Fanny a 28 ans. Le cancer a percuté sa vie à 26. Une vie déjà pleine de rebondissements ! La jeune femme commence par faire des études de stylisme puis devient « petite main » dans les ateliers des grands noms de la mode, Givenchy, Nina Ricci ou Azzaro. Son travail est une œuvre de minutie et de patience : incruster des dentelles, des brillants dans les tissus qui deviendront ensuite les chatoyants modèles des défilés haute-couture. Les hasards de la vie l’entrainent ensuite dans la restauration à Paris. Une trajectoire percutée par la maladie. Un cancer du sein. Génétique. Mastectomie, curage axillaire, 16 séances de chimio, 33 de rayons.
Pour habiller son crâne nu, la jeune femme ne trouve pas son bonheur sur les sites en ligne: « Je trouvais tout trop cher. Nouer des foulards, c’était compliqué : j’avais mal au bras à cause du curage, de grosses bouffées de chaleur aussi. Je me suis dit qu’il fallait que je me fabrique des bonnets agrémentés de liens de tissus afin qu’il ne reste plus qu’un nouage simple pour créer du volume. Je n’ai pas pu durant la chimio car j’avais très mal aux doigts ainsi que des problèmes de concentration. Mais dés le début de la radiothérapie je me suis lancée ! ».
Et c’est dans la salle d’attente de l’Institut Paoli Calmette de Marseille que les autres patientes s’enthousiasment pour ces modèles de couvre-chef ! « Dans le service de radiothérapie, des femmes de tous les âges venaient me dire que mes turbans étaient vraiment chouettes, me demandant de leur en fabriquer. Alors, comme je recommençais à avoir la pêche, j’ai créé mon site entrenoue.com et j’ai fabriqué mes premiers modèles à vendre ». Le succès est immédiat : plusieurs très beaux modèles au choix, des tissus de saison, un tour de tête à donner. La jeune femme fabrique tout « sur mesure » à la maison sur sa machine à coudre. Délai moyen une petite semaine entre la commande et la réception du colis.
« J’ai envie de donner aux femmes de l’énergie, de la bonne humeur, le plaisir de se sentir belles », s’enthousiasme la jeune femme qui ne se serait jamais lancé dans cette entreprise sans le « choc » de la maladie. « Avant le cancer, mon compagnon ne cessait de me dire que je devais créer quelque chose avec mon talent de stylisme mais je n’osais pas. A présent, je ne me pose plus toutes ces questions. J’y vais. L’important ? Profiter du moment présent. Et apporter mon énergie à celles qui sont en souffrance et en manquent ».
Les modèles sont gais, doux, fabriqués « avec amour et en France ». Le site entrenoue.com présente aussi des tutoriels bien faits pour ne pas se sentir « larguées » avec sa commande.
Bravo Fanny !
Céline Lis-Raoux