« Je veux que des personnes puissent se sentir belles et fortes malgré la maladie », confie Thaïs Piller. Ce matin de décembre, la jeune fille de 12 ans s’exprime spontanément derrière l’écran du smartphone de sa mère. Dans un mois, elle se coupera entre 35 et 40 centimètres de sa longue chevelure rousse, tressée en natte ce jour-là. Une initiative peu ordinaire pour une jeune de son âge. C’est dans un film qu’elle découvre le don de cheveux pour les malades du cancer. Après quelques recherches sur internet, elle décide d’en informer sa mère, Hélène. « Au début, j’avais beaucoup de réticence. Mais j’ai compris qu’elle voulait vraiment le faire pour une bonne action et je pense que ce sera une étape importante pour elle », nous avoue-t-elle. L’initiative de Thaïs n’est pas un geste anodin. Son action répond à un passé douloureux, Thaïs a survécu à un cancer diagnostiqué lorsqu’elle avait huit mois.
« Je veux que des personnes puissent se sentir belles et fortes malgré la maladie » – Thaïs
Une petite fille victorieuse
Le 9 mai 2008, naît Thaïs. Mais le bébé est faible, très blanc, transpire beaucoup. « Elle était beaucoup trop calme pour un bébé », raconte sa mère. Le médecin familial diagnostique une rhinopharyngite et prescrit des antibiotiques pour Thaïs. Pourtant, la fièvre ne tombe pas et augmente même jusqu’à 41 degrés. Hélène décide alors d’emmener sa fille aux urgences, à l’hôpital de Charleville-Mézières. « J’avais très peur pour Thaïs, ses yeux se révulsaient » Le médecin qui prend la petite fille en charge annonce, après examen, un souci au niveau du foie. Elle est alors transférée à l’hôpital de Reims pour des examens supplémentaires. Après de longues heures d’attente et de doutes, l’équipe médicale finit par révéler à Hélène et John, son mari, un hépatoblastome, une tumeur maligne dans le foie de Thaïs. « Elle avait quand même la taille d’un melon » S’ensuit alors 18 mois de chirurgie, chimiothérapie et de longs séjours à l’hôpital. La petite fille guérit.
Un don de soi
« Sur des photos, je me suis vue sans cheveux à cause de la chimiothérapie. C’était important de me montrer solidaire des autres malades aujourd’hui », commente Thaïs. Son geste est rempli de symbole. Elle souhaite par exemple se faire couper les cheveux le 19 janvier, date d’anniversaire de sa maladie. De plus, la coiffeuse n’est pas choisie au hasard. Elle a elle-même perdu sa belle-fille à cause d’un cancer.
En France, les prothèses capillaires coûtent cher. Les prix peuvent grimper jusqu’à 600 euros pour des modèles en cheveux naturels. Certaines associations comme Fake Hair don’t Care ou encore Solid’Hair propose de récupérer les cheveux pour les vendre à des professionnels. Les revenus engendrés permettent alors aux associations de subventionner la fabrication de perruques pour les personnes dans le besoin. « C’est important pour moi qu’une personne puisse se sentir jolie à nouveau avec des cheveux », nous répète Thaïs. La jeune adolescente espère que son don profitera à une personne malade du cancer, avec qui elle partage un petit bout de son histoire.
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