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Hormonothérapie et prise de poids : comprendre et agir

{{ config.mag.article.published }} 3 avril 2025

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Illustration : Aurore Carric

Chez environ 18 % des femmes à qui on prescrit une hormonothérapie, celle-ci entraîne une prise de poids et une transformation de la silhouette. Un changement plutôt mal vécu. Peut-on agir contre ? La réponse est oui. Pas question de subir !

« Belle, belle, belle comme le jour… » Ce fameux refrain yéyé peut être difficile à entonner pour les femmes dont le corps a été marqué par la chirurgie, malmené par la chimiothérapie ou la radiothérapie. Et la perspective de restaurer une bonne image de soi s’éloigne encore un peu plus lorsqu’il faut s’engager pour cinq à dix ans d’hormonothérapie. Un traitement qui promet des bouffées de chaleur, de la fatigue, des douleurs articulaires et aussi, pour près de 18 % des femmes atteintes d’un cancer du sein, une prise de poids.

Environ 75 %1 des quelque 60 000 femmes touchées par un cancer du sein chaque année présentent un cancer hormonosensible, pour lequel elles devront suivre une hormonothérapie. Principalement prescrit pour réduire le risque de récidive, ce traitement semble bien peu contraignant : un petit comprimé à avaler une fois par jour. Or une patiente sur six2 l’abandonne à l’issue de la première année, bien que cela multiplie par deux le risque de rechute dans les trois ans1 qui suivent la fin du protocole curatif. En cause ? Le cortège de désagréments associé à l’hormonothérapie. « Pour nous, oncologues, ce traitement est un enjeu majeur », confie le Dr Florence Coussy, de l’institut Curie. Mais elle concède aussi qu’il représente « un challenge difficile pour les patientes, car il arrive à la fin du parcours médical hospitalier. Au moment de la reconstruction, il casse un peu un nouvel élan ».

Le blocage des oestrogènes en cause

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, l’hormonothérapie est un anti-hormonal. Son objectif est de bloquer l’action stimulante que peuvent avoir les hormones féminines sur certaines tumeurs. Il existe trois types de ce médicament. Les anti-oestrogènes comme le tamoxifène, en général prescrits aux femmes non ménopausées – « ils empêchent les oestrogènes de stimuler les cellules cancéreuses en prenant leur place sur les récepteurs hormonaux », détaille l’oncologue. Les anti-aromatases, qui sont donnés aux patientes ménopausées « et font en sorte qu’il n’y ait plus d’oestrogènes qui circulent ». Enfin, « les analogues LH-RH mettent les ovaires au repos, mimant la ménopause ».

À LIRE AUSSI : Comment fonctionne l’hormonothérapie, quelles sont les différentes sortes d’hormonothérapie, comment se fait le choix entre anti-aromatases, tamoxifène ou analogues de la LH-RH ? Trouvez les réponses à toutes ces questions et à bien d’autres dans notre article Tout savoir sur l’hormonothérapie.

Sophie, assistante dentaire, 54 ans, a eu un premier cancer du sein à 36 ans et été pendant cinq ans sous tamoxifène. Une période qui a pesé sur sa balance : elle a pris entre 5 et 6 kg. « Avant, je m’habillais en 38-40, je suis passée au 42. Puis, à 51 ans, j’ai fait une récidive, on m’a mise sous Fémara [un anti-aromatase, ndlr], et j’ai pris quelques kilos supplémentaires ! », témoigne-t-elle.

Même déception pour Irène, infirmière de bloc de 44 ans, qui avait déjà pris 3 kg pendant sa chimio alors qu’elle pensait en perdre, et qui n’a pu que constater que l’hormono, « petit à petit », n’arrangeait rien. Mariana, 71 ans, pédiatre à la retraite, raconte : « Avec la ménopause, j’avais pris 6 kg. Et avec le Létrozol [un autre anti-aromatase, ndlr], que j’ai commencé à prendre il y a à peine six mois, j’en ai déjà gagné un ou deux de plus… »

Une prise de poids multifactorielle

Selon le Dr Coussy, il n’y a pas d’hormonothérapie plus génératrice de prise de poids qu’une autre. Et, par ailleurs, certaines patientes – les bienheureuses – y échappent ! Comme Béatrice, 47 ans. Cette ingénieure a été soignée pour un cancer du sein à 34 ans et a pris durant trois ans du tamoxifène, jusqu’à une récidive. Rebelote pour un pack chirurgie-chimio- radio, puis elle est placée pour sept ans sous Létrozol. Bilan : « Je n’ai jamais eu l’impression de prendre du poids avec mes différents médicaments. Au contraire, j’ai maigri, ce que j’ai toujours mis sur le compte du stress… » Mais, pour toutes celles qui n’ont pas la chance de Béatrice, comment expliquer le gain de poids ? « Il est multifactoriel, expose Florence Coussy. Il peut être lié à la modification de l’apport et de l’équilibre alimentaires – car, durant la chimiothérapie, l’alimentation peut être déréglée à cause des nausées ou de la modification du goût –, ou à une baisse des dépenses énergétiques, à une baisse de l’activité physique ou à la survenue de la ménopause, qu’elle ait été naturelle ou déclenchée par les traitements… »

