La chimiothérapie et la radiothérapie ciblent les cellules à division rapide, caractéristique des cellules cancéreuses. Le hic, c’est que les muqueuses qui tapissent le tube digestif, la bouche et la langue sont elles aussi… des cellules à division rapide ! « La muqueuse, qui sert normalement de barrière contre les agressions extérieures, est atteinte. Les germes de la bouche (bactéries ou champignons) se développent plus et augmentent l’inflammation déjà causée par la destruction des cellules saines de la muqueuse », explique le Dr Wagner. Résultat : l’intérieur de la bouche devient rouge, douloureux et se couvre d’aphtes.
C’est grave, docteur ?
Les mucites sont classées en 4 grades. Au premier grade, on ressent une légère gêne au moment des repas. Au second, des aphtes douloureux apparaissent. Au grade 3, la muqueuse est érodée et on n’ingère plus que des aliments liquides. Au grade 4, les douleurs sont telles que l’on ne peut plus avaler. Il faut alors être alimenté par sonde…
Heureusement, les cas graves sont rares ! « La chimiothérapie donne plutôt des mucites légère ; 30 à 40 % des patients développent une mucite de grade 1 ou 2 et seulement 5 à 10 % une de grade 3 ou 4. Environ la moitié n’en aura pas du tout » précise le Dr Wagner.
Y a-t-il des personnes à risque ?
Cela dépend, entre autres, du type et de l’intensité de la chimiothérapie. « Les patients soignés pour un lymphome ou une leucémie ont plus de risques car le traitement est plus intense », souligne le Dr Wagner. Les personnes qui ont une mauvaise hygiène bucco-dentaire, qui fument ou boivent beaucoup d’alcool peuvent aussi développer des mucites plus facilement.
Ça dure combien de temps ?
La mucite apparaît autour du 8e-10e jour après la chimiothérapie et dure rarement plus d’une semaine. Donc, quand on arrive à la cure de chimiothérapie suivante, en général, la mucite est guérie.
Les alliés pour lutter contre les mucites ?
Les glaces : bonne nouvelle, sucer glaçons, glaces ou sorbets calme l’inflammation.
La brosse à dents : l’utiliser après chaque repas aide à prévenir et à soulager les mucites. Mais à condition de la choisir extra-souple et d’effectuer de légers mouvements de balayage, de la gencive vers les dents. Bannir en revanche la brosse à dents électrique et les cure-dents !
Le bain de bouche : « Avant de débuter une chimiothérapie, de nombreux médecins prescrivent un bain de bouche. Les recettes sont diverses mais principalement à base de bicarbonate de sodium. On peut y ajouter un anesthésique local (ex : Xylocaine®) ou un anti-inflammatoire si la mucite est déjà déclarée et forte », rapporte le Dr Wagner. Souvent, le pharmacien prépare le mélange lui-même pour faciliter le soin.
Il est recommandé de faire des bains de bouche 8 à 10 fois par jour en gargarismes. Ils doivent se faire entre les repas et on doit garder le bain 30 à 60 secondes en bouche avant de le recracher.
Quels sont les traitements en cas de mucite de grade 3 ou 4 ?
Des bains de bouche seront prescrits, ainsi que des antalgiques en comprimés ou gel, voire un traitement à base de cortisone. Parfois, la mucite est aggravée par une surinfection liée à un champignon (mycose). On ajoute alors un antifongique type Fungizone®. Pour les mucites liées à la radiothérapie, les séances de laser sont efficaces.
L’homéopathie : « On peut prendre du Kalium bichromicum en 9 ch, associé à du Mercurius corrosivus en 7 ch. En prévention, cinq granules de chaque une fois par jour et, si la mucite apparaît, trois granules de chaque 3 à 5 fois par jour. L’idéal est de consulter un homéopathe qui prescrira un traitement adapté à chacun », souligne le Dr Wagner, qui a suivi les cours du DU homéopathie à la faculté de médecine de Strasbourg et intègre les conseils homéo à ses consultations.
Stop…… au jus de fruits du matin : tout ce qui est acide, agressif est à éviter. Donc exit les fruits et légumes crus, au bénéfice des versions cuites et mixées, type compotes ou purées. Holà aussi sur l’alcool, les épices et les condiments (ketchup, moutarde…), ou encore la croûte du pain !