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Une kiné en guerre contre la sécu pour défendre la qualité des soins post-cancer

{{ config.mag.article.published }} 11 juin 2019

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Demain, les malades seront-ils bien soignées des séquelles de leur mastectomie ? On peut s’en inquiéter : la CPAM accuse Fabienne Le Guevel Dausse, kiné spécialisée dans le suivi post-cancer, d'avoir surfacturé 15.000 euros. Son tort ? Sa méthode développée avec des chirurgiens et désormais enseignée à l'université n’entre dans aucune "case" tarifaire de la sécu.

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Lorsque, en mars dernier, Fabienne Le Guevel Dausse, kinésithérapeute en oncologie à Nantes, découvre le contenu de la lettre que lui a adressée la Sécurité Sociale, elle est d’abord saisie d’incompréhension. Puis éclate en pleurs.

On la comprend. La missive est inattendue. Et accusatrice.  On y parle d’« anomalies », d’« actes non médicalement justifiés », de « préjudice ». Et conclut par la « possibilité de se faire assister par un avocat lors de l’entretien ». La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Loire Atlantique est péremptoire et ne prend pas de gants pour notifier à la kinésithérapeute nantaise qu’elle est suspectée de 15.000 euros d’irrégularités de facturation.

« Quand j’ai ouvert le courrier, je me suis mise à pleurer, raconte Fabienne Le Guevel Dausse encore émue. Je l’ai pris comme une attaque personnelle. J’ai eu le sentiment qu’on critiquait la qualité de mon travail. C’est très violent car je m’investis tous les jours pour mes patients ».

Une kiné aux techniques novatrices et saluée par les cancérologues

Fabienne Le Guevel Dausse est une précurseuse. Et c’est, finalement, bien ce qu’on lui reproche.

Dans la région de Nantes, elle est l’une des seuls kinésithérapeutes spécialisés en oncologie. Elle a commencé à se former en 2006 : à l’époque, on parle peu de la prise en charge par kinésithérapie des séquelles laissées par le cancer, et elle s’aperçoit que la kiné classique donne des résultats insatisfaisants en post-opératoire. Alors, elle décide d’innover. Pour mieux servir les femmes. Elle se rapproche de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO) pour assister à des interventions chirurgicales, et comprendre le retentissement de la maladie sur le corps des malades, notamment chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.

Fabienne Le Guevel Dausse est une des rares kiné spécialisée en oncologie

Des séquelles qui ont beaucoup évoluées au cours de la dernière décennie. Alors qu’auparavant, toutes les femmes opérées souffraient d’un lymphœdème du bras et nécessitaient un drainage, aujourd’hui l’impact sur la circulation lymphatique est considérablement réduit grâce aux progrès chirurgicaux. « Actuellement, seules 6% des patientes ayant bénéficié de la technique du ganglion sentinelle et 20 à 30 % des patientes ayant bénéficié d’un curage axillaire souffrent de lymphœdème du bras. En revanche, plus de la moitié des patientes souffrent de douleurs à l’épaule et se plaignent d’une diminution de l’amplitude des mouvements », explique le Dr Victoire Brillaud-Meflah, chirurgienne sénologue à l’ICO qui travaille avec Fabienne Le Guevel Dausse depuis 5 ans. « La chimiothérapie fait fondre les muscles et la radiothérapie fibrose les tissus », complète la kiné. Le contexte psychologique apporte aussi des problèmes respiratoires avec des tensions dans le diaphragme, ce qui entrainent des douleurs dans le rachis dorsal mais aussi au niveau du bassin et des carrés des lombes ». Pour faire disparaître toutes ces douleurs, la kinésithérapeute doit donc rééduquer l’épaule, les muscles du bras, la posture, le bassin.

Sa technique enseignée à la fac… mais pas de cotation « sécu »

Cette prise en charge des nouvelles séquelles des cancers du sein est à ce point utile que Fabienne Le Guevel Dausse l’enseigne dans les écoles de kiné. « Nous sommes tellement convaincues que cette prise en charge adaptée est bénéfique que nous avons conçu deux diplômes universitaires (DU) avec Fabienne pour la diffuser auprès des kinésithérapeutes mais aussi les chirurgiens sénologues », ajoute la chirurgienne qui a tenté d’expliquer ces spécificités à la CPAM dans une lettre qu’elle a co-signée avec cinq chirurgiens de l’ICO.

