« Les séries m’ont aidée à traverser la maladie », Kiessé. Une en particulier : Grey’s Anatomy, qu’elle adorait déjà bien avant d’avoir un cancer, et qu’elle a continué de suivre après avoir reçu son diagnostic de cancer du sein, à l’âge de 33 ans. Dans certains épisodes, des situations lui ont rappelé celles qu’elle vivait. Un processus d’identification renforcé quand les patients à l’écran avaient le même âge qu’elle. Au fil de cette saga portée par des personnages féminins forts, la jeune femme s’est familiarisée avec les codes, le jargon du monde médical. Et ça lui a servi ! « J’ai même pu échanger avec le chirurgien sur mon opération en me référant à Grey’s », assure-t-elle.

Utiles, les séries le sont surtout pour s’affranchir de la peur, du stress que fait peser le cancer. C’est aussi un bon dérivatif à la fatigue, et une façon d’échapper à la charge mentale liée aux contraintes et aux routines imposées par des rendez-vous médicaux en tout genre… Sans parler de l’isolement!

Il suffit parfois d’appuyer sur sa télécommande pour, d’un coup, s’extraire de tout ça, et retrouver le goût de rire ou de simplement pleurer, mais pas sur soi ! Pour sentir à nouveau frissonner et vibrer celle que l’on est en dehors de la maladie. Enfin, par le pouvoir de l’immersion dans d’autres vies que la sienne, arriver paradoxalement à se reconnecter à soi. Comme ç’a été le cas de Marie-Anne, qui remercie encore l’amie qui lui a conseillé d’installer une télé dans sa chambre, juste avant de commencer ses traitements. C’est ainsi qu’elle s’est plongée dans The Crown. C’est devenu son monde, « son îlot », comme elle dit. Maman solo, Iza n’oubliera jamais les précieux moments de complicité partagés avec sa fille de 5 ans devant Friends.

Exutoire qui fait du bien, la série-thérapie s’administre comme on veut : seule, en famille, ou avec des amis. Que ce soit à dose homéopathique (un épisode par jour ou par semaine), en cure (plusieurs d’affilée), ou en traitement intensif en mode « binge » (« visionnage frénétique »), en ne comptant pas les saisons avalées en une journée ou soirée. Avantage et inconvénient en même temps : le choix est aujourd’hui presque infini! Que voir ? On a posé la question sur nos réseaux sociaux, et voici le best of des séries recommandées par nos lectrices. Attention : risque d’addiction !

Dead to me – Positive

Sous le soleil de Californie, le malheur frappe aussi ! Jen (Christina Applegate) et Judy (Linda Cardellini) se rencontrent dans un groupe de parole de personnes endeuillées. L’une a perdu son mari dans un accident de la route ; l’autre, son fiancé, mort d’une crise cardiaque. Tout les oppose, mais elles s’apprécient beaucoup. Leur amitié résistera-t-elle au lourd secret que cache l’une d’elles ? L’histoire touchante, les répliques savoureuses, le rythme galvanisant ont fait craquer Iza dès le premier épisode. « Je l’ai vu comme un signe qu’il y a de l’espoir même quand on est malade. Cela m’a aussi renvoyée aux liens forts que j’ai avec des amies très proches et qui étaient là pour moi, comme dans la série. »

Où ? Les quatre saisons sont à voir sur Netflix.

Les filles du dernier rang – Maxi-sororité

Le pitch ? Cinq jeunes femmes se lancent une série de défis fous… et se rasent la tête avant de partir en virée pour les accomplir. Mais ce voyage entre copines pourrait aussi être leur dernier… L’une de ces amies (on ne saura pas laquelle avant la fin) a un cancer. Cette minisérie espagnole a été une bouffée d’air frais pour An. « J’ai d’abord été intriguée par leurs crânes rasés. Cela faisait écho à ce que je vivais. Avec une série qui parle de la maladie, on se sent moins seule. La solidarité de ces filles, leur façon de croquer la vie à pleines dents m’ont encouragée à plus profiter de tout, moi aussi. Et surtout, grâce à la VO, à réviser mon espagnol ! »

Vous aimerez aussi : Valeria, une comédie roman- tique ibérique plutôt olé olé (déconseillée aux moins de 16 ans), adaptée d’une série de romans « hot ». Et aussi Le Guide astrologique des cœurs brisés (Italie), ou comment trouver l’amour grâce aux étoiles.

Où ? Les trois séries sur Netflix.

