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La Perruque, le one-woman-show qui se joue du cancer colorectal

{{ config.mag.article.published }} 26 mars 2024

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Afin de sensibiliser le public au cancer colorectal, encore tabou, Sylvie Chombart a créé un spectacle à la fois informatif, délicat et irrévérencieux. Une « fantaisie épique » qui tombe à pic en ce mois de Mars Bleu, dédié au dépistage de ce cancer.

Comment est né ce projet ?

Sylvie Chombart : J’étais en rémission depuis 5 ans et j’ai eu envie d’écrire sur mon cancer pour partager mon parcours. Avec humour et lucidité. Nous l’avons fait à quatre mains, avec mon compagnon, Denis Bernadet, qui m’a accompagnée tout au long de la maladie, et qui a aussi été ma mémoire. Une première pour tous les deux. J’ai décidé de faire de l’autofiction. Dans la pièce, j’ai changé mon métier, mon prénom, pour créer une distance afin de ne pas être trop remuée quand je joue.

La Perruque, pourquoi ce titre ?

Il rappelle ce moment choc où on perd ses cheveux. C’est raide ! Ils sont tombés d’un coup, après une chimio pour récidive. Tout raser me semblait plus « vivable ». Je me suis résignée à aller acheter une perruque, mais même après avoir adapté sa coupe à mon visage, j’ai bloqué : ce n’était pas moi ! Son poids, sa rigidité…, je ne l’ai pas supportée. Cela m’a obligée à assumer mon crâne nu. Tout le monde me disait que ça m’allait bien. Une découverte ! Ma perruque est devenue la guest-star du spectacle. Finalement, je ne l’ai pas achetée pour rien !

Quel est le message derrière La Perruque ?

C’est un outil de sensibilisation.  Je voulais rappeler aux patients qu’ils ont le pouvoir de rester maître et maîtresse de leur maladie, d’en tenir les rênes. Qu’ils sont libres de ne pas se laisser envahir et impressionner par le monde médical, l’agenda des rendez-vous imposés. Qu’on le veuille ou non, un rapport de force s’instaure avec les soignants. En réaction, j’ai eu un côté « Pancho Villa » (révolutionnaire mexicain du début du XXème siècle, ndlr). L’annonce du diagnostic d’une maladie pas rigolote fragilise, alors c’est important de garder son indépendance, de rester acteur de son itinéraire de patient.

Vous saluez vos soignants, mais vous parlez aussi des médecines non-traditionnelles qui vous ont aidée. Ça aussi c’est de la sensibilisation ?

Dès le diagnostic, en accord avec mon oncologue, j’ai eu recours notamment à l’acupuncture et, avant ma première opération, à l’hypnose. Je flippais pas mal avant l’intervention et trois séances m’ont réellement boostée ! J’ai aussi fait appel à un coupeur de feu qui m’a soulagée pendant les séances de radiothérapie. Attention, je ne fais pas de prosélytisme, cela reste un témoignage.

Vous abordez de façon directe et sans tabou des questions très intimes. Par exemple celle de la vie sexuelle avec une stomie.  Pourquoi était-ce important ?

Parce que l’érotisme m’a aussi aidée à tenir. Ça fait un bien fou de recevoir des attentions des autres, de proches. Sur scène, je lis les messages que m’avait écrit mon compagnon pendant la maladie. J’ai eu cette chance qu’il continue de porter ce regard amoureux sur moi. Il voulait que je me voie encore désirable dans ses yeux, et que l’on garde notre intimité.

Comédienne, Sylvie Chombart a reçu un diagnostic de cancer colorectal il y a 14 ans. Entre récidives et rémissions, elle a écrit ce spectacle et monté une compagnie, Effy. Depuis 2021, elle le joue en particulier pour des associations. Elle se produit jeudi 28 mars à 14h30 et 20h30 et vendredi 29 mars à 20h30, sur la scène du IREPScènes théâtre à Villeurbanne (69). Billetterie et réservation uniquement en ligne sur www.irepscenes.com


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Christelle Laffin

Journaliste

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