement, elle a tout stoppé et demandé une prise de sang en urgence. La terre a tremblé quand j’ai su. J’étais à la fois submergée de joie tout en ne sachant pas trop quoi penser.
Première mesure : on a évidemment suspendu la radiothérapie. Puis on m’a rassurée : cette grossesse ne représentait pas un facteur aggravant de la maladie. J’ai un cancer peu agressif de type lobulaire (environ 10 à 15 % des cas de cancer du sein). À mon âge, il est plutôt exceptionnel, car il touche en général les femmes âgées. En revanche, il est hormono-dépendant, et le risque de rechute est important.
Pour la chirurgienne qui m’avait opérée de mes 3 tumeurs, il allait falloir réagir sans tarder après l’accouchement et procéder à une mastectomie totale pour compenser l’absence de rayons. C’est ce qu’elle m’a annoncé sans ménagement au téléphone. J’ai terriblement mal vécu cette annonce, qui signifiait qu’on me retirait toute possibilité d’allaiter.
« Aux échographies, je vois que mon bébé va bien. Comme sa maman ! » – Alice, 39 ans
Le moral en dessous de zéro, j’ai fini par trouver la force de solliciter un second avis. L’oncologue qui m’a reçue m’a certifié que mes seins allaient bien et que m’infliger une mastectomie serait une violence inutile. Il m’a dit de prendre le temps d’accoucher puis d’allaiter avant de démarrer – comme prévu initialement – une hormonothérapie pendant 5 ans. Entre-temps, à la moindre alerte, on aviserait.
Il était à l’écoute, et l’échange a d’emblée été fluide. Après presque 2 trimestres de grossesse, durant lesquels j’ai balancé en permanence entre la joie et la peur, j’avais besoin de cette humanité. Soulagée, rassurée, j’ai retrouvé le sommeil.
J’ai bien conscience d’avoir une maladie grave et je reste d’ailleurs sous surveillance, mais je ne me sens plus en sursis. Le plus important, c’est de sentir et de voir aux échographies que mon petit garçon va bien, vit bien. Comme sa maman !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet
Photos de Corinne Mariaud
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 21, p. 70)