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Etude Check’up : améliorer l’utilisation des immunothérapies anti-PD1/PDL1

{{ config.mag.article.published }} 31 juillet 2018

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L’étude Check’up tente de répondre aux questions en suspens autour de l’immunothérapie anti-PD1/anti-PDL1. Entretien avec Frédérique Penault-Llorca, directrice générale du Centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand et co-coordinatrice de l’étude.

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En quoi consiste l’étude Check’up ?

Frédérique Penault-Llorca : Check’up est une étude promue par le groupe d’immuno-oncologie d’Unicancer et financée par la Fondation ARC. Son but est d’évaluer comment les patients répondent aux immunothérapies PD-1 et PDL-1 (voir notre encart en bas de page) dans la vraie vie.

Ça veut dire quoi “dans la vraie vie” ?

Dans les études cliniques classiques, on évalue les effets d’un médicament sur une population homogène pour être sûr que les résultats observés sont dus uniquement au médicament. Elles excluent donc les personnes âgées, avec des problèmes rénaux…

Notre étude inclura tous les patients qui voudront bien y participer.

Pourquoi cette étude est importante ?

Parce qu’elle répond à un réel enjeu citoyen. Les immunothérapies anti-PD1 et anti-PDL1 ont très peu d’effets chez certains patients. A l’inverse, elles provoquent des effets indésirables importants chez d’autres. Or, ce sont des traitements qui coûtent cher. Si on veut continuer à pouvoir les financer, il est important de déterminer pour qui ils seront vraiment efficaces.

Et puis, on ne sait pas combien de temps les patients répondeurs doivent être traités. Aujourd’hui, les immunothérapies sont données jusqu’à progression de la maladie. Cela peut durer des années. Pourtant, on a vu dans des essais cliniques des patients obligés d’arrêter leur traitement à cause des effets secondaires et chez qui l’effet perdure dans le temps. Ça arrive dans plus d’un cas sur deux. Finalement, une fois le système immunitaire relancé, il est possible qu’on puisse arrêter les traitements.

Qu’allez-vous regarder ?

Nous allons essayer de mettre en évidence des marqueurs qui vont distinguer les patients répondeurs des non-répondeurs.

Pour cela, nous allons regarder plusieurs paramètres : les caractéristiques de la tumeur, les antécédents familiaux du patient, ses données protéomiques, immunologiques, son microbiote.

Nous analyserons aussi les données immunogénétiques. Le principe de l’immunothérapie c’est de mobiliser son propre système de défense. Or, on le sait : nous ne sommes pas tous égaux en ce qui concerne les réponses immunitaires. Certaines personnes développent des allergies, d’autres des maladies auto-immunes. Pour l’immunothérapie, c’est pareil : certaines personnes seront capables de répondre au traitement, d’autres non. Et cette différence est due, au moins en partie, à notre génétique. L’immunogénétique nous permet de déterminer quels gènes sont responsables.

Au final, on imagine constituer un immunogramme. Un peu comme ces représentations en toile d’araignée que l’on peut voir sur les étiquettes de produit où l’on voit que tel appareil photo a une bonne focale mais n’a pas une bonne sensibilité. Sur ce schéma, un point représentera le microbiote,  un deuxième le paramètre de la tumeur, un troisième l’âge du patient…

L’ensemble des données serait ensuite analysé par un algorithme pour mettre en lumière les marqueurs prédictifs de la réponse à l’immunothérapie.

Qui peut participer à cette étude ?

Tous les patients qui sont actuellement traités par immunothérapie anti-PD1 [nivolumab Opdivo© ou pembrolizumab Keytruda©, NDLR] ou anti-PDL1 [atezolizumab Tecentriq© ou avelumab Bavencio©, NDLR] selon les autorisations actuelles :

  • les patients avec un mélanome non-opérable ou métastatique traité par nivolumab ou pembrolizumab
  • les patients avec un cancer du poumon non à petites cellules traité en première ligne par pembrolizumab
  • les patients avec un cancer ORL traité en deuxième ligne par nivolumab

Mais cela pourra évoluer. Notre étude pourra inclure d’autres molécules ou d’autres indications en fonction des nouvelles AMM [autorisation de mise sur le marché, NDLR].

Est-ce contraignant pour les patients ?

Les patients resteront dans le centre dans lequel ils sont suivis et leur traitement sera inchangé. On leur demandera juste des prélèvements supplémentaires : de sang mais aussi de salive et de selles pour analyser leur microbiote.

Une biopsie de la tumeur sera faite en début de traitement. En général, cela est déjà prévu dans le suivi du patient. Nous souhaiterions également en faire une à 2 mois pour voir si le système immunitaire est bien activé et à la reprogression, si reprogression il y a, pour comprendre pourquoi il y a eu échappement. Ce prélèvement est optionnel. Les patients pourront refuser ces biopsies tout en continuant à participer à l’étude.

Qu’est-ce que cela va apporter aux patients qui participeront à l’étude ?

Ils n’en tireront pas de bénéfice direct mais ils aideront les futurs patients qui recevront ces traitements. Ils participeront à faire avancer la recherche.

Le premier patient a rejoint l’étude le 3 juillet et nous prévoyons d’inclure 670 patients au total. C’est grâce à toutes leurs données que l’on avancera.

ANTICORPS ANTI-PD1/PDL1, KESAKO ?

Les cellules tumorales sont capables de paralyser les cellules du système immunitaire en charge de leur élimination. Les anticorps anti-PD1 et anti-PDL1 lèvent ce blocage : le système immunitaire peut alors à nouveau exercer sa fonction.

Propos recueillis par Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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