Chaque année, plus de 40 000 nouveaux cas de cancers colorectaux surviennent en France. Parmi eux, 5 % concernent des patients « dits à très haut risque », qui présentent une prédisposition génétique à cette maladie. Quand dans une famille une personne est touchée, ses proches (parents, enfants, frères et sœurs) courent un risque supérieur à la normale de le développer aussi. D’où l’importance d’un dépistage fréquent et ciblé.
Si la sécurité sociale invite tous les Français, à partir de 50 ans, à faire un dépistage simple et non invasif (un test immunologique fécal visant à détecter la présence de sang dans un prélèvement de selles), les personnes à haut risque, elles, doivent plutôt réaliser une coloscopie, un examen qui permet d’étudier la paroi interne de la totalité du côlon (gros intestin) dès l’âge de 45 ans. Or, seuls 40% d’entre elles la font… alors que cette population peut atteindre un risque de cancer de 20% (4 à 5% pour la population normale). Pourquoi ? Essentiellement parce qu’elles redoutent cet examen peu confortable qui explore l’une des parties les plus intimes du corps, même s’il est réalisé sous anesthésie générale.
Une étude pourrait changer la donne
Lancée par les Hospices civils de Lyon, l’étude FAMCAP1 pourrait changer la donne. Cette étude d’envergure sur plus de 3000 patients à risque de cancer colorectal a pour objectif d’évaluer l’efficacité de 2 tests de prévention peu invasifs : la vidéocapsule colique (une caméra-gélule avalée qui réalise un film du côlon sans anesthésie générale) et le test immunologique fécal utilisé pour le dépistage habituel.
Objectif de l’étude ? Évaluer la fréquence idéale et le seuil de détection optimal pour les personnes à haut risque. Par la suite, il sera possible de proposer ces deux méthodes sans anesthésie pour le dépistage de la population à haut risque, à minima les proches, des 42 000 personnes souffrant d’un cancer du côlon. Si vous faites partie d’une famille à risque de cancer colorectal, que vous avez plus de 45 ans et que vous n’avez jamais effectué de dépistage du cancer colorectal, vous pouvez prendre part à cette étude2.
Au total, 3250 personnes seront incluses dans cette étude multicentrique (le recrutement des patients est encore en cours), dont les Hospices Civils de Lyon sont les investigateurs principaux, avec 19 autres centres3 ; elles seront réparties en trois groupes par tirage au sort : un groupe coloscopie, un groupe vidéocapsule et un groupe test immunologique. Toutes les personnes bénéficieront d’une coloscopie de contrôle à la fin de l’étude, pour ne laisser passer aucun cancer débutant.
Seul bémol : il faudra patienter jusqu’en 2024 pour connaître les résultats.
Mis à jour le 26 février 2019
1. FAMCAP : Efficacité de la coloscopie, de la capsule colique et du test immunologique fécal pour le dépistage du cancer colorectal en population à haut risque : un essai contrôlé randomisé
2. Pour participer à cette étude, contactez chloe.chavignon@chu-lyon.fr
3. CHU de Besançon, Bordeaux, Brest, Dijon, Limoges, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse, le CH d’Avignon, le CHI de Créteil, les hôpitaux Cochin, Avicenne et Saint Antoine (Paris) et l’hôpital de la Timone (Marseille). Les centres actuellement actifs sont ceux de Bordeaux, Brest, Lyon, Nantes, Saint-Etienne, Créteil et Avicenne.