CE QU’IL FAUT RETENIR :
L’étude : EV-302/KEYNOTE-A39
Les patients concernés : les personnes touchées par un cancer métastatique urothélial (de la vessie, du bassinet ou de l’uretère) qui n’ont pas encore reçu de traitement en condition métastatique et qui sont éligibles à de la chimiothérapie à base de sels de platine.
Le traitement : une combinaison entre un ADC1 (l’enfortumab vedotin, Padcev©) et une immunothérapie anti-PD1 (le pembrolizumab, Keytruda©)
Les résultats : doublement de l’espérance de vie des patients. Au vu de ces résultats, cette combinaison devient le nouveau standard de traitement en remplacement de la chimiothérapie.
L’accès : ce traitement est disponible depuis septembre 2024 grâce au dispositif d’accès précoce.
Cela faisait 30 ans que le traitement des cancers métastatiques urothéliaux de la vessie (type le plus courant de cancer de la vessie) n’avait pas bénéficié d’avancées majeures, la chimiothérapie restant le traitement standard. La donne est sur le point de changer grâce à, non pas un, mais 2 essais cliniques majeurs présentés aujourd’hui au congrès européen de cancérologie de l’ESMO. Leur nom de code : EV-302/KEYNOTE-A39 et CheckMate 901.
Les mêmes patients visés…
Parlons déjà de leurs points communs. Ces 2 études portent sur la même population de patients, à savoir des patients atteints d’un cancer urothélial ayant métastasé et n’ayant reçu aucune ligne de traitement en condition métastatique. Les 2 études ont comparé le traitement standard actuel par chimiothérapie à de nouvelles combinaisons de traitements. Dans les 2 cas, cette combinaison impliquait une immunothérapie anti-PD1. Enfin, aucune sélection de patients n’a été faite au préalable sur la base de biomarqueurs comme l’expression de PD1.
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mais des traitements différents
Les différences entre ces 2 essais cliniques résident dans le choix de l’immunothérapie anti-PD1 mais également dans celui du traitement auquel elle a été combinée. Alors que l’étude CheckMate 901 a choisi de tester l’efficacité de l’association de l’anti-PD1 nivolumab avec une chimiothérapie, l’étude EV-302/KEYNOTE-A39 a combiné l’anti-PD1 pembrolizumab (Keytruda©) au enfortumab vedotin (Padcev©), un ADC1.
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Des résultats en faveur de la combinaison immunothérapie+ADC
Les 2 essais cliniques ont été un succès avec un prolongement significatif de la survie des patients dans les 2 cas. Alors comment les oncologues choisiront entre l’une ou l’autre des combinaisons ? Pour le Dr Andrea B Apolo, experte dans les cancers de la vessie chargée de commenter les 2 études lors de l’ESMO, il n’y a pas d’hésitation à avoir. « Le bénéfice du novalumab est significatif mais modeste en comparaison à la combinaison pembrolizumab + enfortumab vedotin. Elle permet de doubler la survie des patients et de réduire de moitié le risque de décès par rapport à un traitement par chimiothérapie. Elle est donc clairement la plus avantageuse. »
Autre intérêt de la combinaison immunothérapie + ADC : « Près de 70% des patients traités ont répondu au traitement. Indépendamment de la présence de métastases, de leur statut PD1… C’est considérable » ajoute le Dr Andrea B Apolo.
Un nouveau standard de traitement
La standing ovation qui a accueilli la présentation des résultats de l’étude EV-302/KEYNOTE-A39 ce soir lors du congrès de l’ESMO ne laisse aucun doute sur le fait que la combinaison pembrolizumab + enfortumab vedotin sera rapidement adoptée par les oncologues et bénéficiera très bientôt aux patients2.
Le Dr Powles, qui présentait les résultats, a toutefois tenu à interrompre l’acclamation de ses pairs pour remercier « les patients qui ont participé à cette étude mais également tous ceux qui ont participé aux douzaines d’essais cliniques qui jusqu’à présent n’avaient pas permis d’obtenir d’amélioration de la survie globale et qui ont fait un énorme sacrifice pour nous permettre d’arriver où nous en sommes aujourd’hui. »
EN IMAGES : Retrouvez le décryptage complet du Pr Gilles Créhange en vidéo.
Emilie Groyer
1. Les ADC (pour antibody-drug conjugates) sont des chimiothérapies couplées à des anticorps dirigés contre une protéine présente à la surface des tumeurs. Cette association permet d’acheminer la chimiothérapie directement au coeur de la tumeur.
2. Ce traitement est en accès précoce depuis septembre 2024.