Good girls – Grisante

Mères de famille débordées et épouses délaissées, elles sont trois amies qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts. L’une doit rembourser les dettes de son mari, l’autre se ruine en traitements pour sa fille hospitalisée, et la dernière vit un procès houleux pour obtenir la garde de ses enfants. Au bord de la crise de nerfs, elles ne voient qu’une solution pour s’en sortir : braquer un supermarché. Avec une arme factice. Ces hors-la-loi au grand cœur vont en remontrer à la police et à d’autres malfaiteurs bien plus dangereux qu’elles. « C’est mon taxi qui m’en a parlé, en chemin pour la radiothérapie, se souvient Claire. Elles étaient drôles et culottées, j’ai tout de suite adoré. » Facile de s’identifier à Beth, Ruby et Annie, « des mamans comme nous, qui ont un gros pépin et qui essaient de le surmonter ensemble ».

Où ? Les quatre saisons sont sur Netflix.

Vous aimerez aussi : Desperate Housewives. Vingt ans après leur première apparition, le charme des femmes au foyer de Wisteria Lane, qui se serrent les coudes et assurent sur tous les plans, opère toujours ! À retrouver sur Disney +.

Downton Abbey – Culte

« Magnifique saga historique » selon Marie-Anne, Downton Abbey raconte la succession compliquée d’une famille aristocratique anglaise, les Crawley, à la suite du naufrage du Titanic, auquel les héritiers n’ont pas survécu. On y suit donc la vie de la maisonnée des années 1910 aux années 1930. En haut, les Crawley, au bord de la ruine et de l’implosion. En bas, le quotidien très organisé des domestiques du château.

Fan des romans de Jane Austen, Iza a dépassé son découragement devant le nombre d’épisodes – 52 en six saisons – et sa culpabilité de « s’accorder ce temps-là à juste regarder des séries sur le canapé », pour dévorer d’une traite trois saisons ! Régressive et réconfortante en même temps, cette saga l’a captivée parce que : « Voir des personnages vivre des histoires différentes des miennes, parfois pires, a mis mon cerveau en pause de toutes mes angoisses, y compris de mort. »

Où ? Disponible en VOD sur toutes les plateformes.

Vous aimerez aussi : The Crown, la biographie romancée et désormais culte de la famille royale britannique, et La Chronique des Bridgerton, marivaudages piquants, sexy et totalement anachroniques à la cour (improbable) de la reine Charlotte. Deux séries Netflix.

Grey’s anatomy – empathique

Avec ses 19 saisons au compteur, Grey’s (pour les intimes) a battu le record de la plus longue série médicale de l’histoire de la télé ! Si Claire s’amuse encore de la ressemblance de son oncologue avec le fameux Dr Mamour (Patrick Dempsey), Kiessé revendique que l’équipe de chirurgiens du Seattle Grace Hospital a fait son éducation médicale. Merci qui? Merci Meredith Grey (Ellen Pompeo)!

Où ? Sur TF1 et Disney +.

Vous aimerez aussi : Dr House, l’as du diagnostic, est cynique, drôle, brillant, absolument séduisant. Autre médecin atypique : Good Doctor. Lui est autiste et savant.

The big C – Pionnière

Le « gros C » désigne le cancer de la peau de stade 4 dont est atteinte Cathy (Laura Linney), l’héroïne de cette étonnante comédie dramatique. Lorsque la série a débarqué sur les écrans américains, en 2010, un tabou de la taille de la statue de la Liberté s’est écroulé. Jamais le cancer et ses répercussions sur la patiente et ses proches n’avaient été abordés aussi frontalement dans une fiction télé. Et surtout pas avec un humour aussi dévastateur ! Ou plutôt salvateur.

Comme réveillée par son diagnostic, cette prof d’histoire va d’abord refuser de l’annoncer à ses proches, pour s’épargner d’avoir à les consoler. Puis elle va remettre en question sa vie, plutôt plan-plan jusque-là, et se lâcher ! Commander du chardonnay pour le petit déjeuner, se faire une épilation intégrale, vouloir soudainement installer une piscine dans son jardin. Aussi, prendre un amant. Et, surtout, ne pas se gêner pour ironiser sur sa mort annoncée : « Au moins je n’aurai pas trop de rides ! » C’est confronte à sa propre fin que Cathy commence à vivre. À fond. Et c’est jouissif à regarder !

Où ? Les quatre saisons sont disponibles en VOD sur toutes les plateformes.

Vous aimerez aussi : Les Randonneuses (TF1+), avec entre autres Alix Poisson, Camille Chamoux, Clémentine Célarié : l’ascension épique d’un sommet par un groupe de femmes touchées par un cancer. Ou encore Tout va bien (Disney +), avec Virginie Efira, Sara Giraudeau, Nicole Garcia : un casting trois étoiles pour cette fiction « feel good » où l’on suit une famille chamboulée par le cancer d’un enfant.

À LIRE AUSSI : Les Randonneuses : la série qui bouscule les clichés sur le cancer

Outlander – Fantastique

Friends – Doudou