« J’ai eu six cures de chimio, mais dès la deuxième, j’ai eu la sensation très nette de subir un peeling intensif de l’intérieur, se souvient Myla, 43 ans, traitée il y a cinq ans pour un cancer du sein. J’ai eu beau me tartiner de lait hydratant, j’ai gardé ma vilaine peau ultrasèche tout au long de mon parcours de soins.»
Face à un épiderme en détresse, l’option gommage +crème relipidante reste souvent la seule recommandation des médecins. « C’est vrai, et c’est dommage, car la dermo-nutrition, sans être une panacée, peut être un complément pertinent », note la diététicienne Magali Walkowicz*. Pourquoi alors cette option est-elle si souvent négligée par la Faculté ?
« Ce domaine de recherche n’intéresse aucun organisme de financement »
« Probablement parce qu’il n’existe aucune étude clinique valable évaluant les effets de l’alimentation sur le bien-être des patients au cours de leurs traitements, analyse la nutritionniste Béatrice de Raynal, créatrice du blog miammiam.eu. Il faut dire que ce domaine de recherche n’intéresse aucun organisme de financement. Les agences publiques ont d’autres priorités en ces temps de crise, et les labos privés n’ont rien à y gagner. » Pourtant, si l’on considère l’alimentation intelligente, raisonnée et saine comme l’alliée d’une vie en bonne santé, on peut valablement penser qu’elle soutiendra aussi les malades !
Alors, quelle recette pour « sauver » sa peau en chimio ? Nourrir ses bonnes cellules avec le « carburant » qui les aide à se renouveler, et éviter d’alimenter les mauvaises cellules, tumorales, avec ce qu’elles adorent: le sucre. Comment ? En piochant généreusement dans deux grandes familles d’aliments: ceux qui sont gorgés d’eau et ceux qui sont riches en vitamines utiles et en bons acides gras.
Les fruits et légumes contre les radicaux libres
Pour préserver ses cellules, la stratégie est de privilégier les aliments riches en antioxydants comme les vitamines C, E et la provitamine A, souvent présentes dans les fruits et légumes et facteur d’élimination des radicaux libres. La vitamine C joue par ailleurs un rôle important dans la formation du collagène, une protéine participant au renouvellement continu des cellules de la peau, à son élasticité et à son équilibre hydrique. On en trouve beaucoup dans les baies rouges, le citron, le kiwi.
L’avocat est aussi un excellent allié de la peau car il est une source de bon gras et d’hydratation. Côté verdure, privilégier les légumes de saison et les plus chargés en eau, comme le concombre ou la courgette en été. En hiver, ne pas oublier le persil et le cresson, riches en vitamine C, tout comme les navets, les carottes, les potirons.
L’huile de colza, le bon gras
C’est la plus courante et, en plus, elle est riche en acides alpha-linoléniques. « La peau qui tire est souvent le signe d’une carence en ce bon gras », indique Béatrice de Raynal. À utiliser en assaisonnement seulement et pas en cuisson car elle perdrait ses atouts.
Le beurre: antioxydant essentiel
« Source de vitamine E et de provitamine A, riche en oméga-3, c’est un bon dermo-nutriment, à condition qu’il viennent de lait de vaches élevées en plein air, nourries à l’herbe et au foin », conseille Magali Walkowicz.
Les poissons: des protéines à privilégier
Sardines, harengs, maquereaux, bref, les petits poissons gras (moins contaminés en métaux lourds que le saumon, par exemple), apportent des protéines essentielles aux cellules, qui en manquent souvent car les traitements (et les tumeurs) puisent dans les réserves protéiniques de l’organisme.
Les oléagineux pour les oligoéléments
Privilégier les noix de cajou, amandes, noix du Brésil et noisettes ni salées, ni sucrées, ni toastées, mais naturelles ! Les mélanger et s’offrir ainsi un cocktail de nutriments essentiels comme le potassium, le magnésium, les oméga-3, le fer, le calcium… Mais attention, en cas de mucite ou de problèmes de déglutition pendant le traitement, ces noix peuvent être difficiles à mâcher et à avaler. Il suffit alors de les mixer avec un peu d’huile de colza et d’en faire une pâte à tartiner.
L’eau contre les substances toxiques
Pendant les chimios, il faut éviter d’absorber des produits toxiques. Pour nettoyer l’organisme entre deux cures, la meilleure option reste l’eau, de source ou du robinet. Quand on suit un régime alimentaire équilibré, les eaux minérales sont superflues.
Sandrine Mouchet
A LIRE
*Céto cuisine, 150 recettes cétogènes, de Magali Walkowicz aux éditions Thierry Souccar, 2015