Comment limiter les risques de récidive du cancer colorectal ? Cette question est au cœur d’un programme de recherche, lancé en 2011 avec le soutien de la Fondation ARC. Ce projet vise à mieux comprendre le fonctionnement des cellules souches, à la fois celles impliquées dans la formation initiale des tumeurs et celles qui, plus tard, peuvent être à l’origine d’une rechute.
« Les cellules souches sont capables de s’auto-renouveler et de se dupliquer de façon répétée », explique Philippe Jay, responsable d’équipe à l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier. « Notre objectif est d’étudier le fonctionnement des cellules souches cancéreuses pour identifier d’éventuels talons d’Achille qui pourraient servir de cibles à des futurs médicaments », ajoute-t-il. Un autre projet, initié en 2012 dans cet institut, vise à mieux comprendre les raisons pour lesquelles certains cancers colorectaux sont résistants aux actuelles chimiothérapies.
Une bonne alimentation avant tout
Gare au gras ! Ainsi qu’au sucre, aux produits laitiers, à la viande et à la charcuterie… Menée auprès de 500 000 personnes dans 10 pays européens, l’étude Epic (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) a montré que « viandards » et autres amateurs de charcutaille (160 g/jour) ont un risque augmenté d’un tiers par rapport à ceux qui se contentent de 80 g par semaine.
Même tarif pour les becs sucrés ! Les douceurs sont accusées de stimuler la sécrétion d’insuline, qui dope les facteurs de croissance cellulaire. À l’inverse, la consommation de 80 g de poisson par jour réduit le risque de cancer colorectal de 40 % par rapport à ceux qui n’en mangent que 20 g. En résumé, le menu idéal se compose donc de poisson et de crustacés, de fruits et légumes riches en fibres, cuits ou crus, de légumineuses, d’oléagineux, d’huile d’olive, de fromage de brebis ou de chèvre et… d’un verre de vin rouge par repas. Le fameux régime crétois, quoi…
Aspirine et calcium, de possibles alliés pour limiter les risques du cancer colorectal !
En dehors de l’alimentation et du sport, certaines substances pourraient-elles prévenir le cancer colorectal ? Oui ! En tête du peloton, l’aspirine, par son effet anti-inflammatoire, antiagrégant plaquettaire et antiprostaglandine, est celle qui donne les meilleurs résultats : elle diminuerait le risque de cancer colorectal de 30 %. « Sans que son usage systématique puisse être préconisé, ni le dosage bien défini », précise toutefois le Dr Rinaldi.
Autres pistes : une consommation élevée de calcium et/ou de vitamine D serait associée à un moindre risque de cancer et d’adénomes, comme celle de statines, folates et autres substances au nom bizarroïde, qui font l’objet de la plus grande attention des chercheurs.
Les acides gras à la loupe
À l’avenir, il sera peut-être possible de savoir quels aliments il vaut mieux éviter pour limiter le risque de cancer colorectal. Tel est l’espoir de chercheurs (Inserm-Gustave-Roussy) qui ont lancé en 2011 une étude financée par la Fondation ARC et conduite à partir d’un groupe de 100 000 femmes françaises, régulièrement suivies depuis 1990. L’objectif est d’avoir une idée plus précise de leur consommation d’acides gras, ces lipides présents dans de nombreux aliments : la viande, le poisson, les produits industriels…
« On pense que certains acides gras pourraient avoir un effet protecteur contre certains cancers tandis que d’autres pourraient augmenter le risque », explique Véronique Chajes, du Centre international de recherche sur le cancer. « Nous allons faire des dosages d’acides gras dans le sang de femmes qui ont eu un cancer colorectal et faire une comparaison avec des femmes qui n’ont pas développé la maladie », poursuit la chercheuse. L’idée, à terme, est de concevoir des conseils nutritionnels bien ciblés pour se prémunir du cancer colorectal.
Pierre Bienvault et Céline Dufranc