« Une parenthèse ».
« Une période considérée comme différente du cours normal des événements », dit le dictionnaire. Assurément, le cancer extrait l’individu d’un parcours qu’on croyait tout tracé, ou à tout le moins pas trop jonché d’embûches.
De cette extraction, Nathalie Rouckout, comédienne, en parle avec simplicité, sans filtre et sans le pathos qui rend parfois les écrits dédiés indigestes. À l’opposé, l’ouvrage se lit d’une seule traite. On le dévore. L’auteure, touchée par un cancer dit « triple négatif », ne s’épanche pas tant sur des descriptifs de soins : elle y livre son âme, bien plus intime, avec une extrême pudeur.
On ne peut qu’être touché par le récit où la mère, la matrice reste au cœur des réflexions ; la mère de Nathalie, Nathalie maman, la maternité, le sein, tout semble distinct et pourtant la parenthèse s’inscrit dans une histoire familiale forte, nourrissant une confusion de sentiments qui ne cessent d’évoluer au cours des événements.
Un parcours durant lequel Nathalie reste pleine de cette vie qu’elle défend avec ardeur pour faire taire les mauvais pronostics d’un triple négatif, des épreuves qui émaillent son compte facebook dont certaines publications viennent ponctuer la narration.
Rien de plaintif dans cette balade avec Nathalie, un optimisme débordant et une volonté farouche de faire sur-naître l’artiste. Jamais cette image de la lumière au bout d’un tunnel obscur n’a pris autant de sens à la lecture de l’auteure, qui s’est extraite de la maladie comme la maladie l’avait extraite du «monde normal» : Nathalie est solaire et porte en elle tous les espoirs d’une communauté.
13,90 € en format papier et 2,99 € en numérique. Chez tous les bons libraires.
Evelyne Merlier