La Sécurité Sociale figée dans le temps et arcboutée sur… 4 euros

Mais si l’accompagnement post-opératoire du cancer du sein évolue, la Sécurité sociale semble figée dans le temps. En effet, elle ne reconnaît pas cette prise en charge globale. Seuls les actes de drainage sont reconnus. Conséquence : les quelques kinésithérapeutes spécialisés en oncologie, comme Fabienne, sont obligés d’utiliser un « code de remboursement » qui s’applique normalement à la prise en charge des troubles musculosquelettiques. Faute de mieux. Appelée AMS 9,5, cette cotation correspond à une séance de 30 minutes d’un montant de 20 euros. Et donc est plus chère que le drainage où les 30 minutes sont facturées 16 euros.

Une différence de 4 euros qui vaut aujourd’hui à Fabienne cette enquête administrative. En 2 ans, la CPAM de Loire Atlantique juge qu’elle a indûment touché 10 000 euros.

Un danger sur la prise en charge globale post-cancer du sein

Jocelyne Rolland, kinésithérapeute spécialisée en oncologie à Paris et qui forme de nombreux kinés chaque année, s’inquiète de cette chasse aux sorcières : « Nous facturons 20 euros, ce qui n’est déjà pas fantastique, mais la Sécurité sociale aimerait qu’on soit payé encore moins. Quand je vois ce qui se passe pour Fabienne, je suis inquiète pour la future prise en charge des patients en oncologie. Les kinésithérapeutes ne sont déjà pas nombreux à choisir cette voie, mettre en doute notre intégrité et notre valeur ne va pas améliorer la situation ».

Et la CPAM de Loire Atlantique ne s’arrête pas là. Au montant astronomique de 10 000 euros, elle ajoute 5000 euros pour des séances supplémentaires réalisées pour 2 patientes. Des séances que la CPAM juge injustifiées car non conformes à l’ordonnance. « L’une de ces patientes souffrait d’un cancer métastatique et l’autre avait développé trois maladies cancéreuses. Avec 2 séances par semaine, je n’arrivais pas à soulager leurs douleurs. Je leur ai donc proposé de faire 4 séances par semaine », se défend la kinésithérapeute. Si elle reconnaît qu’elle n’a pas respecté les prescriptions, Fabienne affirme s’être appuyée sur son bilan personnalisé qui lui permet de s’adapter aux besoins de la patiente, choisir sa technique de rééducation (massage, balnéothérapie…) et optimiser sa prise en charge. Ce bilan est par ailleurs imposé et réclamé par la CPAM. Mais dans le cas de Fabienne, la Sécurité sociale n’en a cure et semble considérer que la kiné a outrepassé ses prérogatives…

« Je n’ai pas fraudé la Sécurité sociale. Ce ne sont pas des séances fictives ou des patients imaginaires, et la CPAM le sait bien », s’agace la kinésithérapeute. « Ce contrôle administratif est inadmissible. Fabienne est une professionnelle consciencieuse qui se préoccupe vraiment du bien-être de ses patientes, plaide le Dr Victoire Brillaud-Meflah. Contrairement à certains kinésithérapeutes, elle ne s’occupe pas de plusieurs patients en même temps en les laissant se débrouiller seuls. »

A l’issue de son rendez-vous fin avril avec des agents de la CPAM, Fabienne Le Guevel Dausse et les chirurgiens ont convenu de ne plus préciser sur les ordonnances le nombre de séances mais de laisser celui-ci à l’appréciation du kinésithérapeute en fonction de son bilan. Fabienne a par ailleurs demandé à rencontrer le médecin conseil de la Sécurité sociale pour comprendre exactement ce qui lui est reproché et défende ses décisions médicales. Cependant, si le médecin conseil juge l’entretien inutile, il ne donnera pas suite. « J’ai gagné cet argent avec la plus grande honnêteté alors je compte bien me défendre », assure la kiné. Sollicitée par Rose Magazine, la CPAM de Loire-Atlantique n’a pas souhaité s’exprimer. « Nous ne sommes pas habilités à communiquer sur un dossier en cours d’instruction », nous a-t-on répondu par mail.

 


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Anne-Laure Lebrun

Spécialiste des sujets de santé et d’éthique (PMA, fin de vie…), elle contribue régulièrement au Figaro, à Que choisir santé (éditions UFC-Que choisir), Santé Magazine… Elle collabore à Rose Magazine depuis 2019. « Ce que j’apprécie chez Rose, c’est le lien de proximité avec les lectrices. Elles nous disent que nos articles leur sont utiles, et ça c’est précieux. »

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