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Mamans Miracle – « J’avais le sentiment que le cancer me volait ma grossesse »

{{ config.mag.article.published }} 24 octobre 2024

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Virgilia Hess, journaliste à BFM TV, a été diagnostiquée d'un cancer du sein à près de six mois de grossesse. À l'occasion de la sortie de son livre "Ma grossesse m'a sauvé la vie", elle témoigne de son parcours et du sentiment de culpabilité qui l'a suivie, d'abord en tant que femme enceinte puis comme jeune maman.

RETRANSCRIPTION

Lorsque j’ai été diagnostiquée du cancer du sein, ça faisait six mois que j’étais dans cette dynamique de vie, où tout le monde prenait des nouvelles de mon bébé, voulait savoir quel était le sexe, si on avait trouvé le prénom… Ce n’était que des choses positives. Et d’un coup, on m’annonce ce cancer et j’ai l’impression que ma grossesse passe au second plan. C’était comme si mon nouveau bébé, entre guillemets, c’était devenu le cancer.

Même si ça partait d’une bonne intention, je sais que toutes les personnes qui prenaient de mes nouvelles par rapport à mes traitements et au cancer, c’était qu’ils avaient envie de m’épauler et de prendre soin de moi, mais malgré ça, moi, le sentiment que j’avais à ce moment-là, c’était que ce fichu cancer était en train de tout détruire sur son passage, de rallier même mes proches avec lui parce que c’était lui maintenant le centre de l’attention, c’était plus mon bébé. J’avais vraiment ce sentiment que le cancer était en train de me voler complètement ma grossesse.

L’annonce pendant la grossesse

Dès que j’ai eu l’annonce, je me suis adressée à ma fille même lorsqu’elle était dans mon ventre pour lui expliquer ce qu’il se passait. Déjà parce que je ne voulais pas en faire un sujet tabou et aussi parce que je considérais qu’elle avait été là le jour de l’annonce, ça fait partie de son histoire aussi.

J’ai mis des mots sur tous les sentiments que je pouvais ressentir pour lui expliquer ce qu’il se passait pour la rassurer, pour me rassurer peut-être un petit peu aussi en même temps. Pour moi on était en duo, on était vraiment deux à faire face à ça, à aller en chimiothérapie. Donc c’était logique que je lui parle et que je m’adresse à elle.

Le regard des autres

J’ai eu deux chimio lorsque j’étais enceinte. Le regard des autres patientes parfois me faisait réaliser que je n’étais pas censée être là. Ça ajoute encore plus à ce sentiment d’injustice et ce sentiment de tristesse aussi. Notamment quand j’allais en chimio. On me faisait comprendre par le regard qu’il y avait quelque chose qui n’était pas normal dans le fait d’arriver avec un gros ventre de femme enceinte.

Mais je les esquivais ces regards parce que j’avais très peur que, sans le vouloir, ça amène à une discussion désagréable. Notamment que quelqu’un me demande ce que je faisais là, et « Ha bon, mais c’est possible d’avoir de la chimiothérapie ? Mais c’est pas mauvais pour votre enfant ? »…. Et que ça rajoute un petit peu plus de culpabilité alors que j’en avais déjà.

Le sentiment de culpabilité

J’ai eu ce sentiment de culpabilité pour plein de raisons finalement. Déjà de devoir lui faire subir les traitements de chimio, parce qu’elle était en colocation avec moi dans mon ventre et j’étais en train de ressentir plein de sentiments différents qu’un nouveau né, ou qu’un tout petit bébé, n’est pas censé connaître à ce moment-là : la colère, la tristesse, le sentiment d’injustice…

En fait, c’est beaucoup de choses qu’une femme enceinte ne doit pas vivre parce qu’on nous dit à chaque fois “Arrête de stresser, arrête de t’énerver, le bébé il ressent tout, c’est pas bon pour lui”… J’avais peur que ça en fasse un bébé complètement angoissé.

La naissance à la maternité

La naissance en elle-même a été un super moment parce que j’ai eu le droit à un petit peu de magie dans le sens où elle est née naturellement, quelques jours avant le déclenchement qui était prévu. Mais c’est vrai que très rapidement malheureusement le cancer a repris le dessus.

La toute première fois où j’ai laissé mon bébé, c’était pour partir en chimiothérapie alors que j’aurais préféré, je ne sais pas, aller faire du shopping peut-être (rire). Pour la première fois où on laisse son enfant normalement c’est pour une autre raison que celle-là.

Il y a eu quand même pas mal d’évènements qui m’ont ramenée au cancer. Même lorsque j’étais encore à la maternité, des réflexions qu’on a pu me faire, même de la part d’infirmières qui attendaient de moi que j’aie la même énergie qu’une jeune maman lambda ou même des réflexion comme : « Ha, vous avez décidé de ne pas allaiter ? » Alors que je n’avais rien décidé du tout, j’étais en traitement de chimiothérapie et de fait c’était impossible l’allaitement pour moi.

 

Premiers pas de maman

Lorsque j’ai eu mon opération de tumorectomie, on m’a dit de ne pas porter de charges lourdes pendant trois semaines, voire un mois, et qui dit charges lourdes dit mon bébé.

J’étais vraiment frustrée, comme je ne pouvais pas la porter. Je voyais tout le monde qui venait la rencontrer pour la première fois et qui était en train de la dorloter, de la prendre dans les bras, et moi je n’avais pas le droit. Pour mon coeur de maman ça aussi, ça a été un déchirement.

L’importance de témoigner

Quand on a un tel diagnostic, donc qu’on est enceinte et qu’on nous annonce un cancer, on a vraiment ce besoin de se trouver quelqu’un, un modèle, un exemple. Quelqu’un qui serait passé par là et qui aurait vu le bout du tunnel. J’ai eu l’impression de remuer ciel et terre pour trouver un témoignage d’une femme qui avait eu son cancer du sein diagnostiqué pendant la grossesse.

Et en fait, par les associations et notamment une marque qui s’appelle “Les Franjynes” et qui propose des prothèses capillaires, on a pu me donner le contact d’une fille qui s’appelle Justine et à qui il est arrivé la même chose et qui m’a beaucoup rassurée. On a longuement échangé et elle me parlait de sa petite fille qui était un « bébé warrior » et ça, ça m’a donné beaucoup d’espoir.

Ce qui m’a permis aussi de garder la tête hors de l’eau, en plus bien sûr de mon bébé, c’était ce lien avec les autres sœurs de combat, les autres femmes qui traversaient une épreuve similaire. Ça m’a vraiment permis de tenir, de voir le bout du tunnel et un petit peu de lumière.

« Léna-Rose est née avec plus de cheveux que moi ! »

Aujourd’hui je vais bien. J’ai eu ma dernière chimio il y a trois mois. Maintenant, le plus gros est passé même si bien sûr il y aura toujours, je pense, cette peur de la récidive, ce petit nuage gris comme une épée de Damoclès qui flotte au-dessus de la tête mais je me dis que je tiens le bon bout.

Et preuve qu’il n’y a eu aucun souci avec la chimiothérapie et que la barrière placentaire était là pour protéger mon bébé, c’est que Léna-Rose est née avec plus de cheveux que moi !


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Richard Monteil

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