En France, en 2024, sept fabricants1 se partagent le marché des implants mammaires, parmi eux trois sont français. Entrer dans un de leurs sites de production, c’est un peu comme pénétrer dans un « saint des seins » futuriste. On y croise des opérateurs en tenue de cosmonaute qui s’activent dans la « salle blanche », un lieu totalement aseptisé où sont fabriqués les implants. De la concentration des particules dans l’air à la température et à l’humidité de l’atmosphère en passant par sa pression, tout y est ultra-contrôlé. Depuis l’affaire des prothèses PIP en 2010, la réglementation concernant les prothèses mammaires internes s’est durcie. Leur fabrication doit répondre aux normes européennes ISO 14 644 et 14 698, dont le respect est l’unique sésame pour obtenir un certificat de conformité, le fameux marquage CE.
Des implants mammaires sous surveillance
Dispositifs médicaux de classe III, les implants mammaires font l’objet d’une surveillance rapprochée de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Le fabricant doit constituer une documentation technique démontrant la qualité et la sécurité du dispositif », précise-t-on à l’ANSM, qui délègue à des organismes indépendants, et habilités, le soin de procéder à des contrôles de conformité réglementaire, à des inspections des fabricants, à des analyses sur les produits, etc. Car on ne badine pas avec la santé des femmes. Y compris avec leurs seins. Uniques ! Et c’est justement parce que les femmes naissent avec différentes formes et dimensions de sein que de nombreux types, tailles, surfaces et profils d’implant mammaire existent. Le choix se fait avec le chirurgien en fonction de la morphologie de la patiente, de la position de l’implant (pré- ou rétro-pectorale), de la localisation de l’incision, etc.
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Des textures variées
Loin d’être un simple morceau de plastique, les prothèses mammaires sont faites d’un contenu et d’un contenant. Le contenant est une enveloppe de silicone polymérisé (transformé d’un état liquide à une substance solide), qui peut être lisse ou texturée, c’est-à-dire d’un aspect légèrement granuleux, qui réduira le risque de formation de coque (réaction inflammatoire de l’organisme face à la présence de ce corps étranger).
À l’intérieur de l’enveloppe, on injecte un gel de silicone (à base de silice). Si pour cette matière première tous les fabricants de prothèses ont le même fournisseur américain (NuSil Avantor), chacun garde secrète la formulation de ses gels ! Ceux-ci sont classés en fonction de leur viscosité (fluidité) et de leur cohésivité (propriété d’une matière à conserver sa stabilité).
Leurs propriétés déterminent leur fermeté, leur souplesse à la palpation et leur déformabilité en station debout ou allongée. Plus le gel présente une viscosité élevée, plus la prothèse sera ferme à la palpation. Quant à la cohésivité, c’est un gage de sécurité des implants mammaires. En cas de rupture de l’enveloppe, le gel cohésif restera unifié à l’intérieur de la prothèse, ce qui facilitera l’extraction de l’implant et son remplacement.
Des moules pour tous les seins
Côté forme, on distingue les implants mammaires ronds et symétriques des implants anatomiques ou en forme de goutte, qui imitent davantage la forme naturelle du sein. Ce sont ces derniers que les chirurgiens privilégient pour la reconstruction mammaire à la suite d’une mastectomie partielle ou bilatérale. En tout cas, le champ des possibles est très vaste ! À titre d’exemple, chez le fabricant irlandais GC Aesthetics, un des leaders sur le marché hexagonal avec le français Arion, il existe pas moins de 300 références de moule pouvant « générer 900 modèles », précise Fabien Rolland, directeur du site de GC Aesthetics à Apt (Vaucluse). « Sachant que le moule est l’exacte réplique du produit final, en fonction du besoin, du volume à combler, nous chercherons le modèle idéal, la bonne dimension et la bonne projection2 », afin de retrouver un sein le plus proche possible de celui d’avant.
Et, pour que la reconstruction soit totale, il est possible de reconstituer également la plaque aréolo-mamelonnaire, soit par différentes techniques chirurgicales, soit en implantant sous la peau une aréole en silicone3 (méthode moins invasive et plus rapide). Un tatouage apportera la touche finale, pour
un effet plus vrai que nature !
À VOIR AUSSI : Vous voulez en savoir plus sur les différentes techniques de reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire ? Visionnez le replay de notre webinaire avec le Dr Benoit Couturaud, chirurgien plasticien et cancérologue à l’institut Curie, et Laurence Malzard, tatoueuse, fondatrice de Dermaréole.
La fabrication d’un implant mammaire en infographie
Vous vous demandez comment sont fabriqués les implants mammaires ? On vous explique en images.
Infographie : ROKOVOCO
Retrouvez cet article dans Rose magazine n°26.
1. Mentor (États-Unis), Cerecare-Euromi (France), Establishment Labs (États-Unis), Polytech (Allemagne), Arion (France), Sebbin (France) et GC Aesthetics (Irlande).
2. La projection correspond à la forme et la proportion qu’ont les implants vus de côté. On parle aussi de profil d’un implant, dont il existe plusieurs types (bas, moyen, haut) et que l’on choisira en fonction de la taille de la poitrine de la patiente.
3. Implant du type FixNip NRI, commercialisé par GC Aesthetics.