Irène, sous analogue LH-RH, souligne un point tout aussi sensible que les kilos en plus : les changements du corps. « J’étais fine, et maintenant j’ai du ventre et de la cellulite, je peux manger de la laitue, rien n’y fait ! » « J’ai vu la texture de ma peau devenir peau d’orange », renchérit Sophie. Sous tamoxifène, Inès, une comédienne de 59 ans, constate : « Viennoiseries, chocolats ou gâteaux, à peine avalés, je sens physiquement qu’ils vont se loger au niveau du ventre et des cuisses ! En une année, j’ai vu ma taille s’épaissir, mon ventre pousser peu à peu. Je dois faire attention en permanence pour pouvoir rentrer dans mes vêtements. »

L’hormonothérapie, une accélérateur des changements physiques

Cette métamorphose de la silhouette n’est pas due qu’au traitement, tempère la gynécologue chirurgienne Stéphanie Deis : « Avec ou sans hormonothérapie, des changements se produisent chez la grande majorité des femmes après 50 ans. » À cet âge, qui correspond à celui de la ménopause, on observe une perte significative de la masse musculaire et une modification dans la répartition des graisses, « avec une majoration de la ceinture abdominale ».

Dans ce contexte, l’hormonothérapie n’arrange pas les choses… Elle les accélère même. Et elle contribue à dégrader une image de soi déjà bien chahutée par le cancer et par tout le parcours médical, qui fatigue, isole, fait vivre des expériences plus ou moins douloureuses tant psychiquement que physiquement et socialement. « J’ai perdu mes cheveux, mes forces, l’insouciance et la joie, et maintenant je ne reconnais plus mon corps ! » désespère Irène.

Les professionnels s’accordent à dire que la question de la prise de poids arrive sur la table quand démarre l’hormonothérapie : c’est là que les patientes commencent à s’inquiéter de la modification de leur silhouette. Cindy Louvet, diététicienne nutritionniste du réseau Oncodiet3, le confirme : « En général, elles viennent pour des troubles digestifs, car les oestrogènes participent à beaucoup de fonctions, dont la digestion et le transit. Souvent, elles ont commencé le traitement depuis six mois seulement quand je les reçois. La prise de poids concerne 50 % d’entre elles. » Les patientes qui en font l’expérience se sentent peu entendues ou pas assez comprises. Leurs kilos supplémentaires sont jugés beaucoup moins problématiques que les kilos perdus par celles qui rencontrent des difficultés à s’alimenter. « L’hormonothérapie est un réel challenge et nécessite un accompagnement », martèle Florence Coussy, qui précise qu’à l’institut Curie de Paris des initiatives ont été prises pour améliorer le suivi des patientes : « Nous avons développé des conférences, des livrets d’information. Nous mettons en place une formation continue pour les médecins de ville afin de les sensibiliser à la gestion du cancer du sein et de l’après-cancer. »

Pour limiter la prise de poids, maintenir son muscle !

Heureusement, ces kilos en plus ou en trop ne sont pas une fatalité ! L’antidote repose sur deux axes : diététique et activité physique. Avec le sport, on regonfle sa masse musculaire, et avec la diététique on soutient le mouvement ! Or, au moment de la ménopause, les femmes diminuent souvent – voire arrêtent – de consommer de la viande, sans la remplacer. Et c’est tout le problème. L’idée, pour limiter la perte musculaire, est de la compenser en mettant davantage de protéines animales et/ ou végétales dans son assiette. Pour celles tentées par le végétarisme, il est conseillé d’ajouter à ses portions de légumes des céréales complètes ou semi-complètes (pâtes, riz), des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges, haricots blancs), des oléagineux (noix, amandes…). Et, pour être certaine de ne manquer de rien, le mieux est encore de consulter un professionnel : médecin nutritionniste ou diététicien.

Par ailleurs, attention à bien conserver un apport hydrique suffisant ! Vigilance sur le café et le thé, qui ne sont pas aussi hydratants qu’on le croit : « Le thé vert est diurétique. Consommé en grande quantité, il peut faire perdre en magnésium… C’est l’eau seule qui hydrate le mieux », avertit Cindy Louvet. On ne parle même pas de l’alcool, très déshydratant, et globalement à éviter, « ou à réserver aux occasions », en tout cas à consommer avec modération. Avoir une alimentation saine et équilibrée reste la base. Rien n’est proscrit, mais diminuer la consommation de produits industriels transformés – gras, pleins d’additifs, sucrés et salés – est largement encouragé.

