La peau est souvent malmenée par les traitements anti-cancéreux : sécheresse, syndrome main-pied, irritation, rash, folliculite… Loin d’être anodins, ces effets secondaires dégradent considérablement la qualité de vie des patients. « Le syndrome main-pied par exemple rend l’écriture compliquée, la marche aussi devient difficile » rappelle Fabienne Alfonsi, directrice de la communication scientifique du laboratoire Bioderma. Des symptômes qui obligent parfois les oncologues à réduire le dosage du traitement, voire à l’arrêter, avec le risque de perte de chance pour le patient.
« Nous ne connaissons pas bien les mécanismes qui conduisent à ces toxicités et nous ne savons pas pourquoi certaines peaux réagissent plus que d’autres » reconnaît Hédi Chabanol, experte des effets secondaires cutanés à l’Institut Curie. La fondation, dont l’une des missions est la recherche médicale, a décidé de s’atteler à cette problématique, en collaboration avec le laboratoire Bioderma, en inaugurant aujourd’hui l’Espace de Soins et d’Étude de la Peau. Dans cette petite, située dans l’hôpital de jour de l’Institut Curie, trône un tapis de course et différents appareils de mesure. « Le tapis nous permettra d’analyser les pressions plantaires. Avec les autres outils, nous étudierons la couleur, l’épaisseur, le pH… de la peau au moment de la prise en charge du patient puis, tout au long de son traitement » détaille Hédi Chabanol, responsable du nouvel espace.
Il s’agira d’une nouvelle étape dans le parcours de soin proposé aux patients de l’Institut Curie : « Nous avons mis en place une consultation infirmière de suivi de chimiothérapie orale (Cisco). C’est l’occasion pour les patients de parler de leurs effets secondaires et notamment cutanés. Les infirmières m’adresseront les patients en fonction de leurs symptômes pour que je les évalue précisément. Mais les instruments de mesure sont mobiles : je vais donc aussi pouvoir passer dans les différents services de l’hôpital » explique Hédi Chabanol.
À terme, ces recherches profiteront à tous les malades souffrant de troubles cutanés consécutifs de traitements anti-cancéreux puisqu’elles feront l’objet de publications scientifiques. « Aujourd’hui, la solution que nous proposons aux patients est de se badigeonner de crème 4 fois par jour et de s’emmailloter pendant une heure. Ce n’est pas satisfaisant et on sait que les malades arrêteront de le faire au bout de quelques jours. Grâce à nos recherches, nous espérons trouver les spécificités des différentes peaux, définir des profils types de patients à risque de toxicités pour leur proposer des solutions efficaces et adaptées.. »
Emilie Groyer