Il existe plusieurs types de fuites urinaires, plus ou moins handicapantes.
L’incontinence d’effort
Celle dont souffrent probablement nos amies Kate Winslet et Julie Walters, est la plus courante. Elle se traduit par une émission d’urine en plus ou moins grande quantité quand la personne tousse ou court, sans même qu’elle ressente l’envie d’uriner.
L’incontinence par impériosité
Elle se rencontre dans 20 % des cas. Symptôme : un besoin urgent, irrépressible, aboutissant à une miction ne pouvant être ni différée ni retenue… Ce problème affecte des vessies dites « instables », parfois sans raison clairement identifiable (stress, par exemple). Mais il est parfois dû à des irritations locales, une inflammation d’origine infectieuse (cystite), plus rarement anatomique (polype), ou encore thérapeutique, notamment en cas d’irradiation de la muqueuse par radiothérapie (cancer de l’utérus, par exemple).
Les techniques actuelles limitent considérablement les risques d’inflammation mais ne les éliminent toutefois pas totalement. Enfin, un traitement chirurgical de la région pelvienne est parfois suivi, même après cicatrisation apparente complète, d’une période
de sensibilité tissulaire qui peut « agacer » la vessie (comme une coupure au doigt
cicatrisée mais encore sensible à la pression). Parfois encore, l’ablation ovarienne ou la chimiothérapie, voire la nécessaire lutte contre les œstrogènes dans certains cancers du sein, induisent une ménopause thérapeutique qui, comme la ménopause naturelle, peut fragiliser le système de clôture, surtout s’il a déjà été malmené.
La carence hormonale atrophie les tissus, favorise les troubles statiques et déplace la flore vaginale, d’où parfois plus de cystites. Enfin, la base de la vessie (trigone) est sensible à l’imbibition hormonale. Moralité : une chute d’œstrogènes peut favoriser les impériosités. Il va de soi qu’une évaluation du problème s’impose : interrogatoire et tenue d’un carnet mictionnel.
Le bilan urodynamique, c’est quoi ?
C’est un examen un peu intrusif (mais indolore) qui débute par un interrogatoire sur votre passé médical et un examen clinique de votre périnée. Suit un test de débitmétrie pour lequel il est indispensable d’arriver la vessie pleine. Règle du jeu : uriner dans un dispositif relié à un ordinateur qui mesure la puissance du jet, la régularité de la miction, le volume uriné ainsi que le volume restant dans la vessie après miction. Ensuite, les pressions dans la vessie sont enregistrées pendant son remplissage : le médecin introduit une sonde de petit calibre par le canal de l’urètre afin de remplir la vessie de sérum physiologique, puis il observe le comportement de la vessie lors d’une toux ou d’un effort.
Enfin, la profilométrie urétrale, lors du retrait progressif de la sonde, évalue l’activité du sphincter urinaire. Le médecin pourra alors analyser l’ensemble des courbes obtenues grâce à ces examens et déterminer le mécanisme conduisant aux troubles urinaires.
Les solutions, c’est quoi ?
La rééducation périnéale : bien menée chez une sage-femme ou un kiné, elle permet d’améliorer la tonicité du périnée par un travail manuel ou par le biais d’une pompe placée dans le vagin. Après l’accouchement, cette kinésithérapie est de plus en plus souvent prescrite à titre préventif.
Des solutions médicamenteuses peuvent avoir un effet très bénéfique sur les problèmes d’impériosité. L’effet se fait ressentir trois mois après le début du traitement. Seul hic : ces traitements donnent soif.
Enfin, une bandelette urinaire peut être posée sous l’urètre, avec de bons résultats en cas de fuites plus invalidantes. Pratiquée par les voies naturelles, cette opération de soutènement par hamac est désormais courante.
Muriele Charlet Dreyfus