Pas toujours facile de se tenir à ce régime quand est gourmande ! Ou quand on a un coup de déprime. « Face à une personne qui consomme beaucoup de sucre, il faut essayer de savoir pourquoi, analyse Cindy Louvet, et s’assurer que les repas sont assez rassasiants. Dans le cas contraire, les envies de sucre risquent de se manifester plus souvent. » Quoi qu’il en soit, manger moins et mieux, c’est possible ! Béatrice le confirme : « Je n’ai pas de problèmes digestifs, même avec ma thérapie ciblée. J’ai changé mes habitudes et me suis astreinte à une hygiène de vie qui me permet d’être bien. Par exemple, je prends un bon petit déjeuner avec noix, amandes… J’évite de manger trop de graisse et de viande au dîner. »

Le sport comme allié face à la prise de poids

Par ailleurs, elle rapporte aussi faire « beaucoup plus de sport ». « J’ai repris du muscle, et mon corps est plus dynamique », se réjouit-elle. L’OMS conseille à toute personne adulte de pratiquer au minimum entre 130 et 150 minutes d’activité physique modérée par semaine afin de préserver sa santé. C’est aussi fortement recommandé pour réduire le risque de récidive. Sophie, qui n’a jamais fait de sport, s’est mise à la marche, mais note que « c’est compliqué de trouver des cours adaptés ».

Si certains établissements de soins intègrent désormais dans leurs parcours des séances d’activité physique adaptée (APA), ils sont – c’est vrai – encore trop peu nombreux à le faire. Mais on peut toujours se tourner vers une des nombreuses associations qui, partout en France, proposent aux patientes, durant et après leurs traitements, des cours de yoga, pilates, barre au sol, renforcement musculaire, qi gong, etc., ou des activités plus cardio comme le vélo, la randonnée, la natation…

À la recherche d’une activité physique adaptée

Sur son site internet, la Cami met à disposition une carte interactive de ces structures. Mais on peut aussi se renseigner sur les sites des fédérations françaises de sport : d’escrime, de karaté, d’aviron, de foot ou de rugby, presque toutes développent aujourd’hui des sections sport santé. La marche nordique rencontre ces dernières années un véritable succès. Il faut dire qu’elle combine plusieurs atouts non négligeables : « La dépense énergétique y est de 40 % supérieure à celle associée à la marche classique. C’est une activité de plein air, donc elle amène un niveau d’oxygénation bien meilleur qu’un exercice en salle, ce qui améliore la qualité de sommeil », détaille Béatrice Diouaba4. Éducatrice médico-sportive spécialisée dans le cancer du sein, elle intervient à l’hôpital Saint-Louis et à la Maison RoseUp de Paris : « Une élève, qui ne suit que mes cours de marche nordique, m’a dit qu’elle a amélioré son ostéodensitométrie en une année. En effet, c’est un sport à impact. »

L’important est de trouver la discipline qui convient. Surtout, ne pas hésiter à en tester plusieurs pour faire son choix. Et ne pas oublier que « c’est dans la régularité de la pratique physique que l’on peut se fixer un objectif », précise Béatrice Diouaba. Comme récupérer de la force et de l’endurance, ou perdre en tour de taille. « L’activité physique stabilise le poids, sans conteste. Les femmes m’en parlent tous les jours… » insiste l’éducatrice. Mais, quelle que soit la discipline que l’on choisit, la pratiquer une fois par semaine ne suffit pas. La fréquence, conjuguée à la régularité, est le secret d’une bonne hygiène sportive. Se référant aux recommandations de l’OMS, Inès a fait le calcul : « On préconise jusqu’à cinq heures d’activité physique par semaine, et ce n’est pas facile à caser dans son emploi du temps… Finalement, j’y arrive, et c’est un bonheur de sentir mon corps travailler, vivre ! »

INFO+

Pour tout savoir sur les recommandations et les bonnes pratiques alimentaires à adopter avant et pendant le cancer, rendez-vous sur le site de NACRe (réseau Nutrition activité physique cancer et recherche).

1. Voir l’étude Vican5, « La vie cinq ans après un diagnostic de cancer », INCa, juin 2018.
2. Données concernant les patientes non ménopausées, tirées de l’étude CanTo.
3. Oncodiet, initiative de l’institut Curie, est un réseau de diététiciens de ville formés à la prise en charge nutritionnelle pendant et après les traitements.
4. Béatrice Diouaba est présidente et fondatrice de l’association Corps éloquents, qui propose des cours de marche nordique ouverts à tous.

Nicole Tarbouriech


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